Un collectif d’immigrés lance la journée « sans nous »

Convaincu que "les immigrés font tourner la France", un nouveau collectif entend le prouver. Exaspérés par le climat "douteux et malsain" qui entoure, selon eux, les questions d'immigration en France, les fondateurs de "Journée sans immigrés, 24 heures sans nous " appellent les immigrés et leurs enfants ainsi que "tous les citoyens conscients de l'apport de l'immigration", à participer le 1er mars à une journée symbolique de "boycott économique".

Ceux qui ont un emploi sont invités à ne pas travailler, les autres incités à ne pas consommer. "Ça peut bloquer le pays", pronostique l’un des porte-parole du collectif, Nadir Dendoune, qui cite l’exemple d’une femme de ménage "prête à perdre une journée de son faible salaire "pour défendre sa dignité"".

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En gestation depuis plusieurs mois, cette initiative "citoyenne" s’inspire d’une démarche de membres de la communauté latino qui, en 2006, aux Etats-Unis, entendaient dénoncer la loi criminalisant l’immigration clandestine. "Les propos de Brice Hortefeux (en septembre, le ministre de l’intérieur avait tenu des propos jugés racistes) ont été la goutte d’eau, mais on constate depuis quelque temps une parole qui se libère du côté des politiques", estime M. Dendoune. Le débat sur l’identité nationale ouvert par le ministre de l’immigration, Eric Besson, a ajouté au malaise. "Accoler les termes identité nationale et immigration, c’est les mettre en opposition de manière très malsaine", a déclaré Peggy Derder, vice-présidente du collectif, mardi 24 novembre. "Il n’existe aucune définition de l’identité nationale qui fasse sens. Personne ne peut en proposer une et encore moins en imposer une."

Le collectif ne revendique rien, mais souhaite changer le regard de la société sur les immigrés en rappelant que "l’immigration est une chance". "Une stigmatisation systématique des immigrés porte atteinte à nos valeurs républicaines", a jugé Nadia Lamarkbi, présidente du collectif.

"Le mot immigré est quasiment devenu une insulte, regrette de son côté M. Dendoune, or il suffit de prendre le premier métro pour voir quelle est la France qui se lève tôt. Le Français de base voit bien que la France a changé ; seules les élites restent coincées sur une France blanche et catholique."

Les membres du collectif veulent faire connaître leur initiative "sur les marchés et à la sortie des usines" et souhaitent tisser des liens avec les syndicats. Une dizaine de comités se sont déjà créés à travers toute la France.
Stéphanie Le Bars (le monde)

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