Attentat déjoué : le terroriste nigérian a pu agir en solitaire

Washington joue la prudence. Les Etats-Unis se gardent bien d'établir, à ce stade de l'enquête, tout lien entre Al-Qaïda, la nébuleuse encore qualifiée de menace «vitale» par Barack Obama le 1er décembre, et Umar Farouk Abdulmutallab.

Ce Nigérian de 23 ans a été inculpé samedi par la justice fédérale américaine du double chef de tentative de «destruction d'un avion de ligne et d'introduction d'un explosif à bord de l'appareil» après sa tentative d'attentat contre le vol 253 Amsterdam-Detroit.

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Pour la ministre de la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, interrogée par CNN, «rien n'indique» que cette tentative fasse partie d'un complot «plus large, mais l'enquête continue», laissant entendre qu'il aurait pu agir en solitaire. Des informations faisaient état samedi du fait que le terroriste s'était revendiqué d'Al-Qaïda auprès du FBI.

Toujours est-il que les forces de sécurité américaines sont sur la défensive : la nervosité a été telle qu'un passager qui donnait de la voix sur le vol  253 Amsterdam-Detroit de ce dimanche a provoqué la panique à bord. Un incident d'ores et déjà clos pour le FBI.

Il ne figurait pas sur les listes noires des services secrets américains

Depuis son arrestation à la mi-journée vendredi, à l'atterrissage de l'Airbus de la Northwest Airlines sur le sol américain, Umar Farouk Abdulmutallab, qui avait été hospitalisé en raison de brûlures dues à sa tentative d'attentat, est interrogé par le FBI. Selon des journalistes autorisés à assister à son audience avec le juge samedi, il était menotté à un fauteuil roulant et portait des bandages aux poignets et sur les mains. Il a déclaré ne pas avoir les moyens de se payer un avocat et s'en est vu commettre un d'office.

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Même si Umar Farouk Abdulmutallab aurait affirmé avoir été entraîné par des membres d'Al-Qaïda au Yémen, où sa famille dit qu'il s'est rendu cet été, il n'était ni interdit de vol au dessus des Etats-Unis, ni même considéré comme devant être particulièrement contrôlé dans les aéroports, par les services secrets américains. Il figurait simplement sur une liste fourre-tout de 550 000 à 570 000 noms. La raison? Son père, un ancien ministre du Nigéria et riche banquier, avait tenu à signaler la radicalisation de son fils, au mois de novembre.

Difficile d'écarter totalement Al-Qaïda

L'hypothèse de la main la nébuleuse terroriste Al-Qaïda derrière l'attentat manqué est en tous cas jugée probable par John McLaughlin, ancien directeur-adjoint de la CIA. «L'homme est allé à Londres, où les gens d'Al-Qaïda recrutent souvent», a-t-il expliqué à la chaîne de télévision CNN. «Il dit aussi avoir eu affaire aux Yéménites, et le Yémen est un endroit où Al-Qaïda progresse, où ce mouvement est important». D'après le site Mediapart, il se serait établi dans ce pays au printemps. Après son arrestation, il aurait indiqué que c'est là qu'il aurait pris possession de l'explosif, inspiré par des religieux yéménites.

Et ce d'autant que la fin de l'administration Bush ne semble pas avoir particulièrement calmé la nébuleuse. Le numéro deux d'Al-Qaïda, l'Egyptien Ayman Al-Zawahiri, avait qualifié le 14 décembre la politique au Proche-Orient de Barack Obama de «nouvel épisode dans la campagne croisée et sioniste».

Juste un saut rapide par le Nigéria

Un nouvel élément vient compléter l'enquête ce dimanche. La ministre nigériane de l'Information, Dora Akunyili, a fait savoir qu'Umar Farouk Abdulmutallab «vivait en dehors du pays depuis un certain temps. Il s'est introduit au Nigeria le 24 décembre et est reparti le même jour». «Les agences de sécurité nigérianes travaillent maintenant main dans la main avec les agences de sécurité internationales sur cette affaire», a-t-elle assuré.
(le parisien)

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