Félicitations à la démocratie béninoise aux Usa, en France et en Espagne

Yayi dupé par le langage diplomatique 

Le dernier voyage du Chef de l’Etat a permis de révéler à la face du monde une autre faiblesse du président Boni Yayi et de tout l’appareil d’Etat : une grande sensibilité au charme du verbe. Ebloui par les louanges et les flagorneries des déclarations officielles, le pouvoir proclame un succès diplomatique époustouflant et fructueux. Et pourtant, sous ces déclarations d’officine, la réalité est souvent autre et pourrait surprendre Yayi bientôt. Qui ne connaît pas le langage diplomatique dont les leaders européens abreuvent souvent leurs hôtes ? Quel président, même le plus cynique et le plus autocratique, n’a-t-il pas bénéficié d’accueil solennel et pompeux en Europe. Le cas du président Boni Yayi en visite officiel aux Etats-Unis, en France et en Espagne n’est pas nouveau et ne séduit personne. En tout cas, pas les vrais connaisseurs des milieux diplomatiques et des méandres de la françafrique dont on connaît la forte teneur en hypocrisie et en insincérité. Il n’y a donc Yayi et son gouvernement pour croire que les flatteries de Chirac- qui trouve que le Bénin est l’un des plus beaux pays du monde- sont un indice objectif et suffisant pour valider la thèse d’une bonne démocratie béninoise soutenue de tous. Que dire des civilités de Sarkozy et de Zappatero qui aurait accueilli le président béninois comme un grand héros ? Tous ceux qui ont traîné un peu leur bosse dans les antichambres de l’Elysée ou ailleurs dans les milieux présidentiels européens savent bien que les accolades, les conciliabules et les déclarations médiatiques bien séduisantes font partie de la diplomatie. Elles ne sont que des déclarations de façade. Ce qui se dit dans l’indiscrétion, entre les deux présidents est souvent différent. Donc, ce serait trop prétentieux et trop naïf que le pouvoir, assorti des journaux proches à lui, se base sur de telles déclarations pour proclamer le succès de son périple européen et américain. Si ce n’est pas pour le marketing politique, c’est trop gros.
En vérité, tous ces pays savent bien que le régime du changement met actuellement en mal le système démocratique béninois. Cette descente aux enfers du modèle démocratique béninois a constaté et dénoncé par l’ancien président Nicéphore Soglo qui a affirmé, à la sortie d’une audience que lui a accordée le président Boni Yayi, que « nous sommes devenus persona non grata en Afrique » en ce qui concerne la démocratie et la lutte pour la paix. Les pouvoirs européens se fient aux déclarations de personnalités politiques de telle envergure. Leurs ambassades, chancelleries et autres représentations diplomatiques en Afrique recueillent pour eux les informations de première main livrées souvent par la presse nationale et qui leur servent de repères pour conduire leur politique africaine. Tout au moins, ils savent qu’au Bénin les élections communales ont été contestées par les partisans du pouvoir et que depuis plus d’un an le contentieux électoral n’est pas encore totalement vidé jusqu’à ce jour. Ils savent qu’il y a une caporalisation des médias de service public et une volonté du président de la république de contrôler toutes les institutions de la république. Ils ont vent des 80 milliards d’Op (ordre de paiement) depuis 2006.Ils connaissent le dossier Sen-Sad comme un dossier de la mauvaise gouvernance économique qui caractérise la gestion de Boni Yayi. Tout le reste n’est que vérité de palissade d’officiels en quête mutuellement de services ou de moyens de la part de leur interlocuteur.

Après plus de trois ans de pouvoir, Boni Yayi continue-t-il d’ignorer ces genres de chose ? Difficile à croire surtout que l’on apprend de sources proches du Fmi que le président béninois a été sermonné et menacé de représailles pour avoir fait des choix économiques bancals. Idem à l’Elysée où Sarkozy n’aurait pas eu des mots doux à son endroit pour ses frasques politiques. Le mensonge est vite accepté s’il vient de loin, pourra-t-on dire.

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Marcel Zoumènou

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