Menaces de paralysie générale de l’administration
Plusieurs ministères sont paralysés depuis des semaines. Le gouvernement s’en préoccupe peu et fait comme si de rien n’était, alors que la situation s’empire. Lundi et vendredi. Voilà les deux jours ouvrables dans l’administration publique béninoise. Des ministères et leurs directions décentralisées sont paralysés depuis des semaines. Au commerce, à l’Industrie, à l’Artisanat, aux Recherches pétrolières, aux Finances et consorts, les travailleurs sont en grève de protestation contre la suppression de leurs primes de motivation, suite aux recommandations du Fonds monétaire international (Fmi) et la Banque mondiale. Ils indiquent que c’est un droit acquis que l’on ne saurait mettre entre parenthèses sous aucun prétexte. Coincé par les partenaires au développement, le gouvernement du président Boni Yayi estime qu’il lui sera difficile de revenir sur sa décision.
Qu’est-ce qu’il faut faire pour corriger le tir ? Apparemment, le régime en place ne semble pas trouver la solution à cette interrogation. Ayant certainement pris le problème des mouvements de grève comme une fatalité, les autorités n’ont plus la tête aux revendications des syndicalistes. C’est comme si l’on était dans la logique de l’adage : « Le chien aboie, la caravane passe ». Dans les ministères et leurs directions décentralisées, le dialogue est rompu. Foulant au pied les exigences des syndicalistes, les ministres ont abandonné leur mission républicaine au profit des considérations politiciennes. Or, ils devraient s’occuper du nécessaire, avant de penser à la politique politicienne. « On ne court pas derrière les petits rongeurs de buisson quand ses compagnons d’âge poursuivent le gros gibier », a dit l’écrivain nigérian, Chinua Achébé, dans son ouvrage ‘’La Flèche de Dieu’’. Dans l’administration, les ministres sont devenus de l’or que l’on cherche pour signer tel ou tel document. La semaine écoulée, ils étaient pour la plupart, dans leur région, sur le terrain pour mener une campagne dite de sensibilisation sur la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) qui ne relève même pas de leur compétence. De même, quelques jours auparavant, ils étaient en tournée dans le cadre d’inaugurations des salles de classe.
Ce qui fait qu’aujourd’hui, on assiste à une certaine instrumentalisation des autorités ministérielles. Dans ces conditions, comment peut-on avoir des résultats édifiants ? Pour preuve, on note une contre-performance aux plans économique, social et administratif. Dans les ministères aujourd’hui, c’est le laisser-aller total dans la mesure où le chef d’orchestre (ministre) qui devrait être présent au service est en balade politique sur le terrain.
Jules Yaovi Maoussi
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