Le Geste auguste des semeurs

Un ami et collègue m’a demandé un jour quel charme le Président Nicéphore SOGLO a-t-il pu opérer sur les Béninois pour que dans l’ensemble ils continuent à l’aimer, même si certains ont fini par abandonner la Renaissance du Bénin, le parti dont il est le président d’honneur ? Ma réponse fut immédiate : cet homme a su nous faire rêver. Aussi bien, il est difficile à celui qui a été un ami ou un collaborateur de Nicéphore Dieudonné SOGLO de mettre fin à tout commerce ave lui. Invoquons certes une différence notable dans la gouvernance des affaires publiques du premier Président de la République de l’ère du Renouveau démocratique ; ce qui malheureusement n’a pas suffi à contrebalancer son défaut le plus rédhibitoire : le dédain pour les combinaisons politiques. Exactement le contraire des autres locataires du Palais de la Marina, surtout l’actuel dont le charme du début ne masque plus la détermination de ne pas se faire « avoir » en 2011 ; comme le Président Nicéphore Dieudonné SOGLO en 1996 ! En effet, on glosera longtemps sur cette anomalie d’un homme d’Etat, africain de surcroît, qui fut incapable de rempiler, victime des entourloupes assassines de ces adversaires. Mais la grandeur du héros se trouve précisément dans ses paradoxes. En l’occurrence, NDS aurait pu s’écrier comme Curiace, l’un des héros d’une célèbre pièce de Pierre Corneille :

« Je rends grâce aux dieux de ne pas être Romain
 afin de conserver quelque chose d’humain. »

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Nous parlons de grandeur. Aussi les foutriquets doivent-ils quitter la scène et aller se cacher. Chers concitoyens, élevons nos coeurs pendant ce temps de l’Avant chrétien. Oui ! Sursum corda ! Vous comprendrez alors qu’il n’y a aucun gain politique à cette demande de pardon de Maître Adrien HOUNGBEDJI au Président SOGLO. La Renaissance du Bénin dont NDS est le Président d’honneur (et on connaît son exigence du respect scrupuleux des textes), est membre fondateur de l’alliance l’Union fait la Nation. L’un des articles de son manifeste stipule la désignation en son sein d’un candidat unique. Il est permis de rêver et d’être ambitieux, mais pour tous les observateurs sérieux, ce candidat unique pour 2011, est sans conteste Maître Adrien HOUNGBEDJI. Lors donc que le Président SOGLO n’est même pas le représentant de la RB au sein de l’Union fait la Nation, quelle serait l’efficacité électorale escomptée en lui demandant pardon ? Voyons donc ! Ce n’est pas pour la désignation comme candidat unique de l’UN, c’est pour séduire l’électorat fon, pardi !  Quelle est la part de l’électorat fon que NDS conserve fidèlement à l’heure actuelle et à qui il peut donner avec succès des consignes de vote ? D’ailleurs est-il le genre à donner ce genre de consigne, seul sans s’intégrer dans une dynamique collective, comme en 2006?  Or, lors de la dernière élection présidentielle, qui vous dit qu’au fond de lui-même Nicéphore SOGLO qui a réussi à donner le nom Wologuèdè à l’alliance RB-PSD-MADEP, n’avait pas plutôt envie de faire voter la dite alliance en faveur de Maître HOUNGBEDJI ? J’étais alors très proche de lui et j’avais bien senti à un moment donné que son cœur a commencé à battre pour Maître Adrien HOUNGBEDJI plutôt que pour le Docteur Thomas Boni YAYI qui avec ses 36% des voix, pensait avec les siens se suffire totalement. Le président du PRD n’est pas un novice en politique. Il sait si demande de pardon opportuniste il devrait faire, que ce n’est pas à Nicéphore SOGLO avec qui il avait enterré la hache de guerre depuis 1998 et à l’égard de qui il avait fait montre d’une loyauté louable en 2001, mais auprès de tous ceux dont il a scellé le destin, de tous les Béninois qu’il a surpris ou déçus, pour son incroyable ralliement aux partisans du Général Mathieu KEREKOU en 1996. C’étaient ceux-là qui vitupéraient en 2006 et qui menaçaient de ne pas suivre NDS si jamais il donnait comme consigne de voter pour le leader du PRD.

Il faut donc trouver le sens de cette demande de pardon ailleurs que dans les calculs mesquins d’un crétin politique. Ce que n’a jamais été d’ailleurs le leader des « Tchocotchoco ». C’est donc un geste d’une grande portée historique, digne de deux grands hommes d’Etat, et non les pitreries d’amateurs politiques prêts à faire feu de tout bois !   Chers concitoyens, apprenons à saisir le sens du beau et du grand. Ne laissons pas notre ventre et bas-ventre nous dicter des élucubrations de nains. Soyons dignes. Le destin du Bénin, notre patrie commune, est en jeu.

(A suivre)      
Par Dénis AMOUSSOU-YEYE, professeur à l’UAC

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