Les récriminations de Gnimagnon contre le régime de Yayi dans une lettre ouverte

« Le peuple sait que vous le trompez sur le dossier de la CEN-SAD »

« Vous piétinez allègrement toutes les lois de la République »
« Vous faites le lit au régionalisme et à l’ethnocentrisme »

Le président du parti Nouvel élan pour la patrie (Nep-Mixalodo), Paul Gnimagnon se rappelle à la mémoire du président de la République, Boni Yayi à travers la présente lettre ouverte. Dans les lignes qui suivent, l’auteur y mentionne sa peine, celle de voir le locataire de la Marina jouer mal la partition à lui confier par la Nation et en même temps son réconfort, celui que lui, il joue pour ne pas être comptable par le silence.  Il peint ensuite un tableau de la gestion du chef de l’Etat, où s’agencent  velléités  dictatoriales, propension régionaliste  et démission face à la corruption et bien d’autres maux qui gangrènent lé régime actuel. Il n’a cependant pas oublié de prodiguer quelques conseils à Boni Yayi dont celui de ne pas chercher à briguer un second mandat.

Paul GNIMAGNON                          Cotonou, le  24 novembre 2009
Inspecteur des Douanes
Président du Parti Nouvel Elan pour
la Patrie -Mixalodo
02 BP : 483 Cotonou
                                         Lettre  Ouverte
                                         A                  
                  Son Excellence, Monsieur Thomas Boni YAYI,
                                         Président de la République,
                                         Chef de l’Etat,
                                         Chef du Gouvernement.

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Excellence Monsieur le Président,
 Je me trouve à la fois peiné  et réconforté de m’adresser à vous, peiné de constater  que vous jouez mal la partition qui est la vôtre dans l’œuvre patriotique commune qui  incombe à nous tous béninoises et béninois, réconforté de m’acquitter d’un devoir civique  pour ne pas être comptable devant l’histoire du désastre dans lequel vous enfoncez notre pays le Bénin.
En guise d’information et d’avertissement, il me plaît de soumettre à votre méditation les deux citations suivantes de Jean Jacques ROUSSEAU.
«  Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir ».
  « Quand les intérêts particuliers commencent à se faire sentir et les petites sociétés à  influer sur la grande, l’intérêt commun s’altère et trouve des opposants, l’unanimité ne règne plus dans les voix, la volonté générale n’est plus la volonté de tous,  il s’élève des contradictions, des débats, et le meilleur avis ne passe point sans dispute…..s’ensuit-il de là que la volonté générale soit anéantie ou corrompue ? Non, elle est toujours constante, inaltérable et pure ».
 J’ai commencé par ces citations de Jean Jacques ROUSSEAU, l’un des pères fondateurs de la philosophie politique, pour indiquer qu’en politique il faut avoir des repères éthiques et moraux, ce que  MONTESQUIEU, un autre père de la pensée politique dans son ouvrage célèbre « l’esprit des lois », appellerait la vertu politique.           
 En mars 2006, le peuple béninois n’avait pas fait l’unanimité autour de vous. Loin s’en  faut ; personnellement, c’était la mort dans l’âme que je reçus l’appel de l’alliance ADD dans laquelle je me retrouvais à voter pour votre personne. En effet, je  sais que les intellectuels carriéristes,  ceux-là qui ne viennent en politique qu’opportunément  c’est-à-dire à la faveur de certaines conjonctures ne sont rien d’autres que des opportunistes ou ne deviennent que des opportunistes sans boussole ou avec la boussole-argent. Ils sont des hommes  sans conviction citoyenne et patriotique et pour eux,   la politique n’est qu’un moyen d’accomplissement  personnel. Vous en êtes l’illustration.
Cela dit, votre élection à la tête de notre pays avec un suffrage aussi écrasant, 74,32%, en même temps qu’elle exprimait un désaveu des candidats en lice s’analysait comme un contrat social à travers lequel le peuple vous confiait une lourde et exaltante mission que je me permets de résumer en quatre points essentiels.
– La consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit.
– La construction de la paix et de l’unité nationale.
– La lutte contre la corruption et l’impunité.
– La relance économique pour le bien-être social.
 Je me dois de vous dire que si j’étais à votre place, quelles que puissent être mes tares, je m’efforcerais, contre vents et marrées, de mériter cette confiance et de conduire à terme ce pacte social. Dans votre cas, vous ne vous êtes jamais donné ce défi et pour causes :
Sur le plan de la démocratie et de l’Etat de droit, le recul constaté par le peuple béninois en 3 ans et demi de gouvernance est si grave et fait penser sans équivoque que si vous aviez été au pouvoir dans les années 70 vous auriez été un tyran de l’ère que l’on sait; à l’allure où vont les choses vous n’en êtes pas d’ailleurs loin.
En effet, selon le petit LAROUSSE le mot démocratie se compose de deux mots latins : « demos »   qui signifie peuple et « cratos» qui veut dire pouvoir et signifie donc pouvoir du peuple par le peuple  et pour le peuple ; je voudrais vous inviter respectueusement non seulement à en percevoir le sens mais aussi et surtout à méditer et à vivre du plus profond de votre foi ‘’chrétienne’’ le sens et l’essence de ce mot qui pour vous ne signifie rien.
Les élections municipales et communales que vous avez organisées démentent à la face de l’opinion publique nationale ces définitions car tout  est mis en œuvre pour reprendre les élections en vue d’imposer par la fraude, donc par la corruption que vous prétendez combattre ceux que le peuple n’a pas élus ; tel aurait été le cas dans les localités comme : Idigny, Lalo, Covè, Sèto, Adanhondjigon,  Matéri, Avrankou et j’en passe, ou même une occasion de jeter en prison des citoyens gênants sur la base d’arguments fallacieux servant de prétextes, tel a été le cas de Monsieur Clément GNONLONFOUN Maire de la commune de Dangbo.
Vous êtes si allergique à la démocratie et aux libertés publiques que la séparation des pouvoirs dont vous n’avez jamais voulu l’effectivité, a donné lieu à des rapports conflictuels permanents entre institutions de sorte que l’Etat démocratique a perdu de son essence.
Il est évident que ce faisant vous ne faites qu’allumer des foyers de tensions qui menacent gravement la paix et l’unité nationale. Vous convenez avec moi, à moins de tricher avec votre conscience, que le séminaire organisé sur la paix n’est alors qu’un subterfuge.
Aujourd’hui vous piétinez allègrement toutes les lois de la République ; la loi n°90-032 du 11 décembre 1990 portant constitution de la République du Bénin, la loi n° 2001-36 du 14 /10/02 portant statut de l’opposition, la loi n°2001-21 du 21 février 2003 portant charte des partis politiques. Les exemples suivants l’illustrent bien :

1- A la suite de la conférence de presse organisée par mon parti le 04 juillet 2009, vous avez intimé l’ordre à votre Ministre de l’Economie et des Finances   de m’affecter du poste du chef de Brigade de  Cotonou  Aéroport que j’occupais au secrétariat Général de son Ministère.

2- Par arrêté préfectoral 2009 n°2/150/DEP-ALT-LITT/SG/STCCD/D3 du 17/07/09, le Préfet Jules Honorat HESSOU a interdit toutes manifestations publiques relatives au dossier CEN/SAD.

3- Dans la même logique, la marche pacifique des femmes militantes et sympathisantes de mon parti a été interdite le samedi 18 juillet 2009 malgré l’accomplissement  des formalités réglementaires en la matière.

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4- Des informations font état de la tenue de réunions secrètes commanditées par vous et auraient eu comme préoccupation centrale de mettre hors d’état de nuire l’opposant déclaré que je suis. Je voudrais vous informer au passage que de simples citoyennes et citoyens ne cessent de me dire  «  fais attention, YAYI Boni est capable de tout, il est même capable du pire ». Lorsque des enfants en arrivent à dire cela du père de famille, lorsque vos compatriotes en arrivent à penser cela de vous, on est en droit de dire que c’est tout simplement malheureux et dangereux  pour notre pays. 

5- De sources concordantes,  vous auriez demandé de faire des investigations à la Recette des Douanes  de Cotonou-Port sur la période allant de 2005 à 2007 aux fins de me coller une affaire pour me mettre en prison. Je voudrais vous dire que c’est peine perdue car, comme certains de mes collègues,   je ne suis pas un douanier vulgaire ; j’ai de la tenue, de la retenue et  le sens de la probité. Si vous connaissiez Dieu et si vous aviez été informé de l’histoire de Paul vous auriez su que vous perdez votre temps en complotant contre moi.

6- Enfin, votre Ministre marionnette n’a trouvé qu’à m’affecter dans l’Atacora-Donga à moins de deux ans de ma retraite au mépris des pratiques et usages de la corporation. Qu’est-ce qui aurait justifié au sein de l’administration publique cette affectation politique si ce n’est dans le dessein machiavélique de m’anéantir politiquement et de me liquider physiquement comme ce fut le cas de HESSOU Pamphile et du juge COOVI. C’est ainsi que les nécessités politiques du machiavel béninois que vous êtes  ont supplanté la notion administrative de nécessité de service. Pour moi, dans le  combat citoyen que je mène, aucun sacrifice n’est de trop et le peuple béninois sait aujourd’hui que vous n’auriez été que l’instigateur et le principal auteur d’un assassinat éventuel et d’une machination quelconque qui s’abattraient sur mes   proches, ma famille  et moi-même.    

    Vous ne ratez aujourd’hui aucune occasion pour frapper toute velléité de contestation.  Des sources proches de vous  racontent aujourd’hui que vous convoquez à la Présidence de la  République des personnes que vous insultez, que vous intimidez et que vous menacez même de tuer.  Le peuple béninois sait et les honnêtes citoyens  dénoncent aujourd’hui cette  répression  qui consiste à mettre le service des impôts aux trousses des opérateurs économiques  qui ne s’accordent pas avec votre méthode de gouvernance, l’Inspection Générale d’Etat  aux trousses des syndicalistes. De façon ironique on entend dire que les pasteurs évangélistes, protestants, célestes et les vodounnons  à qui vous donnez de l’argent dans la perspective des élections  de 2011 n’ont qu’à se préparer  pour des contrôles inopinés de l’Inspection Générale d’Etat. Cela fait honte et illustre sans équivoque que le Bénin est malade de ses cadres politiques et intellectuels cupides. 

            Depuis la dernière grève des agents des douanes et la déclaration d’appartenance de mon parti à l’opposition vous vous apprêtez contre vents et marrées à modifier le statut desdits agents pour les réintégrer dans les Forces Armées Béninoises. Je voudrais porter à votre connaissance  ce qui suit :

           En application des dispositions de l’article 02 de la loi n° 90-016 du 18 juin 1990 portant création des Forces Armées Béninoises, l’administration des Douanes n’est pas une composante des Forces Armées Béninoises ; elle est régie par la Loi n° 86-013 du 26 février 1986 portant Statut Général des Agents Permanents de l’Etat. Elle n’a ni une mission de défense, ni une mission de sécurité publique. Elle a une mission fiscale, une mission économique et une mission de protection.
            Sur le plan de l’unité nationale je me dois de vous enseigner et dans l’intérêt de tous qu’on ne regrette pas ce que l’histoire a fait et qu’on ne se venge pas de l’histoire. Et que lorsque l’on accède à une position aussi sacrée que celle qui est la vôtre aujourd’hui, on s’oublie et on ne pense que l’intérêt national. Dans votre cas, je suis au regret de constater que c’est tout à fait le contraire.
           Les honnêtes gens, ceux que vous n’avez pu tenir par le ventre en raison de leur intégrité morale s’inquiètent du sentiment ethnocentrique que vous nourrissez et mettez en avant dans la gestion des affaires d’Etat, de votre réponse laconique à la représentation nationale sur la déclaration du Ministre FAGNON, des manœuvres de corruption politique aux fins de diviser les partis politiques et les députés, des nominations régionalistes au sein des institutions de la République.
            Je veux savoir parce que j’en ai le droit en tant que citoyen, le peuple a besoin de savoir pourquoi sur soixante dix sept (77) communes que compte le Bénin, les Hauts responsables de l’armée ne sont nommés pour la plupart que dans le rang des cadres militaires ressortissants d’une seule commune ?
    Le peuple béninois a besoin de savoir pourquoi  les affectations à la douane se font  toujours à la Présidence de la République,  ce qui donne  l’occasion à certains conseillers et chargés de mission de vendre des postes ?
           Le peuple béninois a besoin de savoir pourquoi depuis votre arrivée au pouvoir,  le chef de service du dépôt des douanes est toujours issu d’une seule et même région ? Il est donc notoire qu’aujourd’hui vous faites le lit au régionalisme et à l’ethnocentrisme dans toutes vos démarches.
     Sur le plan de la lutte contre la corruption, il est raconté publiquement que vous ne nommez dans votre gouvernement et à la tête des structures et sociétés importantes que les gens qui connaissent le  ‘’code’’  de l’enrichissement immédiat et sans cause, qui savent amener les mallettes d’argent à la présidence de la République, dans votre QG ou chez ce Ministre originaire du Nord que vous avez choisi pour centraliser les fonds détournés.
    Le peuple est  informé de l’insatisfaction de la dernière mission du Fond Monétaire International et de la Banque Mondiale par rapport à la gestion du banquier de son Etat et  de l’économiste de renom et souhaiterait être éclairé.
         Le peuple sait que vous le trompez sur le dossier de la CEN-SAD car les gens disent que des sociétés fictives auraient été créées par vous et vos proches pour vous faire attribuer des marchés de gré à gré et qu’aucun ministre n’avait le droit de faire la moindre objection.
        Dans l’affaire qui a éclaté au service du dépôt des douanes en février 2009 et dans laquelle votre frère BAWA Adam se retrouve en prison, c’est encore vous qui êtes  indexé ; le rapport  d’enquête aurait omis des noms de ceux-là qui sont proches de vous, de votre famille et de votre entourage immédiat.  
         Le peuple qui vous a élu, qui est souverain et à qui  vous devez rendre compte attend des explications sur les multiples et ténébreuses affaires de la République que je me garde de citer  car, vous les connaissez  mieux que quiconque.
        Il y a tellement à dire sur votre gouvernance et je voudrais m’en arrêter là pour l’instant pour ne par écrire tout  un livre. Sachez tout simplement qu’en dehors de la poignée de biches et de moutons bêlants qui ne peuvent se fâcher contre la rivière,  les béninoises et béninois dans leur majorité ne sont pas fiers de vous. Je serais à votre place que je ne chercherais pas un deuxième mandat.

Recevez mes salutations patriotiques.

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