Persistance des grèves dans l’enseignement supérieur

La preuve que le gouvernement méprise les universitaires

Quatre jours sur cinq, les professeurs d’université sont en grève. Cette situation qui découle de la non satisfaction d’un certain nombre de leurs revendications, semble laisser le gouvernement de marbre.  Ce qui s’interprète  du côté des universitaires comme un mépris à leur égard. L’enseignement supérieur est paralysé. Seule une journée de cours est dispensée aux étudiants depuis quelques semaines. Les quatre premiers jours de la semaine, du lundi au jeudi, c’est le débrayage total. Les raisons de cette situation résident dans la non satisfaction d’un chapelet de revendications soumis  au gouvernement par les professeurs d’université. Des revendications que le gouvernement du Dr Boni Yayi semble avoir relégué aux calendes grecques. C’est donc pour l’amener à se pencher une fois pour toutes sur la question que les syndicats  du supérieur ont fait recours aux grands moyens. Au nombre de revendications, il y a le déguerpissement immédiat des forces de l’ordre des campus, le paiement intégral des frais d’examen, des heures supplémentaires et de vacation ainsi que leur augmentation. Bien d’autres complètent la liste. Mais le important sur lequel les universitaires sont demeurés intraitables, est la prise d’un nouveau décret portant statut particulier des enseignants du supérieur avec modalités de prise d’effets administratifs et financiers immédiats. Joint au téléphone, M. Marcellin Amousou-Guénou, Sg du Synuhb, estime que c’est le principal point d’achoppement des négociations avec le gouvernement. Même s’il reconnaît un début de satisfaction par rapport à certaines revendications, il affirme que les professeurs sont décidés à  aller jusqu’au bout pour obtenir gain de cause.
Pendant ce temps, l’année académique qui est ouverte depuis octobre dernier s’égrène. Les étudiants qui, eux aussi sont en colère par rapport à l’inscription en ligne, restent désoeuvrés. Lentement mais inexorablement, la communauté universitaire s’achemine vers une année blanche. Un spectre qui devrait commencer par inquiéter le gouvernement. Mais, sa lenteur à donner satisfaction aux exigences des professeurs et sa culture du dilatoire amènent les uns et les autres à douter de sa bonne foi. Mieux, c’est à croire, comme le pensent certains universitaires, que le gouvernement actuel qui a pourtant des  collègues à eux en son sein, a une certaine aversion pour eux. Si non comment comprendre que le gouvernement soit réticent à prendre un décret qui devrait leur restituer leur vrai statut. Ils ne comprennent pas que depuis plusieurs mois déjà voire année que  le gouvernement leur tiennent le même langage et qu’il ne passe jamais aux actes. Les professeurs du supérieur ne comprennent pas qu’on leur réserve un pareil sort alors que dans d’autres pays moins avancé que le nôtre, leurs homologues sont traités avec beaucoup d’égards.

Les universitaires sont écoutés et jamais un gouvernement ne souhaite les voir aller en grève. Car, ils constituent l’élite. A ce titre, ils sont respectés. Paradoxalement, c’est le contraire qui prend corps au Bénin. Pour un pays qui se réclame « quartier latin de l’Afrique », il faut reconnaître que c’est une bien curieuse manière de promouvoir l’excellence en se refusant de créer les conditions adéquates à leur épanouissement et à l’exercice de leur sacerdoce. Ces derniers seraient d’ailleurs en train de penser à déclencher une grève illimitée dans les jours à venir.

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Benoît Mètonou

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