Tout sur le parcours du disparu
L’ancien ministre de l’intérieur Richard Adjaho est décédé vendredi dernier au Cnhu de Cotonou à l’âge de 60 ans. Une nouvelle qui a semé torpeur, tristesse et pleurs dans le cœur de ses proches ainsi qu’au sein du monde politique. Tel un coup de tonnerre, la nouvelle de la mort de Richard Adjaho qui est survenue à la mi-journée du vendredi passé, a sonné tous ceux qui le connaissaient. Puisque nul ne le savait malade. Selon des sources proches de la famille de l’illustre disparu, il avait été admis au Centre national hospitalier universitaire (Cnhu) de Cotonou à la suite d’un accident cardio-vasculaire mardi dernier. Son évacuation sanitaire était d’ailleurs prévue. Mais il devrait subir d’abord une intervention chirurgicale cérébrale afin de pouvoir supporter le choc lié au trajet. C’est cette opération qu’il n’aurait pu supporter et a rendu l’âme. Au sein de sa famille et de ses proches, la désolation est grande et la tristesse immense. Certains demeurent jusque-là incrédules attendent qu’il soit conduit à sa dernière demeure avant de se laisser convaincre. Pendant que d’autres sont inconsolables.
Mais qui était cet homme dont la mort sème tant d’émoi dans le cœur des Béninois ?
Richard Adjaho est né en 1949. Il est nanti d’un diplôme de 3ème cycle de sciences économiques de Paris-Sorbonnes et du diplôme de second cycle de l’Institut International d’administration publique (Iiap). Il fut également auditeur à la Cour des comptes de Paris. Il a connu un parcours professionnel et politique que beaucoup d’humains lui envieraient. Inspecteur général des finances, il a occupé très tôt des postes de responsabilité dans l’administration publique. De 1978 à 1984, il a été directeur des études et de la planification au ministère des finances, directeur général au ministère du commerce et du tourisme de 1984 à 1990. Richard Adjaho a été aussi administrateur de la Boad et de la société des ciments de Onigbolo de 1978 à 1984, président du Conseil d’administration de la Bbd de 1982 à 1984, président du Conseil d’administration de la Sonacop de 1984 à 1990. A l’avènement du renouveau démocratique, il a été pendant la transition, ministre du commerce avant d’avoir en charge le portefeuille de l’intérieur de 1991 à 1993. Ensuite, il occuipera le prestigieux poste d’ambassadeur du Bénin près la France pendant deux ans. Celui qui est considéré comme le père de la Décentralisation au Bénin, était annoncé au sein de la Renaissance du Bénin (Rb) parti au sein duquel il militait, pour occuper le poste du maire de la ville de Cotonou lors de la première mandature. Mais il n’occupera que le poste de deuxième adjoint. En froid avec la Rb, il se portera candidat à l’élection présidentielle de mars 2006. Mais, les fruits n’auront pas tenu la promesse des fleurs. Depuis l’avènement du régime du Dr Boni Yayi, son expertise est constamment sollicitée. Ainsi, l’a-t-on vu présider plusieurs commissions dont celles sur le nouveau découpage territorial. Les propositions que lui et ses collègues ont faites dans ce cadre ne sont même pas encore mises en application avant qu’il ne tire sa révérence. Avec la disparition de Richard Adjaho, c’est également le Conseil d’administration de l’Institut africain de décentralisation (Idec) qui perd son président. C’est aussi le chargé de Cours à l’Eneam et à l’Enam qui s’en est allé. Quand on parle de Richard Adjaho, c’est également l’encre d’une plume au service du développement qui a coulé. L’homme a eu le soin de publier des ouvrages afin d’éclairer, de lancer des réflexions ou de suggérer la voie à suivre pour le développement de la Nation. Au nombre de ces ouvrages, on peut citer La faillite du contrôle des finances publiques au Bénin, paru en 1990 ; la décentralisation au Bénin, en Afrique et ailleurs dans le monde, paru en 2002 ;
La question de la tutelle de l’Etat sur les collectivités locales publié en 2004. Bonne gouvernance au Bénin et Décentralisation (La question de la tutelle de l’Etat sur les collectivités locales) complètent la liste. Au regard de ce parcours, on peut donc imaginer la grandeur de la perte. Le personnel et la direction de votre Journal, La Nouvelle Tribune dont il était l’un des lecteurs inconditionnels, présentent à la famille éplorée leurs condoléances les plus attristées et souhaitent que la terre lui soit légère au disparu.
Benoît Mètonou
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