Tournée de sensibilisation des ministres sur la Lépi

Le gouvernement provoque l’opposition et la société civile

(Il passe outre leurs recommandations sur la Lépi)
En pleine période de contestation des failles dans le processus de réalisation de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi), des ministres ont engagé une tournée dite de sensibilisation des populations sur cet outil électoral. Tout se passe comme s’il y avait  un coup en préparation contre la transparence des élections en 2011 par le régime en place. Des ministres ont abandonné leur bureau pour aller sensibiliser les populations sur l’utilité de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Depuis lundi dernier, ils parcourent les hameaux comme des évangélistes et affirment en public qu’ils recherchent la transparence des élections de 2011. Or, ceci ressemble fort bien à une simple balade de santé à plusieurs facettes. Pourquoi ? Normalement, toute descente sur le terrain pour une quelconque sensibilisation sur la Lépi devrait intervenir après le consensus recherché autour de la question. L’Union fait la nation, la Société civile, la communauté internationale et une bonne partie du peuple voient à travers les actions de la Commission politique de supervision (Cps/Lépi), dirigée par le député Epiphane Quenum, des manœuvres politiciennes pour porter atteinte à l’objectif principal de cette Lépi. Pour plus d’un, le gouvernement du président Boni Yayi serait en train de manipuler la Cps, afin d’avoir un instrument électoral taillé sur mesure. Tout se passe comme si la Lépi était  la chose exclusive de l’exécutif. C’est pourquoi, le peuple réclame une liste électorale consensuelle. Et, c’est là le hic. En réalité, la Lépi n’est pas que l’affaire du gouvernement. Il ne s’agit pas ici de la gratuité de l’école, ou d’inaugurations des écoles et autres Par conséquent, s’il y a une action à mener, elle devrait entraîner toute la classe politique, la société civile et bien d’autres acteurs. Donc, il fallait d’abord que les forces politiques en compétition se retrouvent pour définir les nouvelles bases d’une  réalisation consensuelle de la Lépi, avant toute action de sensibilisation des populations sur le terrain.

Provocation

L’attitude du gouvernement ressemble à de la provocation, avec, la précipitation des ministres à se rendre auprès des populations alors que les réserves émises par la classe politique ne sont pas encore satisfaites.  La conséquence en est que les acteurs politiques opposés au pouvoir en place, pourraient à leur tour se rendre auprès des populations  pour leur tenir un discours contraire. Les malentendus au sein de la classe politique vont alors se transposer à la base et la Lépi  deviendrait  un élément de crise qui va diviser les Béninois.
On a besoin de réalisme et non de discours pour faire aboutir le processus. Aujourd’hui, les Béninois veulent que des dispositions soient prises pour faire évoluer le processus. Si le gouvernement s’implique directement dans l’organisation des élections en ce moment où il est soupçonné d’être de mèche avec  la Cps dans la manipulation des données électorales, il y a matière à s’inquiéter. Car, ce faisant,  le gouvernement passe outre ainsi  les observations de la classe politique, de la Société civile, la communauté internationale et du peuple.

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Face à cette situation, il va falloir que tous les acteurs impliqués dans l’établissement de cet instrument électoral veillent au grain. La non-transparence des prochaines consultations électorales risque de mettre en péril la paix et la démocratie béninoise. Pour preuve, à la veille des élections générales de 2011, on observe déjà une tension entre les différents camps. Alors, il faut que les règles du jeu soient claires et limpides.

Jules Yaovi Maoussi

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