Les faits qui donnent déjà raison à Wilfried Léandre Houngbédji
Lorsqu’il mettait sur le marché, le 9 décembre 2009, son ouvrage « 2011… ?! Chroniques d’une élection annoncée fatidique », le journaliste-écrivain Wilfried Léandre Houngbédji arborait une posture modeste en annonçant qu’il n’est « ni un prophète, ni un donneur de leçons ». Moins de deux mois après, que de développements déjà de l’actualité politique qui inclinent à lui donner raison, en plusieurs de ses prévisions et analyses. Le cas Adovèlandé, la crise autour de la LEPI, les difficultés des G et F et surtout la récente sortie médiatique de madame Célestine Zanou. Qu’il vous souvienne que le 25 décembre, en plein jour de Noël, le coordonnateur national du MCA-Bénin, M. Simon-Pierre Adovèlandé a été pris et gardé à vue, puis placé, quelques jours après, en détention préventive dans une affaire relative au Groupe Betsaleel Building. Si l’intéressé et ses avocats clament qu’il s’agit d’une affaire purement commerciale qui ne nécessiterait donc pas de mise en détention, la partie plaignante ainsi que les proches du gouvernement en place soutiennent la thèse de l’affaire pénale. Sans préjuger du dénouement de l’affaire, osons imaginer des hypothèses. L’une serait que M. Adovèlandé soit vite jugé et acquitté purement et simplement. Dans ce cas, ses chances d’être candidat à la présidentielle de 2011 resteraient intactes. Mais imaginons le cas où, parce que beaucoup soupçonnent des manœuvres politiciennes autour du dossier, ces considérations conduisent -puisque cela n’est pas à exclure- à sa condamnation. Dans cette hypothèse, il serait exclu de la course. Idem si, sans être jugé jusqu’à l’échéance, il était maintenu en prison, puisque de toutes les façons, même candidat, il ne pourrait pas faire directement campagne. Dans l’hypothèse extrême où il serait condamné et que cette condamnation deviendrait définitive, c’est que le journaliste-écrivain aurait raison d’avoir pensé et affirmé que : « Selon toute vraisemblance, c’est bien avant la présidentielle de 2006 qu’il aurait été révélé à Simon Pierre Adovèlandé, qu’il aurait un destin national. Pour le chroniqueur et l’analyste politique, il n’est pas exclu, en tenant compte des limites de l’interprétation de ceux qui reçoivent ce type de message, que le destin national soit celui qui s’accomplit à la tête du Programme béninois pour le Millennium Challenge Account ». En considérant en effet, cette hypothèse extrême de son exclusion judiciaire du jeu politique, on est bien tenté de donner raison à l’écrivain.
En ce qui concerne la LEPI, le journaliste-écrivain énonçait déjà dans son livre à la page 18 : « … Qu’il ne faudrait pas être surpris si demain, pour une raison ou une autre, le processus n’allait pas à son terme et qu’on devrait finalement recourir aux listes électorales artisanales ? Lesquelles peuvent être sources de virulentes contestations des résultats ? Serait-il exagéré aussi de penser que des démissions pourraient intervenir au niveau de la CPS s’il apparaissait, par exemple, que la LEPI devait se faire au forceps ? ». Or, à quoi assistons-nous aujourd’hui ? Les deux camps (mouvance et opposition) ont des positions divergentes sur le sujet. La mouvance présidentielle s’active à convaincre les populations de la nécessité de réaliser la LEPI pour 2011, faute de quoi, de l’avis de certains proches du chef de l’Etat, il pourrait y avoir « guerre civile ». Au même moment, l’opposition en appelle à une pause pour évaluer la mise en œuvre du processus de sa réalisation. Le pic relatif à ce sujet, c’est la proposition de loi tendant à abroger la loi instituant le RENA et la LEPI qui devrait être étudiée par l’Assemblée nationale dans les prochains jours.
Par ailleurs, Wilfried Léandre Houngbédji, tout en louant la démarche historique des G et F et leur vœu d’en arriver à une candidature unique en leur sein, les avertissait, citant Henry Ford (p. 27), que « Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite ». Comme pour dire qu’entre leur vœu et sa réalisation, il y a de nombreux obstacles qu’il faut travailler, patiemment, à surmonter. Et l’auteur affirmait précisément à la page 31 que « Tout ceci pour dire que si aux yeux des leaders des G et F l’idée d’une candidature unique semble relever de la nécessité, elle est encore loin d’être acquise. Et, d’autres éléments permettent d’apporter un bémol à cette ambition, quoique l’on ne devrait pas douter de leur ardente volonté d’y parvenir ». Pour en conclure, après avoir énuméré quelques obstacles rédhibitoires, que ce serait méritoire de leur part d’y parvenir. En lisant un peu la presse, ces jours derniers, qui relève des atermoiements au niveau de l’intergroupe, on est tenté, une fois encore, de donner raison à l’auteur par rapport à la justesse de ses analyses et prédictions.
Plus encore lorsqu’on considère la dernière sortie médiatique de madame Célestine Zanou. A son propos, l’auteur de « 2011… ?! Chroniques d’une élection annoncée fatidique » postulait : « Hélas ! Avoir le courage de paraître lâche. » (Raymond Poincaré) et « Lorsque la prudence est partout, le courage n’est nulle part. » (Jacques Chirac). A l’appui, Wilfried Léandre Houngbédji développait qu’on l’a vue un moment s’afficher avec les G et F avant de prendre ses distances vis-à-vis d’eux, de même qu’elle critiquait le président Boni Yayi, non sans faire des propositions alternatives. Et, dans une analyse politique poussée, l’auteur affirmait que « …son sens des valeurs et du devoir appelle parfois un sens de renoncement, lequel aurait pu l’amener à faire, à un moment donné, des choix difficilement compréhensibles pour l’opinion, certes, mais sans doute avisés et porteurs d’auréoles politiques pour elle-même et pour la Nation… ». Et Wilfried Léandre Houngbédji de conclure presque comme une exhortation : « Outre le sens des valeurs et du devoir, il faut aussi, il est vrai, une forte dose de courage, nous dirions un sens du courage, pour oser paraître fou ou lâche, pour oser tout simplement. Ce courage est-il disponible ? » Toute chose que l’auteur réaffirmera avec plus de précision lors de son passage sur l’émission de l’excellent Expédit Ologou, « Bonjour citoyen » du mercredi 23 décembre 2009, lorsqu’il dira sa conviction à son sujet, en se plaçant dans la perspective de la politique politicienne, qu’elle avait certainement intérêt à travailler avec Boni Yayi, relativement à l’avenir politique dont elle rêve : un destin national.
Tout est donc là ! Ne faut-il pas lire dans sa dernière démarche, la concrétisation de cette analyse ? Même si cela a suscité des remous (dus au fait que cela est « difficilement compréhensible »), même si elle est brocardée, Célestine Zanou, au cas où elle aurait réalisé que son avenir politique n’est pas avec ses alliés d’hier, n’aura-t-elle pas fait preuve de courage en osant le rapprochement d’avec Yayi ? Encore que, contrairement à ce qui se dit, elle a clairement indiqué qu’il ne faudrait pas forcément l’attendre dans un gouvernement. Tout au plus, à en croire ses déclarations de sortie d’audience, jeudi 21 janvier dernier, faudrait-il s’attendre à ce qu’elle apporte sa contribution dans les comités intellectuels qui travaillent sur le bilan des 50 ans d’indépendance des pays africains, et sur les 20 ans de Renouveau démocratique. Quitte à voir après 2011. Cela aussi peut être du réalisme politique…
En dehors de ces quelques cas, l’auteur a aussi annoncé les conflits larvés au sein de la famille présidentielle, la prudence que devraient observer les opérateurs économiques d’ici à 2011, l’effervescence dans le ciel social, et bien d’autres. Là encore, quand on observe aujourd’hui les remous au sein des FCBE, la tension sociale avec le regain de vitalité des syndicalistes, une seule conclusion s’impose. Wilfried Léandre Houngbédji a fait preuve d’objectivité et de pertinence dans ses analyses. Ce livre est donc à prendre très au sérieux non seulement par les acteurs politiques, mais aussi et surtout par les populations…
Par Jean-Claude UM-MAHOB
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