Bouchon mâle, réaction mâle !

Vendredi 12 février dernier, Cotonou a connu, à sa sortie ouest et donc avec une partie de Godomey, un gigantesque bouchon. Gigantesque et historique car, de mémoire d’usager de la voie, il n’y en a pas eu, en tout cas dans un passé récent, d’aussi sérieux. Mettre trois heures de temps à parcourir cinq kilomètres à peine ! Induit par les travaux de la Société nationale des Eaux du Bénin (SONEB) qui procédait au renouvellement de ses conduits vers la station de traitement de l’eau distribuée à Cotonou et environs, le bouchon a surpris plus d’un. En effet, il a fallu s’y retrouver pour comprendre de quoi retournait la situation. La route coupée en deux dans un sens, obligeait tous les usagers à se partager l’autre sens. Sur la voie pavée sortant par Aïbatin, situation tout aussi compliquée qui amenait même des camions à enjamber les rails ! Les choses auraient certainement été autres si le pont sur le bas-fond de Mènontin avait été achevé, si la déviation sur le collecteur XX en construction à Agla, en sortant de Godomey pour Cotonou était à son usage optimal. Or, il n’en était rien. Mais là est une autre histoire, juste bonne à comprendre, à mieux saisir ce qui s’est produit ce vendredi 12 février donc.
Le plus préoccupant n’est, en réalité, pas dans la façon dont les travaux ont été organisés, mais dans celle dont, usagers de la route, nous nous sommes comportés pour entretenir le bouchon. Oui, en réalité, si le bouchon a été parfois, pendant les heures qu’il a duré, compact, inextricable, ce fut bien souvent à cause de notre incivisme, de notre indiscipline, à cause de notre manière de vivre. En pareille situation, la patience et la discipline des uns et des autres auraient certainement favorisé une meilleure gestion du flux. Si nous étions restés corrects dans la file, avançant au rythme qu’elle nous imposait, nous nous en serions mieux sortis. Or, pendant que certains se tenaient strictement dans la file même lorsque leurs nerfs étaient éprouvés, d’autres, se croyant plus intelligents et plus pressés que tout le reste, en sortaient allègrement, créant une deuxième voire une troisième file. Ce qui eut pour conséquence, bien évidemment, de renforcer le bouchon, provoquant une pagaille indescriptible. Camions, petites voitures, minibus et même bus, s’entremêlaient sans savoir comment tout cela finirait. Dans cette ambiance éprouvante, injures grossières et obscènes fusent. Des motocyclistes reprochent aux automobilistes de n’acheter que des voitures dès qu’ils ont un peu d’argent, leur faisant porter toute la responsabilité du bouchon. Les uns envoient des tonnes d’insanités aux autres et à leurs parents sur plusieurs générations. Les choses auraient continué ainsi que des tragédies auraient pu se produire.
Mais, dans ce désordre indescriptible, vint une lumière, une lueur d’espoir ! Des éléments des Forces de l’ordre et de sécurité sont descendus sur le terrain. Patiemment, ils se frayaient des chemins à travers les rangées ou plutôt ce qui en tenait lieu. Certains se firent transportés par des motocyclistes volontaires vers les points névralgiques du bouchon. Avec art et autorité, ils vont s’employer à démêler l’écheveau. Pas l’once d’une brutalité, de gentils mots parfois à l’endroit des prisonniers du bouchon, des admonestations et menaces quand il le fallait aussi. Des plans de sortie de ″crise″ sont exécutés avec une organisation militaire civilisée.

Certes, éprouvés, les éléments envoyés sur le terrain l’étaient aussi. Mais ils savaient pourquoi ils étaient là et ce qu’ils avaient à faire. Au bout de quelques heures, la situation est maîtrisée. Nos Forces de l’ordre et de sécurité ont administré la preuve de leur utilité et de leur sens de l’organisation. Chapeau messieurs et dames de l’ordre ! Admiration et merci ! Vivement que vous soyez toujours aux côtés du peuple quand se fait sentir le besoin, quand vous y pousse l’impératif du devoir. Aux côtés du peuple pour le discipliner, lui montrer la voie avec tact, sans abus et dans la fermeté.

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Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI (blog : http://commentvalebenin.over-blog.com)

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