Le Changement dans une zone de turbulence
Le Bénin traverse actuellement une crise politique grave doublée de tension sociale. Face à cette situation, le pays semble de plus en plus ingérable pour le régime du président Boni Yayi. « Le pays va mal », a chanté un musicien ivoirien. Actuellement au Bénin, à voir la gravité de la crise politique et de la tension sociale, on est tenté d’affirmer que le Bénin est dans le coma sous le président Boni Yayi. Partout, le gouvernement éprouve d’énormes difficultés à répondre aux sollicitations des travailleurs et du peuple béninois soumis à d’énormes difficultés à l’ère du Changement. Cette situation se caractérise au plan social par l’intensification des mouvements de grève dans l’administration publique béninoise. Les écoles, ministères, centres de santé sont paralysés avec leurs lourdes conséquences sur la vie des Béninois. Les travailleurs exigent la satisfaction de nombreuses revendications. Le gouvernement a-t-il les moyens pour répondre favorablement à toutes ces revendications ? Pour l’heure, le pouvoir en place affiche son incapacité à faire face à la situation. Il explique ses difficultés par la crise économique internationale. A cela s’ajoutent les injonctions du Fonds monétaire international (Fmi) au gouvernement. Cette institution internationale dénonce l’octroi des primes et autres faveurs aux travailleurs sans tenir compte des capacités financières du pays. Dès lors, le chef de l’Etat et ses ministres se trouvent en mauvaise posture face aux réalités du terrain. En plus, l’équation se complique pour le régime avec la relance de la grève dans l’enseignement supérieur. En raison de l’intensification des mouvements de débrayage, les Béninois se souviennent de la crise sociale de la fin des années 80, sous le régime du révolutionnaire. Pour preuve, comme à l’époque, l’argent ne circule pas dans le pays. Dans les marchés et autres centres d’affaires, la mévente bat son plein.
Au moment où la tension sociale prend une ampleur inquiétante, la crise politique est encore un véritable casse-tête pour le régime du Changement. Au sein de la majorité présidentielle, on enregistre des rebellions de toutes sortes. André Dassoundo, Edgar Alia, Denis Oba Chabi et consorts prennent leurs distances des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe). De même, en dehors du cercle du régime, les positions se radicalisent contre le chef de l’Etat. L’Union fait la Nation, les partisans de l’actuel président de la Banque ouest-africaine de développement (Boad), Abdoulaye Bio Tchané, et d’autres forces politiques quadrillent le terrain et fustigent les élans dictatoriaux du pouvoir du Changement. Ceci fait que sur le terrain, les uns et les autres s’attaquent.Le chef de l’Etat, à un peu plus d’un an de la fin de son mandat, traverse une période critique. Aux plans social, économique et politique, la note est très salée pour le Changement. C’est comme si le pays devient de plus en plus ingérable pour le président Boni Yayi.
Jules Yaovi Maoussi
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