Une candidature interne pour trancher
Courtisés de toutes parts, les membres du G13 se sont réunis mardi dernier pour déterminer la conduite à tenir face aux échéances électorales de 2011. Que se sont-ils réellement dit ? Quelles étaient les actions menées en amont de cette rencontre ? Et à quelles conclusions ont-ils abouti ? Nos investigations apportent les réponses à ces préoccupations. L’intérêt que portent les différents potentiels candidats à la magistrature suprême ainsi que certaines alliances de partis politiques au regroupement G13 est connu de tous. Car, les membres de ce creuset se sont taillés une renommée enviée par nombre de politiciens à la suite de leur prise de position contre le régime actuel. Aussi, les multiples rumeurs colportées ces derniers temps par une certaine presse quant à leur probable entrée dans le prochain gouvernement ne les a pas laissés insensibles. C’est ainsi que mardi dernier, ils ont tenu une séance de vérité, de clarification et de restitution. Pour d’autres, c’était une réunion d’analyse de la situation et du choix de l’option à adopter.
Que s’est-il réellement passé ?
Avant la rencontre de mardi dernier, les membres du G13 avaient constitué plusieurs délégations, trois précisément, qui sont allées à la rencontre de la Coalition « Union fait la Nation », d’Abdoulaye Bio Tchané et de Boni Yayi. Les différentes missions ont donc rendu compte au cours de ladite réunion. Des discussions avec la coalition « UN », il ressort que la porte leur est grandement ouverte. Mieux, les responsables de l’Un sont prêts à leur octroyer une place au moins dans leur coordination et les associer à la désignation du candidat unique. Ils seront également associés à la gestion du pouvoir, dès que le groupe l’aura conquis en 2011.
Le groupe qui a rencontré le président de la Banque ouest africaine de développement (Boad) Abdoulaye Bio Tchané dont la candidature est annoncée irréversible, a rapporté l’accord de ce dernier à travailler avec le groupe si les membres le désiraient. Voilà pour le principe. Quant aux modalités pratiques de collaboration, les discussions restent à poursuivre.
La dernière délégation, celle qui rencontré le chef de l’Etat, Boni Yayi a aussi fait son compte rendu. Selon les informations recueillies, ce dernier est prêt à leur ouvrir son prochain gouvernement à hauteur d’un minimum de quatre portefeuilles ministériels de leur choix. Il s’ensuivra un accord global qui prendra en compte les législatives de 2011 ainsi que leur soutien pour la présidentielle de la même année sans oublier la co-gestion du pouvoir après 2011. C’est donc autour de ces trois rapports que les discussions ont été menées. Comme il fallait s’y attendre, trois camps se sont dégagés. Ceux qui pensent qu’il faut aller avec le président Boni Yayi, d’autres qui estiment qu’il faut soutenir Abdoulaye Bio Tchané et enfin le groupe de ceux qui jugent utile de se rallier à la coalition « UN ». Dans le même temps, l’idée d’une candidature unique a été soulevée. Il faut dire qu’à ce niveau, les réflexions n’ont pas été très poussées et que la question a été reportée pour une prochaine rencontre qui aura certainement lieu avant la fin de ce mois. C’est sur ces faits que la rencontre a pris fin avec la décision de ne point siéger dans le prochain gouvernement du président Boni Yayi.
Les raisons d’une candidature interne
L’idée d’une candidature interne au G13 fait son petit bonhomme de chemin. Une prochaine rencontre sera dédiée à la question. Ce qui dénote de l’importance du sujet. D’ailleurs, certains analystes et observateurs ont leur opinion sur le choix de la candidature interne. Pour la majorité de ces derniers avec qui nous avons échangé, c’est la seule issue honorable et crédible qui reste pour les membres du G13 s’ils veulent réellement poursuivre une carrière politique digne. C’est cette seule porte de sortie qui leur reste en ce sens qu’elle leur permet de ne pas être en marge de la restructuration du landerneau politique qui a commencé à s’opérer avec la naissance de grands ensembles politiques tels que l’UN. Rappelons-le, le G13 est un groupe de 13 députés provenant de formations politiques différentes. Ainsi pourront-ils offrir une alternative au peuple sans se mettre à la solde de groupes déjà constitués. Comme le souligne un vieux retraité : « Ce que les autres ont fait, les membres du G13 aussi peuvent le faire ». Il précise cependant que c’est à la seule condition qu’ils oublient leurs intérêts personnels du moment. Puisque les dividendes seront plus grands si les forces étaient mises en commun. Car, en prenant séparément les propositions des directions dans lesquelles ils ont envoyé des missions, il se dégage aisément que l’une ou l’autre ne peut totalement les satisfaire.
En considérant les postes ministériels que leur offre le président de la République, il apparaît qu’avec aucun autre président, ils ne pourront en avoir autant. A priori donc, ils n’ont pas intérêt à refuser. Mais, déjà à l’interne même, il y a des voix qui se sont élevées pour estimer que cela fait deux ans déjà qu’ils ont adressé un mémorandum au chef de l’Etat. Ce n’est donc pas à un an de la fin de son mandat qu’il va répondre à cette doléance. Ceux qui ne veulent du retour à Yayi avancent également comme argument le fait qu’il n’a ni respecté son accord avec les membres de l’Add qui l’ont porté au pouvoir ni avec eux qui lui ont apporté une majorité parlementaire. Par conséquent, selon l’adage populaire « qui a bu boira », il y a de fortes chances que Boni Yayi ne respecte pas son engagement à leur endroit. Outre ceci, il y a la querelle inavouée née du choix de ceux qui iront au gouvernement : « Pourquoi eux et pas moi ? ».
De même que ceux qui pensent qu’il faut aller soutenir Bio Tchané pour le cash qui ne manquerait certainement pas, il y a un piège. Celui de s’entendre dire qu’ils n’ont plus rien en commun puisqu’ils se sont ralliés contre des arguments sonnants et trébuchants. Un ancien baron de la Rb qui a rejoint la mouvance en sait quelque chose. Pour ceux qui veulent rejoindre l’UN, le risque est qu’à l’étape actuelle, le groupe n’a pas encore obtenu la victoire. Tout accord est donc projet. Et rien ne prouve que si la victoire est leur en 2011, il y aura assez de postes ministériels pour satisfaire les uns et les autres. Quand bien même ce n’est pas que des postes ministériels qui récompensent les efforts politiques. Voila autant de raisons qui militent donc en faveur d’une candidature interne au G13 qui le rendrait plus crédible, plus coté et plus utile à la Nation béninoise.
Benoît Mètonou
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