C'est dans PLEIN SUD (RFI) ce mardi 23 février que, sur un faux air sans gravité, AMOBE MEVEGUE et sa co animatrice relayaient le sentiment qui se répandait avec insistance ces derniers jours dans l'opinion, à savoir que "les français ont donné beaucoup d'argent pour les associations et non pour les Haïtiens". Ce n'est pas loin d'être la vérité; c'est même de plus en plus la pratique lorsque survient une catastrophe dans un pays du sud qui soulève naturellement les plus gros élans de générosité qui font mousser les comptes en banque de ces ONG dont les noms sont suffisamment bien choisis pour nous faire aimer les causes qu'elles défendent.
Si non, comment comprendre que plus de la moitié des sinistrés de ce pauvre pays soit encore sans abri, malgré les centaines de milliards qui ont été déversés sur Port au Prince et soit obligée de descendre dans la rue pour réclamer les tentes qui ne devraient pas coûter une fortune à ces collecteurs.
Ne parlons pas du reste; il vaut mieux être sur place pour mieux juger la situation dans sa globalité.
Ce qui est sûr c'est qu'on a déjà trop donné et il n'est pas prudent de continuer à le faire sans discernement.
Même tous ceux qui, de bonne ou mauvaise foi, n'arrivent pas encore à se frayer un petit chemin dans ce labyrinthe de l'assistance, se seraient quand même déjà payés de petites gâteries sur le dos de ce malheureux peuple qui avait déjà payé au prix fort la quote part de son outrecuidance à prétendre à l'indépendance sous la France en 1804.
Le pays a continué de payer à la France l'impôt de la cupidité, en étant obligé d’emprunter aux banques, dont la majorité étaient françaises, bien sûr, avec des intérêts importants et cette dette a perduré et pesé sur son développement pendant un demi siècle.
Ce pays qui avait fini par mettre définitivement un genou à terre, après avoir acquitté plus de 21 milliards d'euros, sans compter les intérêts, est devenu fatalement la proie des émeutes de la faim et d'incessantes tensions sociales, sans aucun espoir de se relever; ce qui, fatalement, peuvent lui valoir les nombreuses sympathies d'aujourd'hui..
Dans cette débauche de générosité, il faut tout de même féliciter tous ces humanitaires qui savent d'abord donner de leur vie, de leur générosité, de leur temps et de leur compétence, de manière prompte et concrète et désintéressée, en y mettant tous les moyens nécessaires.
Féliciter également toutes les nations et toutes les personnes qui, symboliquement, se sont délesté du moindre centime dont ils étaient persuadés qu'il permettrait à ce peuple de se relever.
Il appartient aux autorités haïtiennes et au peuple de Haïti d'assumer aux côtés de la communauté internationale, avec lucidité et en toute responsabilité, sa place dans l'utilisation de ses nombreux dons à la sécurisation de la nation et à la reconstruction de Port au Prince.
Car Haïti devrait s'en sortir après avoir pris ce gros coup sur la tête, parce qu'il y a des douleurs qui instruisent.
Les compétences haïtiennes, si elles n'existent, devraient pouvoir bénéficier des assistances techniques nécessaires, d'où qu'elles viennent, pour être formées afin de prendre part activement, mieux que par le passé, à l'essor de leur pays.
La base du développement de Haïti proviendrait d'un prise de conscience collective et définitive que le tremblement de terre aura provoqué, même si ce ne fut le premier qu'ait connu le pays et si c'est loin d'être le dernier, dans cette zone.
Le tout est une question de lucidité pour les fils de Haïti qui devraient s'appuyer sur une assistance généreuse et plus éclairée, pour les questions d'urbanisation et de construction d'un modèle économique pour l'avenir.
C'est pour toutes ces petites raisons qu'il apparaît plus utile de verser désormais tous dons, en espèces, aux autorités haïtiennes, sur des comptes qu'elles auraient dûment identifiés, qui sont sensées en faire un bon usage, bien plus que de nombreuses ONG, à l'instar des centaines de millions de dollars qui sont placés, en attendant d'être déployés, un jour, dans des actions encore non suffisamment ciblées, pour être effectives.
En dehors de tous ces circuits mercantiles, il faut reconnaître à certaines organisations tout le mérite qui sied en de pareilles circonstances, pour tout ce qu'ils font sur la durée: la croix rouge, le secours catholique, ainsi que les organisations professionnelles comme médecins sans frontières, médecins du monde, les architectes de l'urgence etc..qui ont une très grande utilité et savent pourquoi ils sont présents dans de tels lieux.
Que viennent y faire toutes les autres, demanderiez vous, eh bien peu d'actions, beaucoup de collecte en amont et beaucoup de réserve pour des missions çà et là dans le monde et surtout pour leur besoin de survie.
Je n'ose pas appeler un seul nom mais sachez qu'elles se vêtissent, elles aussi, des plus beaux attributs qui ne laissent aucun doute sur leurs intentions…
On n'a pas fini de parler des malheurs de HAÏTI, pourvu qu'il en sorte gagnant.
Christian Désiré HOUSSOU
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