Sanctions contre le togo

{mosimage}La Caf se voile la face

Interférence politique. C’est au final ce qui semble déterminant dans la sanction prise par la Confédération africaine de football à l’encontre du Togo. Voilà qui suscite bien d’interrogations chez les observateurs de l’actualité et des événements sportifs de ces dernières années. Dénier au politique un droit d’ingérence dans les affaires sportives suppose que leur gestion revienne exclusivement aux associations et fédérations sportives. Mais alors, dans le contexte africain, la Caf peut-elle nous dire d’où tirent essentiellement leurs ressources les fédérations sportives ? Pour le simple cas du Bénin, le Gouvernement de la république a injecté deux milliards de francs CFA dans l’expédition angolaise des Ecureuils. Amusons-nous donc un instant à mettre l’équipe béninoise à la place de celle du Togo. Qui aurait eu le pouvoir de décision entre les autorités politiques et la fédération béninoise de football ? Issa Hayatou ne peut tout de même pas ignorer que son business, le football, est devenu aujourd’hui, sur notre continent un instrument politique non ? Le président de la Caf a-t-il manqué de voir en Angola des affiches géantes sur la Can qui associaient l’image du président Edouardo Dos Santos ? A quoi cela rime-t-il, si ce n’est la récupération politique d’un événement sportif ? Et quelle réaction la Caf a-t-elle eue dans le cas d’espèce ? Avait-elle intérêt, au nom de la non ingérence du politique, à arrêter la compétition ou la participation de l’équipe angolaise ? Comment avait-on pu appeler les menaces du président de la république française de boycotter les jeux olympiques de Pékin sous prétexte de la supposée responsabilité de la Chine dans la crise du Darfour ? Et quel sens donner au choix des Etats-unis de faire porter le drapeau américain par une athlète d’origine darfouri aux mêmes jeux olympiques ?  Face à toutes ces interrogations, le principal argument ayant motivé la sanction de la Caf  paraît bien curieux. Elle a dû ne pas chercher à comprendre pourquoi les autorités politiques togolaises avaient le droit et même le devoir de rappeler leur équipe nationale de football. C’est elles qui ont financé la participation de l’équipe à la Can et c’est à elles que le peuple togolais demanderait des comptes sur le péril des joueurs togolais.
Outre la raison selon laquelle ce sont les autorités politiques qui ont banqué, les Eperviers ont essuyé une attaque armée revendiquée par le « Front de libération de l’enclave du Cabinda – Flec », une organisation en rébellion au régime au pouvoir en Angola, autrement une organisation en quête de pouvoir politique. Plus qu’une simple revendication, le Flec a menacé rééditer ses attaques durant la Can. Ici, nous ne sommes plus dans un registre sportif tout court. La politique et la lutte armée se sont invitées à la Can Angola 2010, et le Gouvernement togolais a agi en responsable. Comparer le cas togolais à celui du Nigéria qui a boycotté la Can 96 en Afrique du Sud pour des craintes d’insécurité n’est pas non plus juste. L’équipe togolaise est bien allée à la Can, contrairement au Nigéria il  y a 14 ans. Et le Togo ne s’est pas simplement retirée sur la base subjective de craintes. Il a vécu une attaque effective et a perdu des vies humaines à l’occasion. Face à ces faits, le cas nigérian de 1996 n’aurait pas dû faire jurisprudence.

Ce qui rend d’autant plus cruelle la sanction de la Caf, c’est quand à l’avènement du drame togolais, sa première réaction n’a été ni de condamner l’acte terroriste perpétré par le Flec, ni de compatir à la douleur des Eperviers, mais plutôt de critiquer leur mode de transport. Et l’on espérait la voir se rattraper en trouvant une situation atténuante au retrait de l’équipe togolaise de la compétition, au moment de connaître de cas d’atteinte, tout de même, au règlement de la compétition. Mais elle a manqué au rendez-vous. Sur l’argument d’ingérence politique, elle s’est voilé la face. Elle s’est aussi moquée des vies humaines perdues par le Togo.

Publicité

Georges AKPO

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité