Lomé pourrait connaître une journée chaude aujourd'hui : les autorités ont interdit le rassemblement de l'opposition, qui dénonce un scrutin frauduleux. Ce matin, en dépit de l'interdiction gouvernementale, les Togolais sont appelés à descendre dans la rue « pour protester contre les résultats frauduleux du scrutin présidentiel » Vont-ils répondre en masse à l'appel de l'Union des forces du changement (UFC) et de trois autres partis d'opposition ? Ou bien vont-ils donner raison au journal Le flambeau des démocrates, qui diagnostique une « démobilisation de l'électorat UFC » ? Et le pouvoir, comment va-t-il réagir ? Autant d'incertitudes qui promettent une journée à hauts risques.
Le camp de Jean-Pierre Fabre, l'opposant battu par le président Faure Gnassingbé, a parfaitement pris la mesure de ces risques ; il tente d'éviter les provocations et de canaliser l'ardeur de ses militants qui crient au hold-up électoral. Fabre et les siens, dont Kofi Yamgnane qui hérite du poste de Premier ministre dans le shadow cabinet de l'opposition, savent que le régime ne s'écroulera pas sous la pression populaire et que c'est devant la cour constitutionnelle que la victoire pourrait être acquise.
Les preuves de fraudes seraient nombreuses et ont incité Paris à la prudence. La France, « n'ayant connaissance ni des résultats définitifs de l'élection présidentielle ni des rapports définitifs des différentes missions d'observation électorale présentes sur place », refuse de se prononcer sur la victoire du président sortant. Un sortant qui est toujours aux abonnés absents. La rumeur veut qu'il se trouve en Europe et qu'il ne rentrera qu'une fois la tension retombée.
En cas de dérapage, Faure Gnassingbé pourra toujours prétexter son absence et faire porter le chapeau à ses ministres ou aux militaires dont les pick-up armés de mitrailleuses patrouillent désormais la capitale. Ils bloquaient, hier soir, les routes qui menaient au siège de l'UFC.
(ouestfrance)
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