Conseil confédéral extraordinaire de la Cgtb

Le discours de Pascal Todjinou sur l’état de la Nation

(La gestion de Boni Yayi passée au scanner)
Lundi dernier, la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb) dirigée par Pascal Todjinou était en conseil confédéral extraordinaire.  Occasion pour le vieux routier de la lutte syndicale de jeter un regard critique sur la gestion du chef de l’Etat, Boni Yayi. Le verdict est sans appel : dans tous les secteurs possibles, l’échec est au rendez-vous. Le coton est sans vie. Au port, c’est le ballet incessant  des directeurs. Corruption, favoritisme, précarisation et bien d’autres maux gangrènent le mandat de l’apôtre du changement.  Sur tous les plans, social, politique et économique  le constat est amer.

(Lire l’intégralité de son discours)

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Monsieur le représentant résident de Wsm, cher ami Uzziel Twagilimama
Camarades secrétaires des confédérations amies
Camarades membres du Sen
Camarades secrétaires  généraux des syndicats et fédérations syndicales de base de la Cgtb
Camarades militantes et militants
de la Cgtb
Chers amis.
Je voudrais, au nom des membres du Sen et en mon nom personnel, vous remercier pour votre présence effective à ce Conseil confédéral extraordinaire de notre confédération, la Cgtb.
Notre conseil confédéral se tient  à une période particulièrement difficile pour notre pays, le Bénin, pour les organisations syndicales crédibles et pour l’économie nationale.
C’est dire que nous devons placer ce conseil sous le signe de la méditation, de la réflexion et enfin de la mobilisation. Ce qui nous permettra d’apprécier la manière dont notre pays, le Bénin, est géré afin d’envisager les stratégies nouvelles à utiliser pour que les luttes syndicales gagnent en efficacité face aux dérapages actuellement orchestrés par les ennemis du peuple.
Chers amis,
Chers camarades, L’heure est grave. Elle est, à la limite, cruciale.
En tout cas, en jetant un regard objectif, indépendant et sans passion sur la situation économique, sociale et politique de notre pays, on se rendra compte que :

1) Sur le plan économique

La descende aux  enfers a commencé de façon vertigineuse. La caisse de l’Etat devient de plus en plus vide du fait de l’indiscipline budgétaire actuellement observée, laissant les travailleurs dans une psychose générale qui rappelle une période qu’on croyait révolue.  Le Fmi et la Banque mondiale ont refait surface avec leurs exigences qui ne crucifient que les travailleurs et jamais les politiciens. Une fois encore, ils deviennent nos gouvernants en exile et les nôtres ne font que leur obéir.

Ainsi par exemple, nos dirigeants préfèrent, sous les injonctions ces institutions de Breton Wood, privatiser les entreprises les plus viables avec des dessous politico mafieux. Faute d’une politique de promotion de la production nationale, certaines rares usines de transformation du pays sont en difficulté (Sodéco, Shb, Sitex, Cib, Sobéta) et  même d’autres dans lesquelles l’Etat béninois a injecté des milliards telles que l’Ocbn, le Bénin télécom Sa, etc. sont sur la ligne de départ, et des  centaines de travailleurs risquent d’être jetés dans les rues. Le port  autonome de Cotonou, poumon de l’économie nationale change de directeurs chaque semestre (même les cadres dits émérites dénichés des différentes Banque africaines, ont été déboutonnés très facilement), ce qui illustre, à n’à point douter les effets de la mauvaise gestion, de la précarisation, du favoritisme, de la corruption, etc.
Le coton béninois dans lequel le gouvernement  a englouti des dizaines de milliards est gangrené par les mauvaises solutions, le copinage et les effets désastreux des complicités cupides des mafias politico-affairistes. Il en résulte des résultats catastrophiques qui ont fait taire la Haute autorité parce que ne trouvant plus de raison pour limoger quelqu’un à cet effet.

Vous convenez avec nous que la Cgtb ne saurait cautionner de pareilles forfaitures. C’est pourquoi elle dénonce cet état de chose et s’oppose farouchement aux privatisations qui sacrifient les intérêts de l’Etat Béninois, des producteurs et des travailleurs.

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Sans risque de se tromper, l’économie béninoise est en mine. Son taux de croissance est en chute libre, passant de 5% en 2008 à 2,7% en 2009 soit une baisse considérable de plus de 46%. L’indiscipline budgétaire a atteint son paroxysme. Les Op, décriés avec véhémence à l’avènement du changement actuel, sont devenus la règle ordinaire de gestion financière dans notre administration. La corruption s’est installée définitivement comme la marche Verte du Président de la République contre la corruption a plutôt encouragé le phénomène du temps du changement. Elle se participe aujourd’hui de façon pour officiellement impunie.

La sortie de l’argent pour des usages imprévues est monnaie courante. Ces pratiques opposent des têtes couronnées, des responsables de certaines religions qui ont accepté mordre à l’appât, les familles entières, des dislocations des régions etc.. L’argent du contribuable est utilisé aujourd’hui comme un bien privé, ce qui conduit à des mécontentements partout qui se généralisent parce que tout le monde force pour prendre sa part.
Le train de vie de l’Etat a largement augmenté. Le nombre de ministères a augmenté pendant que la crise économique et financière était en paroxysme. Des instituteurs véritablement budgétivores non prévues par la constitution sont créées tous azimuts, et des ministres limogés deviennent des conseillers ou directeurs de société. Les ministres, eux aussi, inondent leur cabinet de nombreux conseillers et chargés de mission et même nomment des responsables de cultes qui confondent allègrement les responsabilités culturelles à la politique. Ce mélange nous amènera-t-il ou ? Quel sera le recours pour les conflits ?

La situation paraît donc, à nos yeux, apocalyptique et la nouvelle classe politique souillée qui nous dirige continue de s’engluer dans les magouilles le tripatouillage et les crimes économiques et financiers. Pire, cette nouvelle  classe politique crée les conditions objectives d’asphyxie de l’économie nationale en ne réagissant pas convenablement et promptement à la défalcation des opérateurs économiques qui crient leur ras-le-bol.
En un mot, tous les signaux de développement économique du Bénin sont au rouge. L’espoir est de plus en plus compromis si nous travailleurs des villes et des campagnes ne nous levons pas comme un seul homme pour dire non à la gabegie

2) Sur le plan social

Au plan social, c’est l’émergence de la catastrophe également.  Le mécontentement est général, la colère s’installe partout, s’intensifie et l’explosion sociale est en train d’atteindre un niveau regrettable. Sur plus de 30 ministères, au moins 18 sont en mouvement de grève et certains se préparent à entrer dans la danse. Les secteurs les plus  touchés actuellement sont surtout l’éducation, la santé et l’agriculture.
Les tensions sociales qui secouent ces ministères auraient pu inspirer réflexion à nos dirigeants actuels en vue de la réorientation de leur politique sociale. Mais aujourd’hui que constatons nous malheureusement ?

1- Chasse aux sorcières des responsables syndicaux qui ont refusé de s’inféoder, la tête de trois (03) notamment qui résistent aux appâts est fortement mise à prix.

2- Tentative de dislocation des organisations syndicales par la corruption et   intimidation des responsables syndicaux à la base.

3-  Incursions du pouvoir dans la gestion et le fonctionnement des organisations syndicales.

4- Organisation de rebellions au sein des syndicats de base pour éjecter les responsables syndicaux crédibles et inféodables.

5- Fabrication des syndicats jaune dont certains ont accès aux médias publics ou achetés.

6- Fabrication des contre marcheurs publics sans autorisation.

7- Détournements, pillage crapuleux et corruption institutionnalisés, intensifié fortement parce que désespérément impunis comme jadis, ce qui irrite plus d’un  travailleur.

8- Duplication des  postes de responsabilités, pas pour les besoins du développement de ce pays, mais pour satisfaire plutôt les amis politiques et ethniques (directeurs généraux, directeurs, conseillers, assistants, chargés de mission), aggravent du coup le train de vie de l’Etat laissant croire qu’il existe suffisamment de moyens dans notre pays pour satisfaire tous ceux là au détriment des populations dont nous les travailleurs.

9- Promotion des anciens pilleurs et tortionnaires qui ressurgissent allègrement sous plusieurs formes et se coalisent pour soutenir le pouvoir en place.
10- Cherté de la vie devenant de plus en plus intenable, installant du coup solidement la misère.

11- Augmentation du taux de chômage

12- Difficile accès au soin de santé primaire.

Face aux cris de détresse émis par les travailleurs et les populations, le gouvernement reste très insensible. Il préfère souvent faire le bonheur d’une minorité au détriment de la grande majorité qui croupit aujourd’hui dans les conditions misérables.
Alors, que cherchons-nous, qu’avons-nous trouvé ?

3) Sur le plan politique

Au plan politique, la situation n’est pas si reluisante. Les menaces de remise en cause de l’ordre démocratique existent et persistent. On note aujourd’hui :

1- Fragilisation des institutions de l’Etat
2- Manipulation des juges pour les obliger à ne pas dire le droit
3- Déviances politiques
4- Caporalisations des institutions de l’Etat par le choix raisonné de ceux qui les
animent
5- Politisation des cadres par leur perversion qui, face à des vérités évidentes, font de la diversion
6- Infiltration des partis politiques avec des achats de consciences à grands frais
7- Instrumentalisation de la Société civile à des fins partisanes
8- Inféodation des membres de la Société civile pour les rendre inefficaces, faisant disparaître de plus en plus l’Autorité morale.
9- Inversion des valeurs éthiques en
politique
10- opposition  entre les institutions constitutionnelles, ce qui fragilise notre démocratie, etc.

En un mot, à part les discussions de positionnement, la vie politique nationale « animée par les partis politiques » est  stérile en débats d’idées.

Pour la Cgtb, les moyens existent actuellement pour satisfaire les doléances des travailleurs. Ce n’est point une faveur mais une responsabilité régalienne. Ni  le Fmi, ni la Banque mondiale ne peuvent nous dire le contraire tant qu’ils n’auront pas clarifié le coût des primes et d’autres indemnités payées aux politiciens, aux conseillers et autres chargés de missions oculaires. En un mot, les revendications essentielles exigées par les travailleurs en lutte sont à satisfaire largement. Il s’agit de :

1- Revalorisation du point d’indice
2- Reversement de tous les enseignants en situation de précarité d’emploi
3- Paiement de tous les avantages dus
4- Recrutements massifs dans la fonction publique
5- Arrêt  des licenciements abusifs et reprise de ceux qui sont licenciés sans motif valable.

Nous travailleurs vrais patriotes, nous devons barrer la route à cette tentative de remise en cause de l’ordre démocratique établi avec tant de sacrifices allant jusqu’aux sacrifices suprêmes.
En tout cas la Cgtb restera en première ligne de ce combat. Ses militantes et militants ne resteront pas les bras croisés. Ils ne rateront pas ce rendez vous de l’histoire de notre pays car ce sont surtout les travailleurs qui sont souvent les plus victimes innocentes des dérives politiques.
C’est pourquoi,  nous devons nous pencher sur les points suivants au cours des travaux de ce conseil confédéral extraordinaire

1) Appréciation de la situation politique et sociale à l’ère du changement et perspectives
2) Fixation de la date du 4ème congrès de la Cgtb
3) Divers

Monsieur le représentant résident de Wsm
Je fonde l’espoir que seule la lutte et la vraie finit toujours par payer.
C’est fort de cet  espoir que je souhaite plein succès à nos travaux.
Merci à tous
Pascal Todjinou
Sg/Cgtb 

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