Destitution d’Epiphane Quenum de la tête de la Cps-Lepi

L’Union fait la Nation en mauvaise posture

Les élections présidentielles de 2011 s’annoncent sous de très mauvais auspices pour l’Union fait la Nation (Un). En dépit des nombreux efforts de réconciliation fournis par ses partis membres et ses faucons tels Soglo, Amoussou, Houngbédji, Fagbohoun et consorts, la coalition est toujours ébranlée par des coups feutrés, des brises séparatistes et des élans de désolidarisation. En témoigne la destitution d’Epiphane Quenum de la tête de la Cps-Lepi qui risque fort d’avoir des conséquences sur l’avenir de ce groupe

La déclaration d’humeur de la présidente de la Renaissance du Bénin (Rb) Rosine Soglo n’a pas suffi pour arrêter la velléité de destitution de l’honorable Epiphane Quenum son « protégé ». Malgré l’agressivité – mais le bien fondé – de cette déclaration, les membres de la Commission politique de Supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Cps-Lepi) sont restés insensibles à cette déclaration de « maman ». Sans grande surprise donc, Epiphane Quenum a été destitué au petit matin d’hier et, tenez-vous tranquilles, à l’unanimité des 14 membres présents. Mais en bon politicien et comme pour sauver son honneur et satisfaire son ego, il dépose une lettre de démission pour « convenance personnelle » comme le confirment nos sources. La gestion solitaire de cette structure tampon tenue à l’œil par tous les camps politiques, l’escamotage des chiffres de la cartographie censitaire, la gestion opaque, le recrutement anarchique des agents…bref, le management fait de la Cps par Quenum ne satisfait personne. A tout cela, il faut ajouter le zèle et l’arrogance qui l’a conduit un jour à qualifier un collègue député de « mouton » sur les antennes d’une radio privée de la place. Ses farouches opposants se comptaient beaucoup plus dans le camp de l’opposition que dans la mouvance. Et pour cause, on lui reproche de ne défendre que les intérêts de la majorité présidentielle qui l’a soutenu et envers qui il est redevable.

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Pour les opposants, c’était un homme lige téléguidé depuis la Marina. A  vouloir trop bien faire, il est arrivé à piétiner les intérêts de ses protégés. Le savait-il ? Certainement pas. Il était tombé à un certain moment dans l’ivresse du pouvoir, plus passionné que raisonnable et imbu de son travail. Puis un matin, le courage de ses collègues sape la gloire. Seulement, il est important de reconnaître que ce départ de Quenum de la tête de la Cps aura des répercussions sur l’ambiance au sein du groupe et même sur son avenir. Connaissant Epiphane Quenum avec son « devoir de mémoire », il faut s’attendre à ce qu’il cherche à se venger. D’abord contre ses alliés circonstanciels de la mouvance qui l’ont lâché aux derniers moments. Mais surtout contre l’opposition qui ne l’a pas ménagé pendant tout le temps qu’il a passé à la tête de la Cps. Et pour cause, la solidarité de groupe demande tout au moins que Quenum soit soutenu par les opposants surtout après la déclaration de Rosine Soglo. Un alibi est donc trouvé : on a bafoué l’autorité de la présidente de la Rb. Les conséquences, on peut l’imaginer prochainement.

Quel avenir pour Quenum ?

Le cas Epiphane Quenum montre à quel point la volonté de vengeance peut conduire un homme au fourvoiement. Voulant à tout prix  prendre sa revanche sur les gens de son camp qui l’ont écarté pour un partage de poste à l’hémicycle, il est devenu un aigri. Profitant de ses récriminations, le président Boni Yayi l’a simplement récupéré et lui a miroité les nombreux avantages qu’il pouvait trouver avec lui. En dehors d’un poste ministériel qui était trop flagrant, celui de coordonnateur de la Cps-Lépi passait pour un véritable pactole avec des avantages financiers très alléchants. Mais il a oublié qu’avec Yayi rien n’est sûr. Il vous utilise et après avoir obtenu ce qu’il veut, se débarrasse de vous comme on jette le zeste d’orange après avoir sucé le jus. Les exemples étaient pourtant nombreux avec les ministres Moudjaîdou Soumanou, Gaston Dossouhoui et Issa Démolé Moko qui ont été tous gommés malgré leur volonté et leur ardeur de servir loyalement Yayi. Maintenant, on se demande où va atterrir Epiphane Quenum.

La mouvance l’ayant déçu, va-t-il désormais retourner vers ses anciens amis de l’opposition. Difficile de l’affirmer au regard du tempérament et de l’ego du député RB de Cotonou. Il continuera certainement à jouer à l’équilibriste en vacillant entre mouvance et opposition. Ce qui forcément, va entamer sa crédibilité politique qui a pris un coup depuis ses frasques à la tête de la Cps-Lépi.

Marcel Zoumènou

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