Les responsables des appelés au service militaire désavoués
En vue de remplacer les enseignants en grève, le bureau du Réseau des appelés au service militaire d’intérêt national a donné hier une conférence de presse au Chant d’Oiseau à Cotonou. Mais, la rencontre a très tôt tourné au vinaigre, en raison de la réaction et de la colère de leurs camarades qui crient à la manipulation de leurs responsables par le gouvernement. L
e bureau du Réseau des appelés au service militaire d’intérêt national est décidé à prendre la place des enseignants en grève dans les écoles. Ce lundi au cours d’une rencontre avec la presse, ses membres ont désapprouvé les mouvements de grève qui paralysent le monde éducatif béninois, malgré, selon eux, les multiples efforts du gouvernement. Pour justifier leur position ils font référence à l’augmentation de 25% du salaire de base des enseignants, le reversement de plus 30000 agents dans l’administration, la revue à la hausse de l’indemnité de logement et la titrisation des dettes salariales pour plus de 100 milliards. Dans ces conditions, les conférenciers ont donné un satisfecit au gouvernement et se disent prêts à faire preuve de patriotisme pour sauver l’année scolaire, malgré les grèves.
Mais, les propos des membres du bureau exécutif du Réseau des appelés au service militaire ont fait beaucoup de bruits dans la salle. Les conférenciers ont été attaqués et désavoués par leurs collègues. Pour manifester leur mécontentement, ils ont voulu poser des questions pour comprendre l’origine de ladite conférence de presse. Ayant compris que cette manière de procéder devant la presse risquait de les démasquer, les membres du bureau ont refusé toutes discussions avec leurs camarades. Tollé général. Il y a eu des échauffourées puis dispersion des appelés. Dans les couloirs, les uns et les autres émettent de vives critiques à l’encontre des auteurs de la conférence de presse. « Ils veulent nous manipuler. Nous ne sommes pas prêts à prendre la place des enseignants… », crient beaucoup d’entre eux. Pour la plupart, les enseignants en grève sont dans leur droit et il appartient au gouvernement de trouver solution à leurs revendications. A cet effet, ils prédisent le même scénario contre eux dans l’avenir quand ils voudront revendiquer l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Vu la tension qui prévalait sur les lieux, les conférenciers ont disparu dans la foulée.
Le gouvernement dans la diversion et le dilatoire
Face à la question des grèves dans le système éducatif béninois, il semble que le gouvernement du président Boni Yayi a totalement perdu la boussole. Dans sa navigation à vue, il tombe dans la diversion et le dilatoire face à un problème réel qui mérite un peu de réflexion pour trouver solution. Dès lors, il sort sa vieille méthode pour tenter de désamorcer la bombe syndicale dans l’enseignement : le recrutement d’enseignants patriotes dans le rang des appelés au service militaire. Quelle formation ont-ils ? En quelques jours, peut-on avoir des enseignants qualifiés ? Seul le gouvernement est capable de répondre à ces questions.
Il urge alors que le pouvoir en place revoie sa copie. Ici, seule la voie de la négociation peut sauver l’école béninoise. Pour cette option, les enseignants sont prêts à discuter avec le gouvernement. C’est au président Boni Yayi de saisir cette opportunité pour ramener la balle à terre, au lieu de recourir aux méthodes d’une époque révolue.
Jules Yaovi Maoussi
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