Femmes du Bénin, libérez-vous et soyez !

Ce 8 mars 2010, la communauté internationale célèbre la 15è édition de la Journée internationale de la Femme. Presque partout au monde, le sort de la femme continue de faire débat, tant elle est reléguée en seconde zone comme si elle était un sous-homme, comme si elle était sous l’homme. Mais l’évolution du monde, quoiqu’allant à vitesse contenue aux yeux des humains, nous donne de plus en plus à voir autre chose. Il suffit d’observer qu’en Amérique du Sud, de plus en plus de pays sont dirigés par des femmes et, le Brésil, ce grand Etat, le sera probablement bientôt aussi. De bon augure donc… Et pourquoi pas ici ?
En cette occasion, je voudrais adresser un regard plein de considération à la femme béninoise. A la femme béninoise dite moderne qui, entre la bataille pour la parité et celle pour la définition d’un quota de représentativité au sein des instances de décisions, aspire à imposer l’idée, vraie d’ailleurs, que la femme peut, autant que l’homme, assumer des responsabilités. Mais aussi et surtout à la femme béninoise anonyme de nos campagnes voire de nos villes. Celle-là qui n’a pas voix au chapitre et qui, dans le silence et l’héroïsme, s’emploie à bâtir. Celle-là qui est mère au foyer, celle-là qui écume le soleil en quête des quelques pécules que lui rapporterait son petit commerce, celle-là qui est employée aux travaux champêtres. Oui, celle-là, la femme béninoise aux mille bras, l’infatigable artisane de la construction de la société au niveau micro et dont on ignore trop facilement que les efforts contribuent énormément à faire l’équilibre au niveau macro. A toutes ces femmes donc, qu’elles soient sous les feux de la rampe ou confinées dans l’anonymat absolu, mais qui travaillent sans relâche, je veux dire mon admiration et ma considération.
Il serait proprement superfétatoire voire prétentieux que je veuille rappeler ici le rôle et l’importance de la femme dans la société. Mais si pour Mao Tsé Toung (Mao Zédong) c’est la jeunesse qui détermine la température du monde, et que le monde tremble lorsque les jeunes ont froid, je puis dire que c’est la femme qui détermine l’équilibre de la société, l’équilibre du monde. Que notre société sera toujours le reflet de ce que nous ferons de la femme et surtout de ce que les femmes feront d’elles-mêmes. Là est la problématique !
Toute politique sérieuse, courageuse, qui viserait à sortir la femme béninoise de sa situation actuelle est donc la bienvenue. Et, pour parler concret, je dirais que le programme de micro-crédits aux plus pauvres, s’il était dépouillé de ses oripeaux politiciens et conduit avec art, contribuerait à amorcer un tant soit peu l’amélioration de la situation de la femme. Au ministère en charge de la Microfinance, on soutient qu’on travaille aujourd’hui à professionnaliser l’affaire, donc à la crédibiliser. Ce serait tant mieux car, si l’on instrumentalise la femme béninoise, en jouant sur sa vulnérabilité économique au détour d’un programme censé la sortir de la précarité mais aux objectifs inavoués d’en faire des troupeaux d’électrices, l’on sera passé à côté de la plaque. Quand les balles de tissus leur tombent dessus avec en moins, il est vrai, l’effigie ou le logo d’un politicien, Boni Yayi en l’occurrence, qui ne s’embarrasse pas de les élever au rang d’institutions de la République, à moins de succomber à l’idée de croire qu’il est leur messie, au point de sillonner le pays pour aller recevoir leurs voeux de nouvel an, que dire si ce n’est de constater que le programme exhale une forte odeur de politicaillerie, suicidaire pour sa crédibilité et même pour son efficacité. Car nul n’ignore que chacune de ces rencontres est une occasion nouvelle de faire campagne, de tenter de s’aliéner ces femmes. Car chacun sait que ce ne sont pas les trente mille qu’on leur alloue qui achèteraient ces tissus et ces foulards, véritables antennes paraboliques dont elles se parent dans un froufrou indescriptible. Elles se les procureraient avec cet argent que ce serait grave ! Là-dessus, les femmes elles-mêmes, me semble-t-il, ont à prendre conscience de leur situation, ont à se réveiller et à s’assumer. Elles ont à se libérer et à être. Oui, femmes, libérez-vous et soyez ! Parce que vous êtes environ 52% de la population, vous êtes l’avenir du Bénin.

En vous libérant du joug de ceux qui vous vassalisent cyniquement, vous contribuerez à libérer le Bénin. Alors, il ne sera plus question de parité ou de quota qu’on vous attribuerait comme par pitié. Il sera plutôt question de traiter la femme comme on traite l’homme. Cela est possible, je crois que vous pouvez le faire et que vous le ferez pour notre bien à tous, pour le bien du Bénin.

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Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI (Source : http:/commentvalebenin.over-blog.com)

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