Boni Yayi victime de son populisme
Les mouvements de grève se poursuivent dans les secteurs de la santé et de l’éducation, malgré les mesures du gouvernement pour calmer les esprits. A analyser de près la situation, le populisme du gouvernement et du chef de l’Etat en est la cause. Qui est le premier responsable de la paralysie des secteurs de la santé et de l’éducation ? On n’a pas besoin de chercher loin pour répondre à cette question. Le gouvernement et son chef, par leur politique, ont amené les travailleurs sur ce terrain. Depuis son arrivée au pouvoir, le président Boni Yayi a montré aux syndicalistes qu’il y a de l’argent en quantité industrielle au Bénin. Pour preuve, les dépenses sans l’autorisation de l’Assemblée nationale sont légion à une ère dite de Changement. Malgré les multiples réactions des députés pour le rappeler à l’ordre, le chef de l’Etat persiste dans cette politique. En effet, plusieurs dizaines de milliards sont jetés dans les micro-crédits aux femmes. Jusqu’aujourd’hui, rien n’a été fait pour évaluer l’impact de cette masse d’argent sur la gent féminine. Pour des confessions religieuses qui n’ont rien demandé à l’Etat, le gouvernement sort des caisses du trésor public 100 millions. Lors du jeûne musulman, des tonnes de sucre, de lait et autres vivres ont été achetés aux fidèles musulmans, alors que ces derniers avaient toujours sacrifié à cette tradition sans aucun appui des autorités politico-administratives. De même, il y a plus de deux ans, 100 millions ont été transportés par véhicules jusqu’à Lomé pour secourir les sinistrés togolais, alors que les problèmes d’inondation se posent avec acuité au Bénin. D’autres dépenses du genre sont multiples. C’est dire que l’Etat béninois a toutes les ressources nécessaires pour répondre aux revendications des travailleurs. Sur les chaînes de la télévision Golfe Tv hier, le porte-parole des trois ordres de l’enseignement, Raouf Affagnon, a révélé les dépenses extrabudgétaires du gouvernement et conclu que le régime en place a les capacités de répondre à leurs revendications. En plus de cette dérive au sommet de l’Etat, les salaires politiques sous le président Boni Yayi crèvent l’œil. Un simple conseiller du chef de l’Etat est à plus de cinq millions de francs cfa sans oublier les nombreux avantages dont il a droit. Chefs d’institution, ministres, députés gagnent des salaires colossaux, alors que les travailleurs qui font l’économie du pays, sont à la traîne. Dans ces conditions, les enseignants n’ont-il pas raison de demander plus ? Certainement oui. Il faut que chacun gagnent à la sueur de son front.
Impasse
Face à la poursuite des mouvements de grève, l’école béninoise et les milieux sanitaires sont dans l’impasse, puisque apparemment, le dialogue social est rompu en raison des dernières déclarations du chef de l’Etat aux enseignants. Alors, le gouvernement pourra-t-il répondre au minimum réclamé par les travailleurs ? Aujourd’hui, le pouvoir en place a le dos au mur face à la crise sociale. Il est contraint de respecter les injonctions du Fonds monétaire international (Fmi) qui exige la réduction de la masse salariale de l’Etat. Dès lors, le chef de l’Etat ayant pris certaines décisions pour se faire plaire aux travailleurs sera obligé de tenir compte de la réalité. De nouvelles stratégies s’imposent pour trouver une porte de sortie, afin de sauver l’avenir des enfants et la vie des malades dans les centres de santé.
Jules Yaovi Maoussi