Présidentielle 2011

La nouvelle stratégie de Yayi pour contrer Bio Tchané

Après la période des filatures, des persécutions et des menaces, c’est l’opération de charme et de main tendue du côté de la Marina. Longtemps redoutée et même combattue par Boni Yayi, la candidature d’Abdoulaye Bio Tchané est désormais prise autrement par le président de la République. En filigrane, Yayi joue déjà pour le second tour des élections présidentielles. Sans grande perspective hélas !

Le temps joue actuellement contre Boni Yayi. En dehors de l’Union fait la Nation qui lui fait toutes les misères du monde, c’est la coalition Abt (Abdoulaye Bio Tchané) qui sort ses griffes contre lui. Au fil des jours, des bandes d’anonymes viennent grossir le rang des fans de l’actuel président de la Banque Ouest Africaine de Développement (Boad) qui devient de plus en plus un groupe politique crédible. Et même s’il n’est pas encore formalisé en parti politique, il y a de quoi faire peur à tous les autres candidats à la prochaine élection présidentielle de 2011.

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En premier à Boni Yayi, qui doit craindre la montée de la fièvre « Tchané » un peu partout sur l’ensemble du territoire. Et pourquoi donc ? C’est que la candidature annoncée de Bio Tchané est synonyme d’échec pour Yayi. Originaire du septentrion comme lui, Abdoulaye Bio Tchané va forcément marcher sur les plates-bandes politiques du président Yayi et va énormément grignoter dans son fief politique. C’est d’ailleurs ce qui se passe actuellement avec déjà des déclarations de soutien de cadres et hommes politiques du septentrion en faveur d’Abt. Tous ceux qui sont déçus par le pouvoir de Yayi sont actuellement entrain de se pencher du côté de Bio Tchané. Beaucoup d’autres qui se réclament toujours proches de Yayi sont soupçonnés de flirter avec la mouvance Tchané. La menace Tchané est bien là, autour de Yayi et tente même d’entrer dans sa concession. Est-ce à cause de son imprudence ou de sa négligence. Il avait pourtant bien anticipé sur la menace et très tôt a mis en place un système de répression pour la faire disparaître rapidement. Persécution, menaces verbales sur la personne de Bio Tchané, diabolisation et sabotage de ses œuvres au Bénin sans oublier les nombreuses pressions qu’on mettait sur tous ceux qui sont connus ou soupçonnés comme ses soutiens. A Lomé comme à Cotonou, Bio Tchané était surveillé comme du lait sur le feu.

Mieux, Yayi est passé par la médiation de plusieurs personnalités politiques et des têtes couronnées du septentrion pour amener Tchané à renoncer à son projet. Kérékou, Tchabi Kao Pascal, les imams de Parakou et de Djougou ont été amenés à un certain moment à l’en dissuader. En faisant le bilan aujourd’hui, il se rend compte que cette méthode d’intimidation n’a pas marché et que c’est à cause des persécutions que Bio Tchané s’est résolu à ne plus lâcher cette ambition qu’il avait, nous a-t-on soufflé, depuis 2006.C’est alors qu’il fait l’option de la main tendue. Les accolades, quoique forcées, lors de la dernière rencontre des deux hommes témoignent bien de cette décrispation entamée par Boni Yayi. De plus en plus, les rencontres politiques de ses affidés ne sont plus interdits comme auparavant et les reportages de ses nombreuses activités politiques ne sont plus censurés à la télévision nationale.

Yayi a décidé de faire désormais de l’ennemi d’hier l’ami d’aujourd’hui et surtout de demain. Car, selon les pronostics et les sondages qui pullulent dans les milieux politiques à Cotonou, Tchané pourrait se retrouver comme troisième à l’issue du premier tour des élections présidentielles. Son choix sera donc déterminant pour l’élection du président de la République. Les contextes sociopolitiques et historiques du Bénin démontrent que Yayi a plus de chance de bénéficier du des voix de Tchané au second tour. La menace est donc vue aussi comme avantageuse. On est désormais décidé à l’amadouer sans penser qu’à force de progrès et de notoriété, le troisième d’aujourd’hui peut être le 2è ou même le 1er de demain. L’horizon ne s’éclaircit toujours pas pour Boni Yayi qui devra user d’autres stratégies plus efficaces pour se maintenir au pouvoir.   

Marcel Zoumènou

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