Prochaine desserte de Cotonou par Brussels Airlines

Les Béninois de nouveau grugés ?

Née des cendres de la SABENA, Brussels Airlines s’annonce pour l’été prochain dans les aéroports ouest-africains, dont Cotonou. Présentée comme une nouvelle offre alléchante dans les réclames servies en ce moment, la desserte de Cotonou fait l’objet d’un tapage diplomatique qui cache mal les avantages offerts à la compagnie belge au détriment des caisses de l’Etat béninois. La compagnie belge recommence à lorgner du côté de l'Afrique, persuadée qu'elle s'est bien ressaisie après la faillite retentissante de sa devancière, la SABENA, en novembre 2001; une excellente chose, du reste, pour les passagers des pays concernés,

Dans ce registre AIR AFRIQUE n'avait strictement rien à lui envier, c'est l'histoire des coûts et des politiques tarifaires inconsidérés qui furent à la base de ces deux échecs.
Voilà que la nouvelle compagnie, née des cendres de la SABENA, revient avec des intentions plus ou moins alléchantes, mais qui devraient avoir leurs limites dans le contexte économique mondial actuel.
 
Comme si nous n'étions que des éternels gentils au regard de nos propres intérêts économiques, des "nombrilistes" attardés qui ne savent que sacrifier leurs atouts fiscaux pour des amitiés sans aucun avantage et sans valeur réelle, c'est un vrai tapis rouge qu'on se permet de dérouler à une entreprise commerciale qui n'a réellement pas besoin du coup de pouce d'une banale escale africaine pour s'en sortir.
 
L'ambassade du BENIN en BELGIQUE, l'Ambassade du BENIN en FRANCE, le ministère des transports du BENIN, chacun à la manoeuvre, viennent de nous démontrer naïvement, une fois de plus, que les Africains n'ont que des amis.

CE QUE POURRAIT BIEN CACHER LA PROCHAINE INVITATION DE PARIS

Aller à la rencontre d'un opérateur économique pour en savoir un peu plus sur le produit qu'il propose n'est pas la vraie question.
Le problème, c'est : qu'est ce qui vaut bien à nos représentations diplomatiques, instruites à l'évidence par COTONOU, cet activisme soudain et soutenu à l’endroit d’une entreprise commerciale qui, elle au moins, a des objectifs de rentabilité à court terme bien précis, si ce ne sont probablement que les commissions occultes qu'on tire de ces largesses et de ces entremises occultes qui contrastent naturellement avec les intérêts supérieurs d'une nation.
 
Ce qui n'est pas anodin, non plus, c'est que l'objet du scandale a pris sa source dans la manière peu habituelle dont BRUSSELS AIRLINES s'y est prise pour négocier et contourner les usages et les démarches en matière d'ouverture de ligne et de desserte d'une escale.
Pour l'ouverture d'une ligne entre deux points, on signe des accords entre la compagnie et l'Etat en question. Interviennent généralement dans ces accords aériens, les ministères des transports, des finances, de l'Intérieur et de la sécurité, du commerce, de la défense etc…
 
Surprise, c'est, en tout et pour tout "un accord cadre" qui a été conclu entre l'ambassade du BENIN en BELGIQUE et la compagnie, en présence des seuls agents du ministère des transports, pour tenir lieu d'accord d'opération entre BRUSSELS AIRLINES et notre pays, en dehors des cadres du ministère des finances, notamment, et bien d'autres appelés aujourd'hui à entériner l'accord..
 
Vols presque à l'oeil, c'est ce que recherchaient, bien évidemment, les Belges, pour se livrer à une concurrence trop facile et pas très loyale aux autres compagnies déjà établies au Bénin.
 
Fraude à notre conscience collective, sinon, au nom de quoi devrait on procéder de la sorte pour une compagnie d'une aussi grande nation qui doit pouvoir s'établir et assumer tous les coûts de touchées et d'opération, qui sont déjà parmi les plus bas du monde?
 
N'est-ce pas le problème des éternelles accointances, sur la base de contreparties imaginaires et négligeables pour notre pays, qui débouchent naturellement sur des rétro commissions dont on n'est jamais sensé voir ni la couleur, ni la consistance?

 
Ce sont autant de questions qui doivent se bousculer dans la tête de chacun, bien malin qui y apporterait les bonnes réponses.
 
Croyez vous que l'offre de lancement de BRUSSELS AIRLINES n'est pas assez alléchante en elle même pour soulever les foules, par les seuls efforts, au plan médiatique et promotionnel, d'une compagnie qui en a les moyens?
 
Avait-on peut être besoin, en France, de lui servir d'ouvreur, pour un intérêt plutôt insignifiant, et de priver les caisses de notre trésor public et celles des services fiscaux de ressources consistantes nouvelles, alors que le budget général de l’Etat est en constante souffrance de rentrées de recettes directes et conséquentes?
 
Avouez, les méthodes de gouvernance de notre pays continuent de nous donner des frissons, par cette trop grande facilité et cette audace à enfreindre aux règles et aux procédures dont le pays s'est, lui même, doté.
– Les contribuables béninois ont le droit de savoir ce que contient cet "accord cadre", en matière de transport aérien commercial international et qui, du coup, pourrait distinguer Brussels Airlines d'une autre compagnie desservant déjà Cotonou. Si c'est le cas, Est-ce raisonnable pour notre économie?
– Les contribuables béninois voudraient également savoir si les procédures ayant amené ces mêmes fonctionnaires du ministère des transports sur les bords de la Seine, en février 2010,  pour prospecter, à la place d'une équipe technique avérée, les équipements et autres installations destinées à l'aéroport de Parakou, sont bien celles prévues en pareilles circonstances?
 
 

LE PAYS VA MAL

Il y a lieu de conclure que mon pays va mal, parce qu'on est loin d'imaginer qu'à ce siècle, avec le grand retard que nous accusons dans tous les domaines, les choses puissent encore fonctionner aussi grossièrement au nez et à la barbe de ces cadres intègres et très compétents, à qui on aura enlevé toute envie de relever la moindre anomalie dans le fonctionnement des services, qui serait politiquement et opportunément exploitée au détriment de leur carrière.
 
Mon pays va mal et il n'est pas moins sûr que toutes ces choses se passent avec l'aval ou les instructions de nos gouvernants; imaginez le peuple béninois de France, qui n'est pas le seul concerné par le redéploiement de la compagnie belge en AFRIQUE, convié par les institutions diplomatiques béninoises à aller goûter aux petits fours dont BRUSSELS AIRLINES serait peut être incapable d'assurer elle même les invitations.
 

Quelle ambassade occidentale nous ferait un tel cadeau en Afrique pour une entreprise béninoise ou même sous régionale?

Mon pays va mal, cher Président, car ce sont là des ingrédients qui sapent le moral de vos concitoyens.
Donnez tous les moyens aux organes de lutte contre la corruption, de lutte contre les détournements des fonds publics et ouvrez la voie aux investissements innovants et juridiquement contrôlés qui ouvrent véritablement la voie au développement.
 
Dans un pays qui se respecte et qui se veut véritablement émergent, le budget de l'Etat devrait s'équilibrer en prévisions pertinentes de recettes et en dépenses contrôlées.
On dirait que, même dans cette matière, nous sommes constamment en politique.
 
A quand les vraies options économiques qui feraient décoller ce pays?

Christian Désiré HOUSSOU
(Correspondant en France)

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