Le chef de l’Etat guinéen, le général Sékouba Konaté, est en colère. Il soupçonne certains militaires de vouloir saper le processus de démocratisation en cours dans le pays et d’attenter à sa vie.
Des proches de l’ancien chef de la junte militaire, le Capitaine Moussa Dadis Camara, seraient dans son collimateur. La vie du président guinéen, le général Sékouba Konaté, serait-il en danger ? Ses proches sont, en tout cas, convaincus qu’un coup de force contre le chef de l’Etat n’est pas exclu au regard des divisions internes qui minent la grande muette. Le président intérimaire semble, lui-même, prendre au sérieux ces menaces qui pourraient déstabiliser son régime et remettre en cause le processus de démocratisation en cours. Il reconnaît volontiers que des forces obscures tapies dans l’ombre sont en train de se réunir ‘clandestinement’ pour attenter à sa vie.
Dans un discours, aux relents guerriers et plein de menaces, prononcé vendredi dernier devant des militaires au camp Alpha Yaya Diallo, il a lancé une sévère mise en garde à ceux qui ‘menacent de saper les efforts de démocratie que le pays est en train de mettre en place’, sans toutefois les nommer. En fin stratège, le général Konaté sait que la meilleure façon de se défendre, c’est d’attaquer, comme on le dit dans le jargon militaire. C’est donc en toute connaissance de cause qu’il décide de prendre les devants pour dire à ses adversaires qu’il les garde à l’œil.
‘Si vous continuez à pagailler, nous n’allons pas vous mettre en prison seulement, mais nous allons vous radier, vous poursuivre et vous tuer’, a-t-il martelé en s'adressant aux militaires.
Et le président Konaté de poursuivre: ‘Partout où vous êtes, votre position est surveillée. Ceux qui veulent saboter la démocratie, on va les tuer’. Réputé d’habitude calme et impassible devant les situations périlleuses, tout comme dans les champs de bataille, le président guinéen se met rarement en colère, selon ses proches. Mais, cette fois-ci, les choses ont, semble-t-il, débordé. Il fallait qu’il réagisse pour montrer aux faucons de l’armée qu’il est au courant de ce qui se trame, souligne-t-on.
Dans l’entourage du chef de l’Etat guinéen, on soupçonne des fidèles au Capitaine Moussa Dadis Camara d’être derrière ce complot qui vise à stopper le processus de démocratisation enclenché, en début d’année, par le général Konaté. L’ancien homme fort de Conakry jouit encore d’une grande popularité parmi les officiers. Ses proches sont encore très influents dans l’armée.
C’est le cas notamment du Commandant Claude Pivi, ministre chargé de la Sécurité présidentielle et du Lieutenant-colonel Moussa Tiegbéro Camara, ministre des Services spéciaux, chargé de la lutte contre la drogue et le grand banditisme.
Pour rappel, le Colonel Moussa Keïta, secrétaire permanent du Cndd, un des proches du Capitaine Dadis Camara, a été arrêté au mois de février dernier et détenu pendant plusieurs heures avant d’être relâché. Les partisans du chef de la junte militaire sont très remontés contre le général Konaté qu’ils qualifient, selon le site africaguinee.com de ‘traître et ingrat’. Et ils lui en veulent à mort pour avoir anéanti leur rêve de rester au pouvoir et de profiter des différents privilèges qui s’y rattachent, comme le souhaitait le Capitaine Moussa Dadis Camara.
Ils lui reprochent aussi d'avoir permis le retour, au devant de la scène, des proches de l’ancien président, feu le général Lansana Conté. Ces derniers avaient été arrêtés arbitrairement et incarcérés, au lendemain du coup d’Etat militaire du 23 décembre 2008, qui avait porté au pouvoir le Capitaine Dadis Camara. On comprend, dès lors, la colère des proches de l’ancien chef de la junte militaire dont la page est en train d’être tournée.
M. Aliou DIALLO (walfadjri)
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