Les premiers jets du rapport définitif et général des observateurs de l’Ue déployés au Togo lors de la présidentielle du 04 mars n’ont pas compté dans la prise de position des principaux partenaires européens de ce petit pays d’Afrique de l’ouest sur l’organisation et la proclamation des résultats du scrutin présidentiel de ce début d’année. Visiblement, aussi bien dans la sous-région ouest-africaine, en Afrique qu’en Occident, la démocratisation du Togo est devenue une patate chaude que tout le monde veut filer à qui veut bien la prendre…
En 2005, à l’issue de l’organisation au Togo à la hussarde de l’élection présidentielle du 24 avril, Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre français de l’Intérieur, avait qualifié cette consultation électorale « de mascarade ». Moins de cinq années plus tard, il a fait partie des partenaires en développement du Togo qui se sont empressés d’adresser leurs félicitations au président réélu Faure Gnassingbé, après la confirmation de sa victoire par la Cour constitutionnelle togolaise. Ce, malgré les patentes et graves irrégularités mises à nu avant et le 04mars même par la Moe (Mission d’observation électorale) de l’Ue déployée en terre togolaise.
C’est dire combien de fois le pouvoir peut faire changer les convictions intimes d’un homme et que les Etats, dans le jeu des relations internationales, « n’ont pas d’amis, mais que des intérêts ». Quels sont les péchés que les Togolais ont pu bien commettre contre dame Nature pour ne pas mériter l’établissement d’une véritable démocratie sur leur terre natale comme ils le voient dans des pays limitrophes de leur territoire comme le Bénin et le Ghana ? Déjà, fin 2007-début 2008, le parlement européen avait pratiquement pris le contre-pied du rapport rendu public par les mandataires des 27 lors de leur observation autour des législatives d’octobre 2007… Mais, rien n’y fit…
Comme une fois de plus en ce début d’année 2010 au cours de laquelle le Togo va bientôt célébrer le 50ème anniversaire de son accession à la souveraineté internationale. Le message que les Occidentaux et plus particulièrement les Européens semblent renvoyer dorénavant aux Togolais depuis la reprise de la coopération Bruxelles-Lomé (après près de 15 ans de rupture pour « déficit démocratique ») s’apparente à ceci : « Opposants togolais, allez dialoguer avec le parti au pouvoir ; faîtes partie de son gouvernement, fût-il d’union familiale ou nationale. L’essentiel, ce n’est pas la contestation des résultats des divers scrutins qui sont organisés dans le pays et que de toute vraisemblance vous remportez systématiquement. Le Rpt est bien cramponné au pouvoir. Donc, vous n’avez pas besoin de démocratie à la béninoise ou à la ghanéenne. Hélas, c’est la seule alternative que nous pouvons vous offrir. Soit vous y adhérez, soit vous allez demeurer des opposants tout au long de votre vie et ainsi, vous n’allez jamais goûter aux délices du pouvoir… » !!!
En abondant dans le même sens que le président français (la formulation de félicitations adressées à Faure Gnassingbé), le président de la Commission de l’Ue, le portugais José Manuel Baroso a confirmé cette lecture sus-décrite par l’Ue de la démocratie au Togo. En d’autres termes, les Togolais n’auraient pas droit selon les dirigeants européens aux vertus bénéfiques de la démocratie représentative comme ils les promeuvent sur le « Vieux continent ». Pourquoi les 27 n’ont pas crié haro sur l’organisation du rendez-vous électoral crucial du 04 mars, alors même que les signaux renvoyés par les observateurs attentifs du Togo étaient alarmants quant à la possibilité des Togolais de se donner un président légitime à l’issue d’un tel processus électoral ? Un peu comme ils s’y adonnent actuellement dans le processus d’organisation des élections générales prévues en avril en Centrafrique ! Où est en outre passée l’austérité financière brandie par les 27 quand un des leurs vient à dépasser les limites qui lui sont fixées ? Les dirigeants européens sont donc prêts, dans cette logique, à ne pas concéder au gaspillage de l’argent du contribuable européen en fustigeant dans tous les sens les Grecs, mais ne ressentent aucune gêne à fermer les yeux sur les dizaines de millions d’euros engloutis dans l’organisation du scrutin du 04 mars au Togo… Pour obtenir des résultats frauduleux !
Ainsi fonctionne hélas la finance internationale : ce qui est valable pour les uns ne l’est pas pour les autres. Aux Africains d’en prendre conscience une fois pour toutes. D’ailleurs, la supposée aide électorale que l’Ue est censée avoir apporté aux Togolais sera déduite tôt ou tard du mécanisme du décaissement des Fed (Fonds européens de développement). En 2005, la communauté internationale a condamné du bout des lèvres la mascarade électorale macabre au Togo. Cette année, cette même communauté s’empresse de féliciter le président mal réélu. Togolais, vous êtes plus que jamais seuls au monde ! Quand allez-vous le comprendre ?
(AfriSCOOP)
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