« Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite » postulait Henry Ford. Depuis ce 12 mars 2008 où ils officialisèrent leur alliance qui était surtout conjoncturelle, les leaders du G4 devenu l’Union fait la Nation, travaillent à structurer leur creuset.
Conformément au postulat d’Henry Ford, l’on peut considérer qu’ils ont réalisé le début en se réunissant, qu’ils ont progressé en restant ensemble jusqu’à la désignation d’Adrien Houngbédji comme étant leur candidat unique pour la présidentielle prévue pour 2011. Ces deux étapes franchies, il leur reste maintenant à gravir la dernière, la plus importante, la plus périlleuse aussi, celle qui peut leur garantir la réussite: travailler ensemble. Car là est une autre paire de manche. Certes, c’est beaucoup de travail, d’efforts, de sacrifices et autres renoncements qui ont permis de faire ce bout de chemin pas négligeable. Et de calculs aussi… Désormais, ils sont théoriquement à un an d’une possible mais non encore acquise réussite. Un an qui paraîtra toute une éternité à certains membres du creuset, tant chaque geste, chaque propos, chaque regard ou non regard, chaque action ou inaction, chaque attention ou inattention comptera, notamment de la part du candidat désigné à l’égard des autres. La capacité des uns et des autres, particulièrement des recalés, à se mettre sans réserve au service de l’ensemble comptera aussi. La capacité du candidat désigné aussi à se dominer. Tous devront donc se mettre au travail, résolument et sincèrement, sans calculs personnels étroits.
Car il faut le dire, quand l’autre candidat à la candidature unique, Léhady Soglo, clame sa conviction que c’est « le meilleur d’entre eux (nous) qui a été désigné », cela ne veut nullement dire que les autres aient cessé de croire en leurs qualités et en leurs chances. S’il est vrai qu’objectivement Adrien Houngbédji était le mieux placé pour rafler la mise, il n’en demeure pas moins que les autres ont dû mettre entre parenthèses leurs ambitions légitimes pour lui ouvrir le boulevard sur lequel ils espèrent aussi rouler après lui. Dès lors, Adrien Houngbédji se retrouve, du simple fait de sa désignation comme candidat unique de ce grand creuset qu’est l’Union fait la Nation, dans l’antichambre de la présidence de la République. Mais de l’antichambre à la chambre, il y a une porte à passer, une porte barrée d’un épais rideau, et qu’il peut ne pas être aisé de la franchir. A ce propos, toute prétention du candidat à se voir déjà dans la peau de chef pourrait se révéler suicidaire. L’attitude répudierait l’humilité. Or, l’avenir du creuset dépend en grande partie d’Adrien Houngbédji, de sa capacité à se faire serviteur plutôt que roi. Mais si le choix d’Adrien Houngbédji règle le problème immédiat de l’entente forcée de tous ces leaders, il n’est pas certain, que sur le long terme, il les satisfasse tous. Là est une autre histoire… En attendant, l’homme peut dire, comme Georges Pompidou en son temps : « Je ne crois pas avoir ce qu’on appelle un avenir politique. J’ai un passé politique. J’aurai peut-être, si Dieu le veut, un destin national, mais c’est autre chose. » Après quatre tentatives, qu’avait-il, en effet, à espérer encore s’il devait affronter seul l’échéance annoncée, au regard de la géopolitique béninoise ? Pas grand-chose assurément. D’où sa dette envers ceux qui, se faisant porteurs d’eau malgré leurs aspirations légitimes, lui balisent le chemin, n’en est que plus grande. D’ici à là, il faudra s’attendre à le voir sous tutelle politique pour refléter effectivement les vues et aspirations de ses alliés. Car, le risque n’est pas encore conjuré que tout puisse être remis en cause…
Si le coup qu’ils sont en passe de réussir est inédit et méritoire, Adrien Houngbédji et ses amis de l’Union fait la Nation doivent en plus, pour rassurer la grande majorité des Béninois, donner des gages de leur volonté de transcender les clivages régionalistes et de pouvoir gouverner autrement. Ils doivent aussi pouvoir faire face aux assauts de leurs adversaires de la mouvance présidentielle. Comme la candidature annoncée de Galiou Soglo, qui tend certainement à forcer la main à son frère Léhady dont on sait qu’il avait des ambitions légitimes. Comme aussi les désaffections et désapprobations voire démissions collectives réelles ou fictives qui pourraient être suscitées dans les rangs de leurs militants ou être orchestrées par des militants adverses qu’on leur aurait prêtés de façon circonstancielle et sans leur avis, véritables mercenaires de service. Ce serait de bonne guerre car tous les moyens seront bons pour démobiliser les troupes adverses, les démoraliser… La réalité est sur le terrain.
Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI (Source : http:/commentvalebenin.over-blog.com)
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