(Il note une éclaircie dans la démarche de Bako)
Après sa lettre ouverte d’il y a deux semaines, et suite à l’évolution de la démarche et du discours sur la réalisation de la Lépi, le spécialiste des questions électorales, Clotaire Olihidé, vient dans la présente opinion constater une éclaircie dans le processus. Resté constant dans la thèse selon laquelle la Lépi ne peut être disponible pour les élections de 2011, il propose une formule de rechange pour l’élaboration de la liste des électeurs. Lire son opinion.
Le jeudi 15 Avril 2010, j’ai demandé au Superviseur Général de la CPS/LEPI, à travers une lettre ouverte, de reconsidérer sa position par rapport au concept même de la LEPI et aux conditions et méthodes de sa réalisation, ainsi qu’au sujet de la possibilité de rendre cet outil disponible pour les élections de 2011.
Est-ce ma lettre ouverte qui a rencontré un écho favorable auprès de l’Honorable BAKO-ARIFARI ou est-ce le cours des événements qui a influencé l’homme ? Je ne saurais le dire. Toujours est-il que je constate – et il faut lui en reconnaître le mérite – que le Superviseur Général de la CPS/LEPI a sensiblement évolué depuis lors, sinon dans ses actes, du moins dans ses déclarations.
Morceaux choisis : « … Par rapport à la conduite du processus, tout le monde a fini par s’engager pour cette opération. Sur le sujet, nous nous sommes longtemps expliqué et à la fin de cette étape de recensement porte-à-porte prévue pour prendre fin le 5 Mai prochain, nous allons organiser une sorte de session de rattrapage pour les localités où l’opération a connu un retard de démarrage. Voilà quelques mesures que nous envisageons de prendre à l’avenir pour qu’à la fin du processus, on n’ait pas un Béninois qui ne puisse pas se faire recenser… » ; « … Si nous arrivons à réaliser la LEPI avant l’échéance de 2011, je ne vois pas ce qui peut empêcher son utilisation. Parce que c’est légal. Par contre, si 60 jours avant l’échéance électorale, nous n’avons pas la LEPI, bien entendu des solutions intermédiaires viendront d’elles-mêmes… » ;
« … lorsqu’on va finir la phase du recensement, nous allons nous asseoir pour valider les résultats, avant de chercher à aborder une autre phase. Il y aura des propositions que nous examinerons… » (Source : La Nation N° 4981 du mardi 27 Avril 2010).
Ces déclarations du Superviseur Général de la CPS/LEPI permettent de croire que l’homme est capable d’ouverture et de réalisme. J’avoue que cela le fait remonter dans mon estime et me fait penser que, contrairement à d’autres personnes qui ont cru que la lettre ouverte du 15 Avril visait à le dénigrer, son destinataire a compris que l’objectif était plutôt de l’amener à prendre la véritable mesure de la responsabilité qu’il endossait.
Trois informations essentielles sont à tirer de ces propos de l’Honorable BAKO-ARIFARI :
1°) Tous les Béninois ciblés par la LEPI seront recensés.
Cela est rassurant lorsqu’on considère que dans un passé récent, il était question de recenser seulement ceux qui accepteraient.
2°) Il n’est plus question de réaliser coûte que coûte la LEPI pour les élections de 2011.
Cet objectif qui a longtemps hanté les esprits a été la principale cause de la précipitation qui a donné lieu aux cafouillages et tensions observés jusqu’à présent. Toutes choses qui ne sont pas de nature à garantir la transparence et la régularité des opérations entrant dans le cadre de la réalisation de la LEPI, remettant du coup en cause l’essence et la finalité même de cet outil.
3°) Une séance de validation interviendra à la fin du recensement avant de passer à une autre étape.
Cela est d’autant plus essentiel que dans un processus comme celui de la LEPI où l’organisation satisfaisante d’une étape conditionne quoi qu’on dise le bon déroulement de l’étape suivante, il importe après chaque phase de valider celle-ci, au besoin sous réserve de corrections ou réglages mineurs qui pourraient se faire concomitamment avec d’autres phases.
Ce faisant, le Superviseur Général de la CPS/LEPI a recentré le débat et rassuré plus d’un quant à l’orientation qu’il entend donner à sa mission. Il mérite pour cela d’être félicité et encouragé à traduire réellement en actes concrets toutes ces déclarations d’intention.
Toutefois, au-delà de ces paroles apaisantes qui, me semble-t-il, devraient contribuer à baisser considérablement la tension ambiante, il me plaît de soumettre à la réflexion de nos décideurs une pensée lancinante qui ne cesse de me hanter au vu des opérations qui restent à mener pour réaliser une LEPI acceptable et du temps qui nous sépare des élections de 2011.
Car, dès lors qu’on s’entend sur le postulat que la LEPI ne servira pas nécessairement pour les élections de 2011, il s’agit alors de savoir quelle liste sera utilisée le cas échéant.
A cette question, le Superviseur Général de la CPS/LEPI a répondu : « … des solutions intermédiaires viendront d’elles-mêmes… ».
Pour ma part, mon intime conviction au vu des expériences de certains pays (comme le Sénégal par exemple qui a mis six mois prorogés ensuite de trois mois supplémentaires pour réaliser la seule étape de l’enregistrement de la population électorale de 18 ans et plus) est que nous devons éviter l’optimisme béat qui consiste à croire que nous pouvons encore réaliser une bonne LEPI pour 2011.
Cette option mise de côté, les « solutions intermédiaires » qui pourraient se présenter sont de deux ordres : soit nous recourrons aux listes manuelles et donc nous faisons un retour à la case départ, soit nous choisissons d’utiliser les données issues du RENA en cours sans qu’elles aient été définitivement validées. En tous les cas, nous serons donc contraints de choisir entre deux mauvaises solutions, pour ne pas dire que l’une d’entre elles s’imposera à nous.
Au regard de tout cela et pour ne pas être obligés de « subir » un choix de dernière minute, je suggère que nous réfléchissions à une solution intermédiaire qui nécessite d’anticiper et d’ « agir ». Elle pourrait se présenter comme suit :
1°) Après la séance de validation qui interviendra à la fin du recensement, le processus de réalisation de la LEPI est suspendu et les corrections à apporter pour parfaire les deux étapes déjà réalisées sont répertoriées et planifiées.
2°) Le groupe de travail ATAYI-GUEDEGBE procède à une relecture de toute la loi électorale en veillant à y intégrer des dispositions permettant de réaliser une LEI avec biométrie pour 2011. A cet effet, la réalisation de la LEI pourrait être confiée à la CENA. Cela permettrait d’éviter la coexistence à un moment donné de deux structures parallèles travaillant au même objectif.
3°) Les résultats des travaux du groupe de travail ATAYI-GUEDEGBE sont reversés à l’Assemblée Nationale qui les valide et vote la loi en procédure d’urgence, de sorte que la CENA soit installée dès la fin du mois de Juin.
4°) Après les élections de 2011, la CPS/LEPI reprend ses travaux là où elle s’est arrêtée tout en recourant autant que faire se peut à la base de données des élections de 2011.
Cette option aura, à mon sens, le double avantage de doter dans tous les cas le Bénin d’une liste électorale sécurisée pour les élections de 2011 et de jeter les bases véritables d’une LEPI transparente, crédible et fiable au lendemain desdites élections.
Ceci est une proposition. Elle peut être soit considérée, étudiée, parfaite et retenue, soit ignorée ou rejetée selon que nous décidions d’ « agir » par anticipation ou de « subir » à la dernière minute.
Clotaire OLIHIDE,
Auteur de l’ouvrage « Elections Communales et Locales 2008 au Bénin : Autopsie d’un cafouillage organisé »
Tél : 95 85 69 13 / 97 54 24 86
Email : oliclot77@yahoo.fr
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