En rébellion parlementaire imprenable

Les députés sevrés par Boni Yayi

(Ils n’ont pas droit au budget adopté par ordonnance)
A l’Assemblée nationale, les députés et le personnel parlementaire ont du mal à percevoir les salaires et indemnités du mois de mars. Ce qui pourrait provoquer des conséquences politiques, puisque les députés s’apprêtent à saisir les juridictions compétentes pour se faire entendre, selon le premier questeur de l’Assemblée nationale, Sacca Fikara.

Dans une correspondance envoyée au Directeur de la questure de l’Assemblée nationale, le premier questeur du Parlement, Sacca Fikara, demande la cessation de toute délivrance de chèques relatifs à tout paiement de salaires du personnel, d’indemnités parlementaires des députés, de frais de missions, de fournitures ou prestations de service. La crise économique qui secoue le pays a-t-elle pris par là ? Certainement oui. Il n’est plus un secret pour personne que le gouvernement actuel éprouve d’énormes difficultés pour faire face à ses charges. Et si la représentation nationale arrive à être privée de moyens pour son fonctionnement, cela voudrait dire que la crise économique béninoise a atteint un niveau criard. Alors, il faudra commencer par avoir des inquiétudes pour les mois à venir.

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Malgré cette situation, il n’est pas exclu d’y voir des règlements de compte politique, lorsqu’on sait que l’Assemblée nationale est actuellement la seule institution qui résiste au gouvernement du président Boni Yayi, au moment où la Cour suprême, le Conseil économique et social, la Cour constitutionnelle font visiblement le jeu du pouvoir. Il suffit de jeter un regard rétrospectif sur certains faits pour comprendre la situation. En décembre dernier, le gouvernement était obligé de voter le budget général de l’Etat par ordonnance après l’avis défavorable de l’Assemblée nationale. Ensuite, vient la guerre autour de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) jusqu’à l’abrogation de la loi l’instituant. Donc, le régime du Changement, ayant perdu la majorité au palais des gouverneurs, a du mal à maîtriser les députés pour atteindre ses objectifs inavoués. Donc, les priver de salaires et d’indemnités serait peut-être une manière forte pour les mettre aux ordres. Sinon comprendre que les autres institutions républicaines qui subissent le diktat du gouvernement ne se plaignent pas. Face à cette situation, les députés ne resteront pas les bras croisés. En effet, si rien n’est fait dans les jours à venir, des voix vont s’élever pour décrier le gouvernement. De là, un nouveau champ de bataille serait ouvert entre l’exécutif et le Parlement.

Dès lors, il est important que le gouvernement prenne des mesures pour rectifier le tir à voir le rôle que joue l’Assemblée nationale dans le développement du pays. Sa paralysie risque de bloquer les ratifications dont le pays a besoin pour financer ses projets de développement. De même, le blocage des activités parlementaires portera atteinte à l’image de marque de la démocratie béninoise. Dans ces conditions, il va falloir que le gouvernement sache qu’il est urgent de donner les moyens à la représentation nationale pour son bon fonctionnement.

Jules Yaovi Maoussi

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