LEPI : La bataille de la rue !

Après la bataille pour l’abrogation de la loi par l’Assemblée nationale, après la bataille devant la Cour constitutionnelle, voici maintenant la bataille de la rue. Oui, le débat sur la LEPI s’exporte dans la rue.

Sans égard pour les dards du soleil au zénith ce 20 avril -entre 14 et 15H-, des Cotonois, les femmes étant plus nombreuses que les hommes, ont battu le macadam pour échouer au ministère en charge des Relations avec les Institutions. Guêtrés dans leurs habits bigarrés ils étaient mobilisés telles des bêtes de somme, pour aller clamer leur foi en la LEPI pour 2011 et exhorter le chef de l’Etat à poursuivre sur sa lancée. Au coeur de la marche, une pincée de pontifes et de pasteurs du régime, en mal de strapontins et de popularité, ayant certainement vu là occasion pour montrer leur attachement au chef émergent. Par ces temps rudes, il peut être utile de se faire compter parmi les amis fidèles. Sait-on jamais. Cela peut valoir quelque biscotte.

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La manifestation intervient à un moment où, pourtant, tout pousse objectivement à ramener la sérénité dans la maison LEPI. Le rapport du Groupe de travail mis en place est plus que clair à cet effet. Il appelle à des corrections. On n’en dit rien. Débarquées parfois par des bâchées, ces marcheurs savaient-ils seulement ce à quoi ils servaient ? Là n’est pas le plus important pour eux. Une marche en faveur de la LEPI aurait valablement gagné à échouer au siège de la Commission politique de supervision si l’on la voulait apparemment neutre. Au lieu de cela, c’est un ministère qui fut la destination. Choix assumé autant que celui du porte-parole des marcheurs, Augustine Afouda épouse Biaou, qui est officiellement présentée comme étant l’une des responsables des femmes FCBE du 3ème arrondissement de Cotonou. C’est donc clair que la bataille est engagée sur le terrain. Car, désormais, les anti LEPI pour 2011 peuvent aussi descendre dans la rue, à travers le pays. On espère alors qu’ils auront la même facilité à marcher en cas même d’absence de toute autorisation des autorités communales et municipales.
La marche en question, il faut le rappeler, intervient à un moment où le bon sens recommande de tenir compte tout au moins des recommandations du Groupe de travail. Il s’en dégage que, plus qu’une manœuvre d’entêtement, elle frise l’obstination, le refus de dialogue. Le sage m’a dit que lorsqu’un homme, un groupe, un camp en arrive à cet extrême, c’est qu’il n’a plus d’argument à faire valoir. En l’espèce, plus rien ne semble pouvoir être opposé à l’objectivité consommée du rapport du Groupe de travail. Dès lors, si on ne veut pas le prendre en compte, il faut le contourner. Le dilatoire de mauvais aloi ne devrait pas suffire à lui tout seul pour parvenir à cette fin. Il faut en plus, pour se donner de la contenance, imaginer d’autres moyens plus efficace. Le recours à la rue est une bonne trouvaille. Comme à l’aube du régime émergent, quand il fallait par exemple mettre sur la touche ceux qui ont fricoté avec le régime Kérékou, même quand il s’agissait de gens qui ont travaillé à faire venir Yayi. Comme à l’occasion de certains débats majeurs. Mais s’ils avaient eu la sagesse d’évaluer les effets du populisme, ils devraient s’être aperçus que c’est une méthode qui n’a pas fait que du bien au régime, surtout pas. Mais bon, l’accoutumance du régime à ce mode de gestion est entendue. Le message subliminal lié à cette marche est clair : dans le camp présidentiel, on tient à la LEPI pour 2011. Cela peut d’ailleurs justifier des transactions horriblement inimaginables avec certains acteurs politiques pour les décider à soutenir le processus dans sa forme actuelle. Veut-on d’une LEPI crédible ou d’un instrument domestiqué ?

Il faut cependant reconnaître que les marches pour la LEPI en 2011, car il s’en suivra assurément beaucoup d’autres après celle de Cotonou, un peu partout dans le pays, en attendant peut-être l’heure fatidique où on ne pourra plus s’amuser, auront l’avantage majeur de détourner, pendant un moment au moins, les populations des débats essentiels de l’heure.

Comme celui qui consisterait à se souvenir que le ciment coûtait 61.500FCFA quand Boni Yayi accédait au pouvoir, mais qu’il coûte aujourd’hui 90.000FCFA. Comme celui du coût de l’électricité aujourd’hui et surtout des dettes de la SBEE. Comme les prix de plus en plus prohibitifs des produits pétroliers à la pompe. Comme aussi l’amenuisement de plus en plus prononcé du pouvoir d’achat des populations pendant que les salaires politiques n’ont jamais été aussi mirobolants. Et j’en occulte volontiers de plus préoccupants encore.
Le mensonge a beau courir, beau prendre de l’avance, la vérité le rattrapera toujours !
Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI (Source : http:/commentvalebenin.over-blog.com)

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