Bénin Télécom Sa: Les dessous d’une privatisation controversée

Le chien aboie, la caravane passe. En dépit des protestations des travailleurs et des griefs de Béninois épris de justice, le gouvernement est décidé à privatiser Bénin Télécom Sa. Il vient de relancer dans la confusion et la précipitation le processus. Occasion propice pour France Télécom, potentiel repreneur, de poser ses conditions. Tant pis pour les travailleurs qui doivent s’attendre au pire.

Aucune privatisation n’a jamais autant révolté au Bénin.. Au mépris de la loi, le gouvernement décide de privatiser une société aussi sensible et aussi stratégique pour le développement de notre pays dans les conditions très floues. La tête baissée, il fonce pour atteindre son objectif. Qu’importe les jérémiades des travailleurs qui doivent, selon les exigences du repreneur potentiel, payer le prix fort. Selon donc les informations actuelles, la privatisation est consommée. Et c’est le moment où les appétits les plus voraces mais aussi les exigences les plus sordides se manifestent. C’est le cas de France Télécom, ce repreneur potentiel, de poser certaines conditions avant d’accepter de reprendre cette société qui accumule une dette colossale de près de 200 milliards de nos francs. Que demande-t-il ? Dans une lettre en date du 30 novembre 2009 envoyée par son directeur du développement international, Patrick Roussel, à la Commission technique de dénationalisation, ces deux conditions sont celles-ci. Primo, « consolidation de Bénin Télécom avec l’opérateur mobile Bell Bénin Communication, comme évoqué dans le dossier de pré qualification ».En clair, France Télécom veut acheter Bénin Télécom avec Bell Bénin Communication. Un arrimage qui peut paraître suspect au regard de la nature de celle-ci et de l’identité politique de son patron. En effet, Bell Bénin Communication est une société privée dont le patron n’est personne d’autre que le député Issa Salifou Saley, membre du G13 et dont on connaît aujourd’hui l’hostilité à la politique du président Boni Yayi. De sources concordes, Issa Salifou aurait proposé 100 milliards pour laisser son maroquin. Secundo, France Télécom parle de « possibilité de départs négociés d’agents de Bénin Télécom Sa dans le cadre d’un plan social ».Il s’agit ni plus, ni moins de licenciements camouflés sous le vocable euphémique de « départs négociés ». Mais les travailleurs ont vite compris le message.

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Ils ont commencé à protester depuis. C’est surtout le Syltra-bt (syndicat libre des travailleurs de Bénin Télécom Sa) qui a le plus combattu ce bradage sauvage du patrimoine national dont 80% des actions seront livrées au repreneur dans la confusion totale. Tenez, l’évaluation de la société encore moins le dossier d’appel d’offres ne sont pas encore terminés avant que le gouvernement ne lance cette privatisation. Tout se passe comme si le gouvernement veut vite se débarrasser de cette société avant 2011.D’autres agents de la société n’hésitent pas à affirmer que le gouvernement veut brader cette société afin d’utiliser l’argent pour la campagne électorale.
(A suivre)

Marcel Zoumènou

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