Hommage au camarade Pascal Fantodji le 24 avril 2010 à Paris

Cette voie qui fut la tienne

Le père fondateur du Parti communiste du Bénin (Pcb), Pascal Fantodji, a reçu des hommages dignes de son rang à Paris, le 24 avril dernier. Ses camarades de lutte ont organisé une cérémonie pour lui dire leur adieu. Dans un témoignage lu par Gilbert Kouessi ce jour-là, les œuvres et les qualités de l’illustre disparu ont été rappelées et citées en exemples dans la défense des couches défavorisées. Pour les uns et les autres, la mort de Pascal Fantodji est une grosse perte pour le continent africain en général, et pour le Bénin en particulier.

Le 5 avril 2010, Pascal FANTODJI, le fondateur du Parti Communiste du Dahomey (PCD) aujourd’hui (PCB) s’est éteint des suites d’une courte maladie. Si pour nous autres membres du Parti, nous venons de perdre le meilleur d’entre-nous, les peuples du Bénin et d’Afrique viennent de perdre un de leur digne fils et  le prolétariat international un de ses éminents représentants. Pascal FANTODJI cumulait en lui, le patriotisme le plus ardent et l’internationalisme prolétarien le plus actif. Il était un théoricien et un praticien hors-pair. Sa force, c’est que, contrairement à beaucoup d’étudiants qui sont arrivés au militantisme à partir des écrits des grands révolutionnaires, lui  est venu à la théorie marxiste en cherchant à éclairer la pratique révolutionnaire dans laquelle il s’est engagé en constatant la misère grandissante de son peuple une fois rentré au pays après ses études. Etudiant à Paris, entre 1961 et 1967, il était plutôt éloigné des joutes oratoires de la FEANF, de l’UGEED et de L’AED où on faisait et refaisait le monde. Ce qui a véritablement fait basculer sa vie, c’est sa candidature à la députation en 1970 dans sa région natale sur présentation des organisations démocratiques de jeunes. Le travail de propagande au sein de la paysannerie de sa région, l’accueil des masses, lui ont permis de côtoyer la misère, mais aussi de constater le potentiel révolutionnaire que recélaient ces masses de gens si une organisation digne de ce nom pouvait leur servir de boussole dans la lutte pour leur émancipation.  En effet, les insuffisances et les faiblesses du mouvement démocratique qui régentait ces luttes lui étaient apparues très clairement. C’est à partir de là qu’il s’est rageusement mis à étudier l’expérience des autres peuples  et qu’il a rencontré le Marxisme-léninisme. Il prit la décision de retourner en France pour terminer son Doctorat et parfaire sa formation politique. C’est pendant cette période de 1971 à 1975 qu’à Paris, il a jeté les bases de la création du Parti et élaboré la stratégie et la tactique générale de la révolution au Bénin. Dès lors, il fit sienne la XIème thèse de Karl MARX sur FEURBACH : « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de diverses manières ; mais ce qui importe, c’est de le transformer ».  Esprit encyclopédique, il s’intéressait à toutes les nouvelles découvertes, tout ce qui pouvait permettre à l’homme de mieux se connaître et de mieux  s’adapter à son environnement. Mathématiques, anthropologie, ethnologie, linguistique, philosophie,  paléontologie, aucun domaine ne lui était étranger.  Un soir en 1973, en rentrant du travail alors qu’on habitait tous les deux à Suresnes en banlieue parisienne et qu’il enseignait à l’école Sainte-Geneviève  de Versailles qui préparait les élèves aux Grandes écoles, il me dit :  Tu t’imagines ; aujourd’hui ,on était à la cantine avec  un collègue prêtre quand on commencé à parler du Père Pierre Teilhard de Chardin ; j’ai pris la parole pour parler de ses recherches en Chine,  comment celles-ci ont fait évoluer la paléontologie avec la découverte du sinanthrope etc. Etonné,  le prêtre déclare : Mais vous, vous êtes un cas morbide de votre race ! (la morbidité étant une anomalie ou une maladie génétique), cet enseignant-prêtre  s’étonnait qu’un professeur de Mathématiques  qui plus est noir,  maitrise autant de sujets qui ne sont pas  de son domaine. Un jour, je débarque à Abidjan où nous avions une importante réunion du Parti ; je le vois entrain de travailler rageusement ; je m’approche de lui et je lui demande s’il préparait ses cours ? Non, je cherche à résoudre le Théorème de Fermat et il faut que j’avance assez pour que tu puisses l’emporter à mon professeur et à un ami en France. Moi qui suis un littéraire, je ne savais pas ce qu’était le théorème de Fermat. Il m’expliqua que Pierre Fermat était un mathématicien du 17ème siècle qui a posé un problème que personne n’a pu résoudre jusque-là ; et il ajouta, si j’y arrive, tu ne peux t’imaginer le coup de fouet formidable que ce serait pour la révolution dans notre pays ! Durant mon séjour, je le voyais passant de la  préparation de la réunion du Parti, à la préparation de ses cours et à son projet d’étude sur le théorème de Fermat. Je n’ai jamais rencontré dans ma vie un homme doué d’une puissance de travail aussi phénoménale. Il est comme cela Pascal Fantodji ; quand il commence un travail, il faut qu’il le termine absolument ; et ce n’est qu’après cela qu’il est soulagé. Il était incontestablement de la lignée des grands hommes.

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Dans son texte bien connu, intitulé
«A propos du rôle de l’individu dans l’histoire» Georges Plekhanov indique à propos des grands hommes :
 «La grandeur du grand homme ne consiste pas en ce que ses qualités personnelles donnent une physionomie individuelle aux grands évènements de l’histoire. Elle consiste en ce que le grand homme a des qualités qui le rendent le plus capable de servir les grandes nécessités sociales de son temps, lesquelles naissent par l’opération des causes générales et particulières. Dans son livre bien connu sur les héros, Carlyle appelle les grands hommes des beginners, << ceux qui commencent >>. C’est une formule très heureuse. Le grand homme est en effet celui qui commence, parce qu’il voit plus loin que les autres et parce qu’il veut plus fortement. C’est lui qui résout les problèmes scientifiques de l’heure, à mesure que l’évolution intellectuelle de la société les pose. C’est lui qui met en lumière les nouveaux besoins sociaux créés par l’évolution des rapports à l’intérieur de la société, et c’est lui qui prend sur soi de leur donner satisfaction. Il est le héros, mais non point dans le sens qu’il pourrait arrêter ou modifier le cours naturel des choses. Il est le héros parce que son activité est la traduction libre et consciente de ce cours inconscient et nécessaire. C’est en cela que réside son importance. C’est en cela que réside sa force. Et c’est une importance colossale, une force terrible.» (Œuvres philosophiques Ed du Progrès Moscou Tome 2)

Du jour, où il a pris conscience, du jour où il s’est engagé pour la révolution, il ne vivait que pour elle. Il était la générosité et l’oubli de soi incarnés. S’il était matérialiste, c’est au sens marxiste du terme, tant il était détaché du matériel. Ardent patriote, il était aussi un internationaliste chevronné. Persuadé que la révolution au Bénin était partie intégrante de la révolution mondiale et qu’elle ne peut être viable que si elle est soutenue par le prolétariat et les peuples du monde, il était toujours préoccupé par l’avancement de l’unité du prolétariat international. En août 1981, il a décidé d’aller en discuter avec le Parti du Travail d’Albanie. Je l’avais accompagné au cours de ce voyage qui devait durer 15jours. Le surlendemain de notre arrivée, nous avons rencontré  une délégation des dirigeants albanais ; nous n’avions pas les mêmes conceptions sur la voie menant à l’unité du mouvement communiste international. Ce soir-là, pour lui, la visite était terminée. Or nos amis avaient prévu des réceptions officielles, des diners de gala, des visites d’usines, etc. Au bout de trois jours, un soir que nous étions revenus d’une réception officielle, il me dit : Pourquoi on a retenu un séjour de 15 jours, tu ne vois pas que je suis entrain de perdre mon temps ici ? J’ai du travail au pays !  Je me souviens aussi qu’après la visite d’une usine, il était étonné par la vétusté des appareils et m’a dit : Tu ne constates rien ? Les appareils sont trop vieux : Le socialisme d’après-moi c’est la modernité, c’est la science au dernier cri. Il était aussi surpris que nous n’ayons aucun contact avec la population et que les gens ne fussent pas aussi loquaces dans la rue comme chez nous. Dans un premier temps, il a dit que chaque peuple avait ses traditions puis il ajouta : Dans tous les cas, si nous prenons le pouvoir et que les gens ne peuvent plus parler librement  dans les bistros, nous sommes foutus.  Quelques temps après, nous demandons  à rencontrer des responsables  locaux du Parti en dehors des clinquants officiels ; ce qui fut fait. Nous avons pu ainsi rencontrer un responsable d’une petite commune qui nous avait reçus à manger chez lui. Il voulait savoir ce qu’était la vie réelle dans un pays socialiste ; les discussions étaient si instructives qu’à la fin il me confia que c’est cette partie qui a sauvé le voyage si non, il aurait eu l’impression d’avoir perdu son temps. En effet, il avait horreur  des bavardages et des discussions inutiles. Son maitre mot, c’est l’efficacité.
Quand il a pris conscience après 1970 que ce qui manquait au mouvement démocratique de notre pays, c’est le Parti Marxiste-léniniste conçu comme une organisation avec  une unité de pensée, de volonté et d’action, capable de conduire notre peuple à la victoire, il s’y est engagé courageusement et obstinément. Après d’âpres luttes idéologiques, il a dynamité les anciens groupes populistes, et créé l’Union des Communistes du Dahomey (UCD) en 1976. En route définitive pour le pays pour asseoir l’organisation, il est informé à la frontière qu’il était frappé d’interdiction de séjour  suite aux grèves et manifestations de paysans de sa région qu’il a dirigées en 1974. Il s’est alors replié sur Abidjan d’où il a conduit la lutte pour la fondation du Parti en décembre  1977, puis celle contre la dictature de KEREKOU jusqu’en septembre 1988.  En été 1988, il me convoque à Abidjan ; à peine arrivé, il m’annonce froidement : «La situation a changé au pays,  j’ai fait le point avec  les camarades du terrain, il faut que je rentre définitivement. »  Sachant que c’est une situation qu’on avait quand-même prévue  depuis longtemps, je dois avouer que j’ai été surpris  par  cette décision. A la rentrée 1988, il annonce à son école qu’il ne reprendra plus les cours et rentra clandestinement au Bénin. Un mois plus tard le samedi 22 octobre 1988, il contribue à la création de la Convention du Peuple avec à sa tête le Comité de Salut National dont il prit la direction. A partir de là, les choses vont aller très vite.  En 5 mois, du 22 décembre 1988 jour du lancement des premiers mouvements de grève à avril 1989, le droit de grève, la liberté  de réunion, de presse étaient conquis, le 31 août 1989 l’amnistie générale était imposée à l’autocrate KEREKOU. La dictature se craquelait de toute part au dernier trimestre 1989, tout le monde voyait que la fin du pouvoir était proche.  C’est la période choisie par les anciens présidents de la république pour accuser réception de la lettre que Pascal leur avait adressée lors de la création du Comité de Salut National. En effet, en octobre 1988, Pascal envoyait une lettre aux anciens Présidents de la République MAGA, APITHY, AHOMADEGBE, dans laquelle il disait : «  Persuadé que vous êtes attachés à l’Unité du peuple, à son éveil à une vie nouvelle, à sa libération des entraves à son épanouissement, nous vous demanderions respectueusement, chers anciens, de poser un dernier acte politique. Celui, par une lettre ouverte, de vous adresser aux anciens militants propagandistes et agitateurs de vos partis respectifs ; lettre par laquelle vous les inviterez à s’intégrer dans les rangs de la démocratie nouvelle, à militer dans les organisations membres de la Convention en vue de l’élargissement rapide de l’Unité populaire pour une victoire peu douloureuse, complète et éclatante. .. »

Je me souviens encore du coup de téléphone du Président  Maga accusant  réception de sa lettre et me disant : « vous direz à votre Président que j’ai reçu sa lettre ; c’est un homme courageux ; si notre pays avait deux gars comme lui, on n’en serait pas là aujourd’hui. » C’est après cette conversation qu’il s’envola pour Abidjan où par l’intermédiaire du Président Houphouët-Boigny il rencontra une délégation de la Convention du peuple. Il faut rappeler que le Président Houphouët-Boigny avait toujours interdit à KEREKOU de venir attenter à la vie de Pascal ou de tout autre réfugié béninois sur son territoire. Piqué au vif par toutes ses tractations qui se menaient entre les communistes et les anciens Présidents en dehors de lui, ZINSOU nous  demanda de venir le voir chez lui à Paris dans le 17ème arrondissement. Arrivés chez lui, il nous demanda pourquoi contrairement aux autres Présidents de la République, lui, n’a pas reçu la lettre de M. Pascal FANTODJI ? Nous lui avons expliqué que son contentieux avec le mouvement démocratique béninois était trop grand et que celui-ci ne l’a jamais considéré comme un vrai Président. Nous lui avons dit aussi que son rôle dans l’agression du 16 janvier 1977 n’était pas clair et que c’est surement pourquoi il n’avait pas reçu la lettre. Après un long discours sur son amour pour le pays, tout ce qu’il a fait pour lui et l’état lamentable dans lequel « cette crapule de KEREKOU  l’a plongé », il a fondu en larmes devant ses collaborateurs et notre délégation médusée ; aujourd’hui, avec sa pratique sur le terrain, on se rend compte que c’était des larmes de crocodile. Je me souviens que j’avais demandé à Pascal ce qu’on ferait des anciens Présidents Maga, AHOMADEGBE et APITHY si on prenait le pouvoir. Il m’avait dit : «  Tu sais, comparés à KEREKOU qui est un démon, ceux-là peuvent être considérés comme des anges ; en plus ils ont été victimes de l’autocratie avec  10 ans de prison ; on pourra en faire des conseillers qu’on enverrait de temps en temps pour certaines  missions spéciales à l’étranger. » Si j’évoque ces faits, c’est pour battre en brèche les propos de ceux-là qui répètent que les communistes sont des sectaires et qu’ils ne veulent pas travailler avec les autres. Le problème fondamental, c’est de savoir : travailler ensemble pour quoi faire ? S’il était d’une fermeté totale face à la défense des intérêts du pays, il était attentif, une fois l’objectif fondamental fixé, au rassemblement de tous ceux qui sont capables de concourir à sa réalisation.
C’est aussi pendant cette période que la Télévision d’état France2 demanda à envoyer un reporter  pour rencontrer Pascal en clandestinité au Bénin. La mission échoua car les camarades sur le terrain ont constaté que la journaliste qui devait faire l’interview avait débarqué à l’Ambassade de France à Cotonou ; quelques jours après son départ de Cotonou, son guide sera arrêté par la police politique.

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Pendant ce temps, les luttes s’amplifiaient sur le terrain et l’autocratie était de plus en plus isolée. Le peuple avançait à grands pas vers l’insurrection générale. Un jour je discute avec Pascal de l’avancement des préparatifs sur le terrain ; Il me dit : Figure-toi qui nous a rejoint, le Colonel Michel ALLADAYE ; il participe à l’état-major et me donne de précieux conseils sur comment s’emparer de la ville. »

C’est ainsi que le 11 décembre 1989, toute la ville de Cotonou était dans la rue, scandant : A bas l’autocratie, Pascal FANTODJI au pouvoir.  Un peu avant cette date la France avait décidé de prendre le taureau par les cornes en essayant de tuer le mouvement d’émancipation du peuple dans l’œuf ; c’est l’objectif visé par les directives communiquées à KEREKOU par l’Ambassadeur de France Guy AZAIS Le 7 décembre 1989 qui furent à la base de la Conférence Nationale que le PCD et la Convention du peuple décidèrent de boycotter car procédant d’une solution à la crise dictée par l’extérieur à une solution interne qui s’esquissait à grands pas. Cette instance accoucha du pouvoir dit du renouveau qui  a plongé le pays dans l’impasse avec tous les pouvoirs qui se sont succédé depuis lors avec aujourd’hui  le pouvoir liberticide et corrompu de YAYI BONI. En 1996, Pascal FANTODJI participe aux élections présidentielles. SOGLO le sortant est battu par KEREKOU que les impérialistes voulaient voir revenir au pouvoir ;  il veut contester les résultats et demande à Pascal de venir le voir ; le pays est au bord de la guerre civile et tout le monde attend la décision de Pascal. Ayant à cœur les intérêts des masses et ne voulant pas plonger le pays dans une guerre civile réactionnaire, Pascal reconnaît le résultat des élections ce qui empêche SOGLO de mener le peuple dans son aventure.

 En tirant leçon de la manière  dont l’impérialisme français a dupé les masses avec la Conférence Nationale ; en voyant comment les politiciens véreux dupaient les masses laborieuses, il a compris que la faiblesse de l’anti-impérialisme au sein des masses était la cause fondamentale de leur manipulation par l’impérialisme et ses agents. C’est à partir de là qu’il saisit que tant que les masses du peuple demeureront dans l’ignorance crasse, tant qu’elles ne seront pas introduites à la science dans leurs langues nationales, elles se feront toujours manipuler par les impérialistes et leurs agents ; En 1997, il fonda l’Institut International pour la Recherche et la Formation qui a contribué à révolutionner les conceptions culturelles dans notre pays. En janvier 2004, il développa dans un article intitulé : « Programme d’activités des universitaires révolutionnaires » la nécessité de l’introduction des masses à la science dans leur langue : « L’accès à l’universel qui apparaît d’essence cognitive ne peut se faire que par la langue particulière de sa culture à soi en ce qui concerne l’individu particulier. Cet universel doit pouvoir s’exprimer en toute langue particulière de sorte que les paradigmes prochains ou ultérieurs doivent en porter la marque si ce n’est déjà le cas. » L’INIREF a contribué à faire venir au mouvement démocratique et anti-impérialiste, les rois probes et progressistes, les guérisseurs et autres devins, révolutionnant complètement la vie culturelle de notre pays.

En 2009, il a promu, sur la base de leur histoire, le regroupement des nationalités du Bénin en quatre ordres avec leurs sous-ordres correspondant à la soixantaine de parlers linguistiques.
Il disparaît au moment où notre peuple est en route pour le renversement du pouvoir corrompu de YAYI BONI et débarrasser le pays de tous les apatrides qui empestent l’atmosphère depuis 1990. En octobre dernier j’étais chez-moi quand le téléphone a sonné ; c’est Pascal qui était au bout du fil : « Tu es déjà au courant ? » De quoi ? De la grande manifestation des travailleurs qui vient d’avoir lieu. Non ; Les choses avancent, je crois que cette foi-ci on tient le bon bout, la révolution c’est pour bientôt. » Il est comme cela Pascal ; l’optimisme et l’enthousiasme chevillés au corps. Le jour de la clôture des assises de la Convention du peuple il déclarait ceci :

«  Chers  camarades,
Au cours des travaux qui s’achèvent, j’ai eu un moment d’égarement et j’ai fait un rêve.
J’ai rêvé avoir marché, marché, marché pour arriver dans une contrée inconnue où ma fatigue est aussitôt tombée. J’y ai rencontré un guide qui s’est offert de me conduire dans ma visite des lieux. J’ai vu des usines, des usines et des usines. J’ai vu des barrages, des chantiers navals, des chantiers de mines…Dans ces usines, sur ces chantiers, j’ai vu des ouvriers et ouvrières au travail…Dans une salle de lecture, j’ai pu suivre la conversation animée d’un jeune couple. Je crois comprendre que la jeune dame était linguiste et l’homme astrophysicien, car celle-là disait :<< Tu ne changeras jamais, tu es trop borné à mépriser mes recherches linguistiques. Ne sais-tu pas qu’avec la richesse de ce que colportent les langues nationales comme toutes ces formes de déclinaisons possibles, que nous autres linguistes pourrions vous fournir des idées fécondes à la construction de modèles fiables à l’explication rationnelle de l’espace et du temps ?>>. ..Mon guide me dit :<< il y a par ici une tour qui surplombe la capitale et ses environs. Nous allons y monter. >> Nous y sommes montés. Quel spectacle féérique ! Je n’ai jamais rien vu d’aussi beau ! M’exclamai-je. Puis, doigtant une butte lugubre ceinte de fil de fer barbelé, mon guide me dit : << Que voyez-vous là-bas ?>>. Je puis lire : « Immondices KC » et il enchaine. Il est édifié à la triste mémoire d’un autocrate qui, autrefois, régnait sur ce pays en maitre absolu. A ces mots, je m’éveille et je me dis « ce n’est qu’un rêve. »

Il n’aura pas vécu assez longtemps pour voir réaliser ce rêve. Mais je dis : ce flambeau que tu as allumé, nous le reprendrons ; cette voie que tu as tracée nous la suivrons, ce rêve que tu n’as pas pu réaliser, nous le réaliserons ; et demain, quand nous te rendrons compte  comme toi tu es entrain de le faire déjà à BEHANZIN que tu viens de rejoindre au Panthéon des héros de notre pays, je suis convaincu que tu seras fier de ce que nous avons pu réaliser en ton absence.

Dors en paix Pascal,
Que la terre te soit légère.
Gilbert KOUESSI

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