La Lépi : source de bonheur ou de malheur ?

Le sujet qui fait couler beaucoup d’encre et de salive depuis quelques mois est incontestablement la LEPI (la Liste électorale permanente informatisée).

Pourquoi la LEPI ?

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1) Pour moderniser les opérations électorales.

2 Pour plus de transparence dans la conduite des opérations électorales en minimisant au maximum les fraudes.

3) Pour éviter les affrontements entre les diverses composantes de la population, donc pour sauvegarder et maintenir la paix sociale.

Mais au-delà de tous ces avantages, il en est un autre pas moins négligeable. C’est un outil de fiabilisation des données statistiques de notre pays et partant, un outil précieux de développement économique et social pour un pays.

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Ainsi compris, quel citoyen patriote bien pensant s’opposerait à la mise en place d’un tel outil ? Non ! Je n’en vois pas et je refuse de penser qu’il puise y en avoir dans mon pays.

Si tout le monde est d’avis qu’il nous faut un tel instrument, c’est l’improvisation, les dysfonctionnements, la conduite dans la précipitation, les cafouillages qui accompagnent sa réalisation pratique sur le terrain, qui posent problème et qui inspirent peur et inquiétude.

Si nous voulons une LEPI correcte et sans problème, alors donnons-nous le temps de la réaliser sérieusement et méthodiquement. Rien ne nous bouscule. Les intérêts endogènes et exogènes à notre pays qui tirent les ficelles, en les poussant frénétiquement à la poursuite telles qu’elles se conduisent sur le terrain, nous mènent tout droit dans le mur, à l’affrontement et n’ayons pas peur des mots, à la guerre civile. On sait quand ça commence, mais on ne sait jamais quand et où ça finit avec son cortège de malheurs.

De grâce ! Laissez nous conduire et réaliser notre LEPI à notre rythme, comme bon nous semble.

J’ai entendu à la télévision la semaine dernière de la bouche de ceux qui nous accompagnent financièrement, que le Bénin est en retard par rapport aux autres pays de la sous région. Encore une fois de grâce, nous ne voulons pas de Rwanda au Bénin. Laissez nous aller à notre rythme, ne nous précipitez pas dans le gouffre.

Techniquement et administrativement, la LEPI n’est plus possible, ni faisable dans le temps pour 2011 quand nous sommes déjà à dix mois de l’échéance avec tous les ratés observés sur le terrain dans toutes ses composantes.

– Les recommandations du groupe spécial de travail ont été reléguées au second plan

– L’honorable Janvier Yahouédéhou, pourtant Docteur en informatique l’a affirmé et répété n fois à qui veut l’entendre, que la LEPI n’est pas faisable en ce moment, surtout que ceux qui la veulent pour 2011 sont si intéressés qu’on lui déniera toute crédibilité et impartialité.

– Les cris de détresse de la majorité de nos Honorables Députés ainsi que ceux de la société civile ne sont pas écoutés et n’arrêtent pas la machine mise en route. Je suis inquiet et j’ai peur, car je ne sais où nous conduira cet entêtement sans borne.

Quelles que soient les prolongations des délais qui se jouent actuellement sur le terrain et malgré la journée de 14/05/2010 chômée et payée, nous n’avons aucune certitude d’un recensement national approfondi fiable avec les dysfonctionnements et la façon cavalière sans la moindre organisation avec laquelle, l’opération porte à porte se conduit sur le terrain. Cette journée chômée est un gâchis et une perte pour le Bénin.

Alors comme le réclament l’opposition et certaines classes politiques, laissons la LEPI de côté pour 2011.

Le Parlement doit dès maintenant s’atteler à la conception et au vote d’une nouvelle loi pour les élections générales de 2011 basées sur nos anciennes méthodes de liste électorale, en attendant une LEPI non précipitée, bien mûrie et qui sera conduite étape par étape et par année.

 

Faire par exemple :

– la Cartographie Censitaire la première année,

– le Recensement National Approfondi la deuxième année

– la confection de la liste permanente informatisée la troisième année, avec toutes les garanties de fiabilité et de transparence sur le terrain. Ainsi nous aurons le temps nécessaire pour recevoir les réclamations, les examiner, les vérifier et les corriger pour avoir une LEPI acceptée de tous.

C’est la seule manière de nous éviter le chaos et le pire.

L’entêtement des « jusqu’au boutistes » qui entourent le chef de l’Etat et qui veulent à tout prix une LEPI pour 2011 va conduire le pays à l’affrontement et à son corollaire qui est la guerre civile, et l’on ne retiendra que le nom BONI YAYI en premier.

Nos illustres anciens qui ont dirigé ce pays depuis son accession à la souveraineté internationale et qui ont nom :

– MAGA

–  APITHY

–  AHOMADEGBE

–  ZINSOU

–  KEREKOU

– et SOGLO nous ont légué un pays paisible où entre frères, il nous arrive de nous « chamailler », de nous palabrer au moment des joutes électorales que sais-je encore, mais jamais nous n’avons franchi le rubicond.

L’actuel chef de notre Etat du Bénin voudrait-il porter une si lourde responsabilité ?

Que ceux qui poussent le chef de l’Etat dans cette voie d’affrontement, sachent et comprennent bien que cela n’épargnera personne. Et l’histoire retiendra leurs noms comme les premiers responsables d’une telle situation.

Sans LEPI nous avons toujours eu des alternances sans problème, avec « fair play » du rival. Nous avons vu le président KEREKOU accepter avec élégance sa défaite en 1991. Nous avons vu aussi le président SOGLO accepter courageusement ses défaites en 1996 et en 2001. Plus près de nous en 2006, Maître Adrien HOUNGBEDJI n’a-t-il pas été le premier à féliciter son challenger le Docteur BONI YAYI, reconnaissant de ce fait sa défaite ?

Sans la LEPI, nous n’avons pas été moins démocrates depuis vingt ans, et nos élections successives se sont toujours déroulées sans histoire, ni troubles sociaux.

Le chef de l’Etat actuel a-t-il oublié que c’est sans une LEPI qu’en 2006 il avait obtenu respectivement 35% au premier tour et 75% au second tour ? D’où vient alors cette crainte de fraude pour nous conduire au pire.

Une LEPI nécessairement pour 2011 avec les conditions actuelles de son déroulement devient suspecte.

Une LEPI qui veut écarter une frange considérable de la population ne manque pas d’inquiéter.

Nous allons de cette façon vers une LEPI forcée, qui sera contestée et rejetée, parce que porteuse de germes de troubles sociaux. Il faut donc arrêter la machine purement et simplement, parce que nous ne voulons pas aller à l’affrontement, à la déchirure ni à l’éclatement.

C’est peut être le moment d’inviter tout ce qui nous reste de Sages et d’Autorités morales à prendre langue pour faire arrêter l’aventure vers laquelle nous mènent nos Dirigeants actuels.

La LEPI, instrument moderne d’organisation des élections doit se concevoir, se conduire et se réaliser dans une confiance réciproque et non dans la suspicion. Le Consensus total doit être la règle d’or. Continuons donc d’évoluer à notre rythme pour éviter le pire.

Que Dieu et les mânes de nos ancêtres nous préservent d’un tel malheur.

Mais Dieu aime le Bénin avons-nous l’habitude de dire. Sachez aussi que Dieu n’aime pas que le Bénin, et que le Bénin doit surtout l’aider aussi à toujours nous aimer.

 

Par Lucien G. GLELE

Colonel des Forces Armées à la retraite.
Ancien Président du  Patronat Béninois
Ancien membre du Conseil économique et social

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