Que reste-t-il des soutiens de Yayi ?

Elu dans l’unanimisme et dans une liesse populaire en 2006, le président Boni Yayi est aujourd’hui la risée de classe politique et d’une partie de la population décidée à lui arracher son fauteuil. En quatre ans de gestion, l’embellie politique s’est considérablement érodée, faisant beaucoup de déçus. Dans le lot, des personnalités comme des hommes politiques, des députés et même des ministres dont certains négocient déjà avec l’opposition.

Sur qui Boni Yayi peut-il compter en 2011 ? Cette interrogation fait florès dans les milieux politiques proches du pouvoir et même à la Marina où une crise de confiance terrible s’est installée avec son corollaire de méfiance et d’épiage des uns et des autres. Au fil des jours, Yayi perd la confiance de ses collaborateurs les plus proches et on se demande s’il lui restera quelque chose pour 2011. Et même si personne n’a fait jusque là une déclaration officielle de sortie de la majorité présidentielle, il est évident qu’un malaise profond secoue cette majorité qui s’apparente aujourd’hui à une véritable jungle où tous les coups sont permis et où chacun est prêt à nuire à l’autre juste pour les strapontins et les prébendes. Dans une telle pétaudière où chacun court de son côté, le président Boni Yayi n’a plus le contrôle de la situation. Tout a mal commencé en décembre 2007 avec les premières diatribes du groupe des treize députés qui deviendra plus tard le G13. Des quarante huit (48) députés qui ont constitué sa majorité parlementaire, il ne lui reste désormais que les 35 obtenus grâce à sa propre liste des Fcbe qu’il a composée pour ravir la vedette aux partis politiques traditionnels. La gestion du président de l’Assemblée nationale épaulé par le président Boni Yayi a encore envenimé les choses de ce côté-là. Sa direction cavalière et surtout très peu orthodoxe a fini par faire fuir tout le monde. Malgré les rappels à l’ordre de l’opposition, Mathurin Nago a toujours foncé la tête baissée. Le résultat ? Cinq nouveaux députés ont décidé de prendre leurs distances avec les Fcbe. Il s’agit des honorables Luc da Matha Sant’anna, Janvier Yahouédéhou, Edgar Alia, Eloi Aho et André Dassoundo rejoints il y a quelques temps par les honorables Amissétou Affo Djobo, Samou Adambi et consorts. A ces députés qui ont pris officiellement la décision de prendre leurs distances, il faut ajouter les indécis et les ambivalents qui n’ont plus Yayi dans leur cœur et dont les votes varient au gré des intérêts du moment.

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La situation n’est pas non plus reluisante au gouvernement où des ministres, des plus insoupçonnables sont en négociation politique avec l’Union fait la Nation et la coalition Abt (Abdoulaye Bio Tchané). D’ailleurs, tout récemment un très proche du président de la république a déclaré que celui-ci ne fait confiance qu’à  quatre de ses ministres. De sources concordantes, on apprend aussi que deux ministres ont demandé  au président de la république de les libérer pour qu’ils aillent s’occuper d’autres choses.

Ayant pressenti l’éclatement de sa mouvance avant les élections, Yayi a décidé de surseoir au remaniement qu’il agitait naguère afin de camoufler la dispersion qui se notait dans ses troupes. Hormis les députés et bon nombre de ses ministres, Yayi est également tombé en disgrâce auprès de la plupart des anciens présidents en l’occurrence Nicéphore Soglo dont le soutien lui a été très précieux en 2006. Idem pour le général Mathieu Kérékou et le président Emile Derlin Zinsou qui ne montrent aucune volonté de soutenir Boni Yayi. Le gouffre est plus béant que ça puisse paraître, car beaucoup d’hommes politiques qui font encore allégeance au Chef de l’Etat seraient prêts à le lâcher pendant les échéances de 2011. Malheureusement, Boni Yayi ne semble pas prendre la mesure de cet échec politique qui profile à l’horizon 2011.

Marcel Zoumènou

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