Recensement porte-à-porte à Cotonou: Les chiffres de Bako contestés

Le coordonnateur de la Commission politique de supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Cps/Lépi), Nassirou Arifari-Bako, expliquant les taux de réalisation du recensement porte-à-porte, s’est retrouvé en porte-à-faux avec les réalités du terrain.

85% de réalisation du recensement porte-à-porte à Cotonou. Ce taux qu’a déclaré le coordonnateur de la Commission politique de supervision (Cps/Lépi), Nassirou Arifari-Bako, lors d’une séance de travail la semaine écoulée à la mairie de Cotonou, a surpris plus d’un. Sur-le-champ, le premier adjoint au maire, Léhady Soglo, a apporté un démenti formel aux chiffres avancés. « Vos chiffres ne reflètent pas les réalités du terrain… », a-t-il fait savoir. Comme dans le Littoral, la Cps/Lépi et la Mission indépendante de recensement électoral national approfondi (Mirena) donnent des taux de réalisation dans d’autres départements qui, visiblement, relèvent de l’imagination.

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A Cotonou, une ville de plus d’un million d’habitants, il aurait été recensé, à cette date-là, un peu moins de 400 mille personnes, alors que pour les dernières élections municipales, il y a eu plus 400 mille votants. Selon Monsieur Arifari-Bako, ceci s’explique par le fait que beaucoup de Béninois ont préféré aller se faire recenser dans leur village natal compte tenu des enjeux des prochaines élections. Thèse peu plausible. Même si les considérations politiques déterminent les choix des localités de recensement électoral, le coordonnateur de la Cps/Lépi n’a pas convaincu. Il s’agit d’abord d’une élection présidentielle. Ici, le vote effectué à Cotonou, Porto-Novo, Porga, Bembèrèkè, Sinendé, Oudah, ou Pèrèrè est comptabilisé au plan national pour candidat bénéficiaire. En plus, l’organisation des prochaines élections législatives ne saurait justifier un tel écart, même si l’on restait dans sa logique. Aux législatives de 2007, le nombre de votants à Cotonou était bien au-delà du nombre de personnes recensées. En dehors de ceci, les chiffres de Monsieur Bako concernaient une tranche d’age de 18 ans et plus, alors que le présent recensement prend en compte la population de 8 à 17 ans. En principe, on devrait assister à plus du double dans la capitale économique du pays, encore qu’il s’agit d’un  recensement porte-à-porte. Ensuite, quand il affirme qu’il y a des Béninois qui se sont déplacés pour se faire recenser dans d’autres localités, on est en droit de se demander pourquoi parle-t-on de recensement porte-à-porte et à quoi a servi la cartographie censitaire ? Ces données démontrent clairement que les projections faites et les chiffres annoncés sont loin de convaincre. 

Réalités

Les réalités du terrain contredisent les propos du Superviseur général de la CPS-Lépi. Jusqu’à la fin des opérations de recensement porte-à-porte, des milliers de Béninois ont été abandonnés. Ils n’ont pas vu les agents recenseurs passer dans leurs domiciles ou résidences. Dans les quartiers de Cotonou, le spectacle est désolant. A Godomey dans la commune d’Abomey-Calavi, les populations se plaignent. Dans d’autres localités du pays, c’est le même scénario. La non motivation des agents recenseurs par les structures en charge de la réalisation de la Lépi est en grande partie la cause de ce fiasco. Selon des déclarations faites dans les médias, ils n’ont reçu aucune garantie par rapport au paiement des dix jours de prorogation du délai de recensement. Et c’est là une nouvelle équation pour la Cps/Lépi.

Jules Yaovi Maoussi

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