Outre les autres points inscrits à l’ordre du jour de la séance plénière d’hier et non examinés pour raison d’absence de certains membres du gouvernement, un seul point a été finalement examiné par les députés. Il s’agit de la question d’actualité au gouvernement relative à la crise du secteur cimentier au Bénin posée par le député Prd Edmond Zinsou et 21 autres députés.
En effet, suite aux remous enregistrés au sein des populations béninoises dans le cadre de la vente de ce produit et sa cherté comparativement au prix officiel fixé par le gouvernement, des représentants du peuple en ont fait leurs préoccupations. D’où cette question d’actualité qui traine depuis le 03 juillet 2008 dans les tiroirs des députés. Le verrou est maintenant sauté et c’est deux membres du gouvernement qui ont planché hier devant la représentation nationale, notamment le ministre du commerce Christine Ouinsavi et son homologue Grégoire Akofodji de l’agriculture. Entre autres préoccupations des députés interpellent le gouvernement de leur faire savoir la politique de l’Etat pour juguler cette crise de façon durable. Mais il faut dire que la tâche n’a pas été du tout aisée pour le ministre Christine Ouinsavi qui a essayé d’apporter des éléments de réponses aux honorables députés. A en croire ses explications, le marché cimentier du Bénin est essentiellement contrôlé par la Scb, la Scb Lafarge et Cimbenin. Pour elle, la capacité de production de ces trois usines est de 1.350.000 tonnes de ciment par an pour une demande estimée à plus de 2.000.000 de tonnes. Selon elle, la cause essentielle de la pénurie et de la spéculation réside dans l’insuffisance de l’offre par rapport à la demande. Pour se justifier, le ministre du commerce parlera du prix fixé par le gouvernement depuis 2008, la Tva à payer sur le ciment au lieu du taux légal de 18%. Cette situation créait pour les stations de broyage de clinker, des crédits d’impôts qui obéraient leurs trésoreries. Néanmoins, Christine Ouinsavi précisera que lesdites sociétés n’ont jamais réduit le niveau de leur production. Ce qui a entrainé une correction avec la dernière augmentation du prix du ciment intervenue en avril 2010 où la Tva a été portée au taux de 18%. Pour remédier à cette crise le gouvernement propose aux députés des actions à court et moyen terme. Pour le court terme, le gouvernement propose un agrément de plus de 350 sociétés importatrices de ciment, l’importation de ciment par les sociétés productrices en appoint à leurs productions, l’intensification des opérations de contrôles de la commercialisation du ciment. Par contre le moyen terme, l’installation de deux unités intégrées de production de ciment la Nocibe à Massè et le Scg à Djrègbé, l’autorisation à la Scb d’installer un troisième broyeur dans son usine ainsi que des silos au port de Cotonou, l’accroissement de la capacité de production de la Scb Lafarge. Malgré ces propositions du gouvernement, les députés ont eu la dent très dure contre le gouvernement. D’entrée, ils ont déploré le fait que cette question soit jetée aux oubliettes pendant près de deux ans. Ils ont déploré également dans l’ensemble la hausse du prix du ciment qui va jusqu’à hauteur de 90.000 FCFA voire 120.000 FCFA. Pour un député, il y aurait même un membre du gouvernement qui commercialise le ciment à plus de 100.000 FCFA la tonne.
Bien que les députés ne sont pas satisfaits dans leur ensemble, le ministre Grégoire Akofodji vient mettre encore l’huile sur le feu en déclarant aux représentants du peuple que dans la sous région, c’est seul le Bénin commercialise encore le ciment à 80.000 FCFA la tonne avec des exemples concrets. Face aux arguments données par le gouvernement, les députés sont repartis insatisfaits. Notons que, autre ce dossiers les députés ont adopté par 30 voix pour, 0 contre et 0 abstention la liste modificative de certains représentants de l’Assemblée Nationale dans les commissions communales de supervision pour la Lépi. Les députés se retrouvent ce jour pour examiner d’autres dossiers non moins importants inscrits à l’ordre du jour de la session ordinaire.
Ismail Kèko