Affaire ICC Services ou la Caverne d’Ali Baba !

Le scandale a éclaté, majuscule. Les sommes en jeu sont stratosphériques. C’est carrément l’affaire du siècle au Bénin. Les victimes se comptent par dizaines de milliers. Le scandale a étendu ses tentacules jusqu’au sommet de l’Etat.

C’est la panique généralisée. Les langues qui se délient n’épargnent personne. Or, la mafia, c’est la loi de l’Omerta. Et, quand il n’en va pas ainsi et que le risque est grand d’être découvert, on livre certains seconds couteaux, voire même un parrain, comme on sauterait des fusibles, pour donner le change et gagner la paix. Le scandale ICC Services ressemble tout autant à une affaire de mafia qu’à la Caverne d’Ali Baba où, en livrant deux voleurs sur les 40, on en conserverait encore 38 si ce n’est qu’ils régénèrent carrément pour reconstituer le groupe. En tout cas, tel qu’il évolue jusqu’ici, il n’a pas fini de livrer ses secrets. En attendant, il faut agir vite pour mettre certains à l’abri des soupçons, semble-t-il. Or, le crabe jeté à l’eau chaude se débat et éclabousse…

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C’est ce à quoi ressemble, en tout cas, le déchaînement des procureurs de Boni Yayi en cette affaire. D’abord, c’est l’état-major de l’Eglise du Christianisme céleste qui enfile la toge de l’avocat. Elle plaide l’innocence absolue de son ˝client˝, Boni Yayi. Si ce dernier s’est rendu au domicile du sieur Guy Akplogan, c’est pour y voir son ami feu Benoît Agbaossi et cela ne veut pas dire qu’il soit l’ami de Guy Akplogan. La plaidoirie est bien soutenable, mais les réquisitions indiqueront que cela n’établit pas non plus qu’il ne soit pas son ami. De plus, quand on voit la hardiesse avec laquelle l’état-major de l’Eglise défend son ˝client˝, on a peine à admettre que les acteurs eux-mêmes croient une seule seconde en ce qu’ils disent, s’ils s’entendent parler. Ensuite, le deuxième argument des barons de l’Eglise a consisté à réaffirmer, comme le fit un certain Armand Zinzindohoué, qu’au départ, ce qui deviendra un scandale à ciel ouvert, n’était qu’une simple initiative d’entraide entre membres d’une même confession religieuse. Oh que c’est gros ! Là je pense à mon virulent confrère Aboubakar Takou qui dirait, en l’espèce, que l’on prend les Béninois pour des « briques de quinze » ! En effet, oser dire cela, c’est passer en pertes et profits l’expérience ivoirienne de la même affaire. C’est mettre en valeur absolue le grand battage médiatique qui a été mis à contribution pour convaincre le plus grand nombre.

Ensuite, quelques irréductibles partisans de Boni Yayi qui dénient à l’affaire son caractère politico-financier. Je me demande simplement comment, alors même que l’affaire secoue le gouvernement, l’entourage immédiat du chef de l’Etat, privé comme public, on ose soutenir pareille thèse. D’autres encore soutiennent carrément que Boni Yayi ne savait pas !!! Ce ne serait pas la première fois. Peut-être se dira-t-il encore « responsable mais pas coupable ». Mais ce serait oublier très vite que le directeur national de la BCEAO a clairement révélé avoir informé les autorités des risques liés à l’affaire. Et je repose mes interrogations. Comment les photos officielles du chef de l’Etat ont-elles pu trôner aussi longtemps dans les bureaux d’ICC Services sans qu’il n’en ait été informé, même pas par les services de renseignements si prompts à s’occuper parfois de vétilles ? Comment a-t-il pu recevoir les acteurs d’ICC Services en audience, alors même que leurs activités se faisaient à ciel ouvert, sans s’interroger une seule seconde. Et lorsque Boni Yayi promet qu’il reçoit tout le monde, je suis désolé de le dire, un chef d’Etat ne reçoit pas tout le monde. Mais concédons à Boni Yayi sa ligne de défense. Pour lui rappeler aussitôt que, même si un chef d’Etat ne reçoit pas tout le monde, il ne reçoit pas non plus tous ceux qu’on lui propose de recevoir, et qu’il prend même parfois l’initiative c’est-à-dire qu’il ordonne de faire venir des gens qu’il voudrait rencontrer. Çà se passait avant Boni Yayi, ça se passe en son temps et ça se passera après lui. Cet argument ne résiste donc pas non plus à l’analyse.

Au demeurant, le silence en l’espèce vaudrait peut-être encore mieux tout en continuant à faire tomber des têtes. Car, des têtes doivent encore tomber. Je réaffirme que Boni Yayi, pour montrer toute sa bonne foi et sa volonté de faire éclater toute la vérité, doit prendre l’initiative de demander à l’Assemblée nationale de déclencher la procédure de saisine de la Haute Cour de Justice à l’encontre d’Armand Zinzindohoué. Car, il ne suffirait pas de le priver de passeport. En plus, il devra fouiller minutieusement autour de lui-même. Il découvrira peut-être que des collaborateurs à lui, qui ont des imprimeries, ont eu de juteuses relations d’affaires avec Emile Tégbénou, lui réalisant par exemple des calendriers aux effigies de Boni Yayi soi-même et d’Emile Tégbénou, assortis d’un message indiquant le soutien de l’intéressé et de sa société à « l’émergence à la base ».

Il découvrira aussi qu’il a peut-être des parents proches qui coopéraient avec le même Emile Tégbénou. Il découvrira encore peut-être que nombre de ses collaborateurs ainsi que d’autres cadres ont pu exercer un chantage et un trafic d’influence sur l’intéressé, profitant de sa méconnaissance du papier du Blanc, pour lui extorquer de fortes sommes d’argent, en lui faisant croire par exemple que les autorités de la Banque centrale ou de l’UEMOA allaient mettre fin à la juteuse affaire. Et encore… Il devrait enfin rechercher les biens des auteurs hors de nos frontières. Car, il serait surprenant que ces gens-là n’aient pas de comptes et de propriétés à l’extérieur.
Les exemples sont légion. L’affaire ne fait donc que commencer et on attend beaucoup mieux. Jusqu’où ira Boni Yayi ?

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Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI (Source : http:/commentvalebenin.over-blog.com)

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