De 83 à 101 députés. Ce n’est pas le moment !

Ainsi, si les choses allaient selon les vues des députés de l’opposition, le nombre d’élus à l’Assemblée nationale, peut-être dès la prochaine législature, pourrait passer de 83 à 101. La proposition de loi qu’ils ont déposée dans ce sens, et qu’ils peuvent faire voter si elle est appelée en plénière, étant entendu qu’ils sont majoritaires, interpelle et soulève des préoccupations.

Certes, l’on ne déniera pas aux députés leur droit de légiférer. Mais encore faudra-t-il que les lois qu’ils prennent, impactent positivement la vie du pays. En l’espèce, je ne suis pas sûr que cet idéal soit atteint, ni même qu’il soit désiré. Du moins, dans l’immédiat. Dans les motifs justifiant leur proposition, les députés de l’opposition entendent renforcer le caractère national du mandat de député. Ils disent vouloir tenir compte de l’évolution démographique du pays, sur la base du recensement général de la population et de l’habitat réalisé en 2002. Sur cette base, ils établiraient un ratio d’un député pour environ 62.000 habitants. Mais en quoi cela urge-t-il ?

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Dans l’absolu, je pense que cette initiative des députés de l’opposition, qui n’est pas nouvelle du reste, puisqu’elle a été soulevée puis avortée il y a quatre ans, est loin des préoccupations actuelles du peuple. Car, à la vérité, qu’est-ce que cela ferait au peuple qu’il y ait désormais 101 députés contre 83 actuellement ? Pas grand-chose mais surtout contribuer à éroder davantage les finances publiques et financer plus les partis politiques qui les feront élire. Il faudra, en effet, pourvoir aux commodités légales de 18 nouveaux députés. Si le pays disposait de ressources abondantes et renouvelables, je comprendrais cette initiative sans pour autant la justifier. Or, il se fait que nous vivons une crise économique, que les populations vivotent. Si nous avons souvent dénoncé le gouvernement de 30 membres, convaincus que le Bénin peut se gérer avec moins de 30 ministres si l’on faisait abstraction des calculs politiciens, il est tout aussi juste de dénoncer l’initiative des députés de l’opposition. A moins qu’ils accompagnent leur proposition de loi d’une autre portant abattement de leurs avantages pour que ce qui sert à entretenir les 83 suffise à entretenir les 101 envisagés.

Je me demande pourquoi, ne serait-ce que pour tenir compte des problèmes financiers du pays, ils n’envisagent pas simplement de relever le quotient électoral pour conserver les 83 sièges actuels. Et, quand ils prennent pour référence le recensement général de la population et de l’habitat de 2002, vieux de 8 ans et qui devrait être mis à jour dans deux ans, je me demande pourquoi ils n’actualisent pas les données. Car, à défaut de le faire, leur souci de vouloir adapter le nombre de députés à la taille réelle de la population, manque de consistance puisque les chiffres avancés ne sont pas objectivement ceux qui auraient dû être retenus. Et, encore une fois, ce n’est pas le nombre de députés qui ferait la force de l’Assemblée nationale, mais plutôt leur qualité. Les députés de l’opposition ont peut-être des raisons politiques ou politiciennes de vouloir redessiner la carte politique du pays, pour les législatives notamment. Mais ont-ils des raisons pratiques et objectives fortes qui puissent prendre le dessus ?

Dans tous les cas, pour ne tenir compte que des réalités économiques actuelles du pays, il ne me semble pas bien à propos de vouloir relever maintenant le nombre de députés à l’Assemblée nationale. Sauf à réduire substantiellement les salaires et autres avantages politiques pour les ramener dans des proportions raisonnables pour ne pas dire symboliques. Cela, les députés de l’opposition ne disent pas l’envisager.

Dès lors, je pense que leur initiative mérite d’être rangée purement et simplement. Je parie mille sous que les préoccupations légitimes du peuple sont très éloignées de ce genre d’initiative. Procéder à cette réforme maintenant serait se méprendre sur les attentes du peuple, pire, une insulte au peuple et à sa misère. En clair, le moment ne me semble pas venu, objectivement, de passer de 83 à 101 députés. Mais c’est vrai qu’on dit que l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Au peuple de le comprendre maintenant et de s’assumer… La Refondation est la solution pour sortir des avatars de la gouvernance politique actuelle. Je le dis sans esprit et sans dérision.

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Wilfried Léandre HOUNGBEDJI (Source : http:/commentvalebenin.over-blog.com)

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