Football : une coupe, trois acquis

L’événement le plus populaire au monde vient de prendre fin. Un mois durant, la Coupe du monde de football a occupé nos jours et nos nuits, alimenté nos conversations et nos débats, animés nos villes et nos campagnes, effacé bien des barrières entre les hommes d’ici et d’ailleurs. Oui, on peut le dire, le football a gagné le pari d’être une communion universelle.

C’est le patrimoine le plus largement partagé par les habitants de la planète terre. L’Afrique a eu le privilège d’abriter l’événement. C’est une première. Cela a la portée d’un acte majeur. Cela vient surtout rappeler l’absence de l’Afrique au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Oui pour être éligible à l’organisation d’une Coupe du monde. Oui également pour prendre une place dans la gouvernance mondiale.
Les vuvuzélas, compagnons bruyants et tonitruants de cette belle fête du football, se sont tus. La foule chaleureuse des supporters, omniprésente à toutes les rencontres, va devoir abandonner les stades. Elle va devoir surtout retrouver le dur chemin des réalités quotidiennes. L’heure, à présent, est au bilan. Qu’avons-nous gagné à arrêter le temps quantifié de nos montres pour le temps intemporel du football ?

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D’abord, s’agissant de l’organisation de cette 19ème édition de la Coupe du monde de football, il faut graver le mot succès, à l’adresse de l’Afrique du Sud, dans le marbre du mérite et de l’excellence. Tous les oiseaux de mauvais augures en sont pour leur frais. Que n’a-t-on pas dit sur la capacité de l’Afrique du Sud, et par ricochet de l’Afrique, à accueillir une coupe du monde de football ?

L’Afrique, dans la tête de plus d’un, c’est le continent de la faim, de la misère, de la pauvreté. C’est le contient qui s’est condamné à une assistance permanente, obligé de vendre son âme au diable et de tendre la main aux autres pour quêter la charité internationale. La coupe du monde de football, événement de portée planétaire, a trop d’exigences organisationnelles et financières, pour qu’on l’expose sur la branche morte d’un arbre malade.
Et puis, soutiennent nos détracteurs, l’Afrique du Sud est loin d’être guérie du syndrome de la guerre contre l’apartheid. La violence y sévit à l’état endémique. Record du monde de viols et de braquages à la minute. Et de présager, pendant la compétition, une éruption de violences raciales dans les rues de Johannesburg, du Cap ou de Durban.

Aucune de ces sombres prévisions ne s’est réalisée au cours du mois qu’a duré l’événement. Les infrastructures d’accueil, aéroports, autoroutes, hôtels, stades d’entraînement et de compétition, ont été diligemment mises en place et à date échue. La participation et la ferveur populaires n’ont jamais fait défaut, même après l’élimination précoce des Bafanas-Bafanas, l’équipe nationale du pays hôte. Les stades étaient pleins tout le temps, à toutes les phases.

Ensuite, la participation africaine à cette 19ème édition de la Coupe du monde de football. Les équipes africaines, en dehors de celle du Ghana, ne sont pas allées plus loin que les phases préliminaires. Du travail, beaucoup de travail en perspective. Et Dieu sait qu’on ne gagne pas autrement. C’est dans et par le travail que s’acquièrent les trois grandes vertus qui ont fait le plus défaut aux équipes africaines dans cette compétition, à savoir discipline, rigueur et professionnalisme. Ne craignons pas de retourner à l’école. Du reste, on n’a jamais fini d’apprendre, même si l’on n’est pas condamné à rester apprenti toute la vie. L’Afrique se doit d’atteindre la maturité, la maîtrise, à la fois technique et humaine, qui fait gagner les autres. C’est seulement après que viendra le temps de l’Afrique. Et nous devons nous engager à compter avec des entraîneurs africains que nous aurons formés à cet effet, dans l’esprit bien compris d’une autosuffisance pleinement assumée. Cinquante ans après nos indépendances, il n’est que temps de mettre fin à l’ère des « sorciers blancs », recrutés à grands frais pour de piètres résultats. A beau mentir qui vient de loin !

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Enfin, le football lui-même sort de cette 19ème Coupe du monde malade de l’arbitrage. L’arbitre est un homme. Il est par conséquent limité. Le football draine trop d’enjeux pour que le jeu réponde des seules et définitives appréciations de l’arbitre, seul et unique maître à bord. L’assistance apportée à l’arbitre, grâce aux moyens technologiques modernes, est à comptabiliser comme un plus. Une prise de conscience se fait jour dans ce sens. Elle finira par avoir raison du conservatisme des uns, des résistances des autres. Des équipes ont été frappées, sinon volées, par des décisions d’arbitrage sujettes à caution. Une consolation pour les victimes : à quelque chose malheur est bon.
Jérôme Carlos

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