Gestion de la crise des structures de placement: le gouvernement confirme sa complicité

Les dernières mesures prises par le gouvernement afin de régler la crise des institutions dites de placement d’argent risquent fort d’exacerber la  crise. A la bombe « Icc », il en a ajouté celle des autres institutions pour finir par ne rien proposer  de concret aux milliers de clients en détresse. Au lieu donc de panser la plaie, le gouvernement a plutôt choisi d’y mettre le couteau.

C’est l’histoire du chimpanzé qui, voulant tuer le moustique qui s’est posé sur le front de son maître choisit de lui envoyer une pierre sur le front. Non seulement il n’a pu tuer le moustique qui s’est envolé  mais il a réussi à tuer son maître. Les mesures prises par le gouvernement pour désamorcer la bombe des structures dites de placement d’argent ressemblent fort bien à cette réaction du chimpanzé dont le seul souci est d’aider son maître. L’intention est bonne mais ce primate a manqué de méthode  et de stratégie.  Comme le gouvernement d’ailleurs. Depuis 2006, le reproche majeur que les opposants font à ce gouvernement est le manque de méthode. Au point où tout récemment c’est le ministre Alain Adihou qui a trouvé la bonne formule en disant que « tout ce qui a été fait a été mal fait ». Comme l’habitude est une seconde nature, le gouvernement revient sur ses pas et brouille toutes les cartes. Aux termes du  conclave du 1er Juillet passé, la montagne a simplement accouché d’une souris. En effet, les milliers de clients de Icc qui ruinés et désabusés espéraient que le gouvernement les sauvent ont plutôt déchanté à la lecture des mesures prises. Pour une dette estimée à plus de 40 milliards, le gouvernement ne trouve comme solution que de saisir les biens des responsables de Icc, de les vendre avant de payer ses clients. Si on devait donc comprendre, les clients devaient attendre le temps que les procédures de saisie et de vente, souvent très longues, prennent fin avant d’entrer en possession de leurs avoirs. Mieux, on se demande si ses responsables de Icc mis aux frais ont des jets privés,  des châteaux en Côte d’Azur  ou des entreprises à la City à Londres pour que la vente de leurs biens  puissent permettre de rembourser cette colossale somme. Conclusion donc, cette mesure ne garantit pas le paiement total des fons arnaqués. D’ailleurs, le gouvernement ne s’est-il pas amusé à accuser les populations de s’être accommodées avec  ces structures au lieu de les dénoncer. En même temps qu’il dit cela, le même  gouvernement  s’est lui-même compromis avec les responsables d’Icc, le Chef de l’Etat ayant béni la forfaiture en les recevant plusieurs fois en audience, les ministres étant toujours aux petits soins des « bourgeois » d’Icc. Pourquoi donc s’innocenter alors même que le gouvernement qui est informé de l’existence de cette activité depuis des années dispose de structures qui ont pour mission de veiller sur les affaires économiques et financières du pays. Autre chose qui écœure, le conclave gouvernemental est resté muet sur les raisons profondes de la crise d’Icc alors qu’il a, selon ses dires, gardé ses responsables et devait a priori les écouter sur la façon dont ils ont utilisé l’argent.  Car, aucune autre structure de placement n’a encore des problèmes aussi graves que ceux d’Icc. Le silence sur ce sujet est suspect et révélateur de complicité aujourd’hui évidente. Oui, personne n’a encore compris pourquoi le gouvernement a encore choisi d’interdire les activités des autres structures et de bloquer leurs comptes alors qu’il devait les aider et les accompagner à payer les clients et ne pas aller par la méthode forte.

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Puis enfin la méthode de saisine. Un mélange de procédures judiciaires et administratives. Une démarche confuse déjà dénoncée par des juristes et qui risque, si le gouvernement s’entête, d’aboutir à des procès en cascades contre lui. Au lieu d’aller avec méthode, le gouvernement est allé trop vite et trop fort et a tout gâté. Demain, on ne verra plus les responsables d’Icc. Le gouvernement sera le seul responsable de cette crise.

Marcel Zoumènou

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