ICC Services : Exit Zinzindohoué mais ça ne fait que commencer…

Après le procureur général près la Cour d’Appel de Cotonou, Georges Constant Amoussou dans la journée du mardi 6 juillet, c’est le truculent Armand Zinzindohoué qui est passé à la trappe ce mercredi 7 juillet, dans le cadre de l’affaire ICC Services, du nom de la structure de placement illégal d’argent. Exit donc l’inénarrable ministre de l’Intérieur dont l’ubuesque le disputait à l’excentrique.

Sur ce fait, on peut saluer le courage politique de Boni Yayi, mais aussi son réalisme, pour avoir osé se séparer d’un de ses plus zélés pontifes. Réalisme politique parce que continuer à garder Armand Zinzindohoué auprès de lui dans ces conditions, c’est laisser penser qu’il le couvre malgré ce que l’on sait. Ceci dit, je pense ici déjà que Boni Yayi doit aller plus loin encore. Plus loin en saisissant l’Assemblée nationale aux fins de la mise en branle de la procédure devant la Haute Cour de Justice, à l’encontre du désormais ex ministre. Ce serait, me semble-t-il, un gage de la volonté évidente de crever absolument l’abcès. Faute pour lui de le faire, l’Assemblée nationale devrait, elle, assumer. Car, il faut bien qu’on se le dise, cela ne fait que commencer.

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Oui, ceux qui croyaient en la sincérité d’Armand Zinzindohoué quand il dégaina l’épée du justicier, menaçant les opérateurs du secteur et promettant aux victimes, au nom de Boni Yayi que la dernière d’entre elles rentrerait dans ses fonds, ont dû être gros Jean comme devant en apprenant qu’il avait des accointances voire des rapports incestueux avec des responsables d’ICC Services notamment. Et ce serait réducteur de résumer son implication à la signature de documents et à l’attribution de garde-corps au sieur Emile Tégbénou. On peut ensuite se demander comment il a pu avoir le culot, tout en se sachant mêlé d’une manière ou d’une autre à l’affaire, nous prendre pour des demeurés en jouant les super flics. Un zèle qui n’aura d’égal que le degré de corruption de certains officiels dans cette affaire. J’ai dit que ça ne fait que commencer. On apprendra comment certains de nos dirigeants percevaient des millions de francs CFA par semaine auprès de certains acteurs de l’affaire. On découvrira qu’ils sont trempés dans la fange de la corruption des orteils jusqu’au sinciput. Et, manifestement, les bondieuseries des fonctionnaires de Dieu n’y ont rien fait. Damnées, leurs âmes ? A condition que nous tenions fermes pour que la vérité, la vraie, éclate, totale.

Déjà, Armand Zinzindohoué et les autres, puisqu’il est désormais bien établi qu’il avait des liens avec au moins un des acteurs les plus puissants de l’affaire, nous expliquent par quelle alchimie la photo officielle du chef de l’Etat a pu se retrouver dans les bureaux d’ICC Services pendant tout ce temps. N’ont-ils jamais été informés ? Si oui, au regard de la tournure que prend l’affaire, cela serait une faute grave de la part de tous ceux qui sont censés s’occuper de ce genre de dossier. Avec le cas Zinzindohoué, on voit bien que ceux qui s’acharnent, ceux qui crient le plus, qui clament, au détour de chaque rencontre officielle et de chaque phrase, leur innocence et leur ignorance de l’affaire, ne sont pas forcément propres, ne sont pas forcément sincères. Cette attitude cacherait même maladroitement une manœuvre visant à se préserver de soupçons, pour paraître crédibles aux yeux de l’opinion. Ça ne fait que commencer et ça va se savoir. Et quand l’étendue du drame sera dessinée, que tous ses acteurs, auteurs et complices à divers niveaux seront connus, il n’y aura plus de dérobade qui sauve. Il faudra se résoudre à subir l’effet boomerang du sulfureux dossier dont ils se sont gavés goulument, donnant raison au passage à ceux qui affirment que sous le Changement, l’on mange à la louche.

En attendant, nous voilà sevrés de la « Haute Autorité », de « Mè é do linfin ô wè kpachè nou wô », de « Vous êtes dans le cœur du Dr Yayi Boni », « Mi do ayi ton mè gban gban gban gban gban gban… », autant que des hochements vigoureux et spectaculaires de la tête et j’en oublie des meilleurs. Nous voilà sevrés de tout cela. En attendant mieux. Car ça ne fait que commencer…

Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI (Source : http:/commentvalebenin.over-blog.com) 

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