(Bientôt une commission d’enquête pour faire la lumière sur le dossier)
Les députés ont examiné hier en plénière la question d’actualité posée par le député Kakpo Kifouli et 20 autres collègues, relative à l’installation anarchique et illégale des sociétés dites de « placement d’argent » et des dispositions que compte faire prendre le gouvernement pour sauvegarder les épargnes des pauvres populations dans ces sociétés.
Pour répondre aux questions des députés, le ministre des finances Idriss Daouda et son homologue de la justice Grégoire Akofodji se sont présentés hier à la barre à l’hémicycle. Les auteurs de cette question d’actualité ont évoqué qu’au début de 2006, il s’observe dans le paysage financier béninois un foisonnement de sociétés de placement d’argent et ces dernières pour la plupart, octroient des taux d’intérêts allant de 40% à 250% sur les dépôts de leurs guichets. Face à cette situation, les députés signataires de cette question demandent au gouvernement dans quel contexte lesdites sociétés ont-elles commencé à fonctionner, sous quel statut juridique sont-elles enregistrées, comment rémunèrent-elles les dépôts pour offrir des avantages aussi faramineux, quelle est la contribution à l’épargne nationale, quels types d’activités financent ces sociétés au Bénin, quel est l’impact des opérations de ces sociétés sur les activités des institutions régulièrement installées, quelles sont les dispositions prises par le gouvernement pour sauvegarder les épargnes des pauvres populations, quel regard le gouvernement porte sur les activités de ces structures et quelle est la liste exhaustive de ces sociétés de placement financier exerçant dans notre pays avec les différents taux d’intérêts ? Le gouvernement à travers le ministre des finances a apporté des éléments de réponses aux préoccupations des députés sans pour autant les satisfaire.
L’implication du chef de l’Etat confirmée par les députés
De nombreuses révélations ont été faites hier par les députés aussi bien de l’opposition que de la mouvance sur ce dossier. Au cours des débats, le chef de l’Etat, son gouvernement et son entourage n’ont pas été épargnés dans les propos des députés, qui rendent responsable le premier magistrat du pays dans cette affaire. Pour l’auteur de la question Kakpo Kifouli, il était convaincu des accointances de ces gens là avec le chef de l’Etat. Pour lui, on assiste aujourd’hui à une catastrophe financière qui risque de tourner autrement dans les jours à venir. Pour finir, le député Prd dit qu’on sait comment cette affaire s’est terminée en Albanie avec des morts. Quant au député Timothée Gbèdiga, après l’autorisation du ministère de l’intérieur, le gouvernement devrait suivre de près les activités de ces structures. Pour ne pas avoir fait ça, le député dira que le gouvernement a failli. Selon lui, mêmes les proches du chef de l’Etat sont actionnaires dans Icc Services. En parlant de l’arrestation du ministre Armand Zinzindohoué et du procureur général, le député Prd dira que c’est une violation des textes de la République. Le député Raphael Akotègnon dira pour sa part que les réponses du gouvernement constituent une injure pour le peuple. « Le chef de l’Etat, son entourage immédiat sont impliqués dans ce scandale » a-t-il affirmé. Selon ses propos, pour les sorties officielles du chef de l’Etat ou de la première dame, on voit les responsables de Icc Services à leur côté. Pour finir, il dira qu’à l’Union fait la Nation, quatre de ses collègues ont travaillé sur ce dossier et leur rapport déjà déposé. C’est sur cette base l coalition prendra bientôt position. Il sera appuyé dans ses propos par le député Augustin Ahouanvoébla qui dira que l’UN prend toutes ses dispositions pour réunir toutes les preuves. Il poursuit en disant que bientôt le gouvernement va introduire un collectif budgétaire pour les tromper. « Nous les attendons de pieds fermes car ce sont des loups vêtus de peaux d’agneaux et qui se prennent pour des pasteurs » a-t-il martelé. D’autres députés tels que Edgard Alia, Sam Adambi, N’Da Antoine, Edayé Jean-Baptiste, Epiphane Quenum, Georges Bada et consorts ont abondé dans le même sens pour établir l’implication directe du chef de l’Etat et son entourage. Ils disent aussi que le gouvernement n’a qu’à prendre ses responsabilités pour payer les sous des pauvres épargnants.
Il faut signaler toutefois que la plupart des députés de l’opposition qui sont intervenus ont souhaité qu’une commission d’enquête parlementaire soit mise sur pied pour faire la lumière sur cette affaire qui s’aggrave. Ils ont dénoncé les manigances du régime qui aurait mis sur pied une autre commission judiciaire toujours pour la même affaire Icc Services autre que les deux comités installés, celui de crise et de suivi. Au terme des déballages, le président de l’Assemblée nationale Mathurin Coffi Nago a clôturé la session ordinaire conformément aux dispositions du règlement intérieur de l’institution parlementaire.
Ismail Kèko
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