La Refondation avec ou sans Yayi ?

« Jeunes du Bénin, accourons donc comme nous le suggère notre hymne national, bâtisseurs du présent pour poser, enfin, les jalons sûrs de la refondation du Bénin, les bases de sa renaissance ».

Voilà l’exhortation que je lançais à la jeunesse béninoise dans ma chronique de la semaine dernière intitulée : « Nous les jeunes du Bénin d’aujourd’hui, remplissons notre mission ! Et, il faut dire que ce n’était pas la première fois que je parle de refondation du Bénin, de sa renaissance. Vous comprendrez donc mon agréable surprise lorsqu’au lendemain de cette dernière exhortation, j’entends le chef de l’Etat annoncer son projet de refondation du Bénin. A la bonne heure car il n’était que temps ! Je ne prétends pas pour autant qu’il a été inspiré par la chronique. Mais pour moi et pour tous les autres Béninois déjà convertis à l’idée de la Refondation, il n’y a vraiment pas de quoi nous prêcher. Rien de nouveau donc sous le soleil à notre niveau. Ce qui rend perplexe cependant, c’est la façon dont l’annonce a été faite, sans solennité aucune et au cours de l’une des randonnées devenues désormais triviales du chef de l’Etat à l’intérieur du pays. Mais la forme, en l’espèce, importe certainement très peu.

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Car, si elle comptait vraiment, on constaterait que le chef de l’Etat a lancé l’idée comme on ferait d’un ballon d’essai. Mais ce n’était pas le cas, apparemment, puisqu’il est revenu sur le sujet, promettant de préciser les contours de sa pensée. On attend que cela se fasse officiellement pour appréhender la portée de la déclaration yayienne. Mais, au moment où le gouvernement est empêtré dans les scandales (CEN-SAD, machines agricoles, placement d’argent et bien d’autres), qu’il croule sous leur poids, qu’il ne sait plus où donner de la tête, il faut très sérieusement se demander si Boni Yayi est qualifié, lui, pour nous parler de Refondation aujourd’hui après nous avoir continuellement et continument posé de gros lapins depuis quatre ans, sur les grands rendez-vous. Car, il faut le dire, je crois que sa seule élection était promesse de refondation. Que sa promesse de changement était annonciatrice de refondation. Je crois par ailleurs que son premier gouvernement et la charte de fonctionnement qui l’accompagnait, étaient promesses de refondation. Mais je crois aussi, et vous aussi certainement, que plus de quatre ans après, il y a loin de la coupe aux lèvres. En clair, les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs et, le moins qu’on puisse dire, c’est que Boni Yayi n’aura pas été à la hauteur de nos espérances.

Voilà pourquoi je pense que oui, nous avons besoin de refondation. Un besoin pressant même. Mais pas avec quelqu’un qui nous aura fait défaut sur l’essentiel depuis quatre ans. Boni Yayi, à mon avis, s’est disqualifié lui-même pour être celui qui conduit cette refondation. Et, s’il espérait que ce vrai-faux scoop nous emballerait comme le « Ça doit changer, ça va changer, ça peut changer » d’il y a quatre ans, il doit revoir ses calculs. Qui ne sait pas désormais que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ? Jean-Baptiste n’était pas le messie mais il en était le précurseur. Je ne vous dirai pas quel sera le rôle de Boni Yayi mais je sais que nous avons besoin de grands hommes. Pas grands par la taille ou les intentions débridées, mais grands par l’esprit et par les actes qu’ils posent. Grands parce qu’ils n’ont pas peur de l’impopularité et qu’ils s’assument et assument. Grands parce qu’ils savent que la Nation est indéfiniment plus grande que les individus. Grands parce qu’ils savent que le pouvoir, c’est service à la communauté. Grands parce qu’ils n’enfoncent pas le peuple dans un goût effréné de la facilité mais lui montrent que c’est l’abnégation au travail qui libère.

J’ai déjà dit dans une autre chronique et je rappelle, en rendant hommage à Thomas Sankara que « Les tragédies des peuples révèlent les grands hommes. Mais ce sont les médiocres qui provoquent les tragédies ». La tragédie est là. Qu’arrivent les grands hommes pour la Refondation nécessaire et urgente ! Ensuite, on ne recherchera pas qui étaient les médiocres. On ne parlera pas d’eux. 

Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI, pour Radio Tokpa, ce jeudi 8 juillet 2010

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