L’affaire Icc-Services ne doit pas prendre le dessus sur les revendications des travailleurs

Le secrétaire général de la Centrale syndicale autonome du Bénin, Dieudonné Lokossou se prononce ici sur l’affaire Icc-Service qui fait des vagues depuis quelques jours. Il annonce pour bientôt  la réaction du monde syndical béninois et  dit espérer surtout que cette crise ne va pas prendre  le dessus sur les revendications des travailleurs  que  le gouvernement a reconnues et s’est engagé à satisfaire.

L’affaire Icc-Services défraye la chronique depuis quelques jours. Quelle lecture vous-en faîtes ?

Ma lecture ne peut pas être différente de  celle du commun des Béninois. C’est une situation à mon avis assez grave qui interpelle  la conscience des uns et des autres. Je suis surtout surpris que cette affaire qui défraye la chronique comme vous le dites intervienne dans  le pays avec l’avènement du régime du changement. Je pense d’ailleurs que le gouvernement  ne doit pas être surpris comme monsieur tout le monde, ils sont parfaitement au courant. Leur communion avec ces messieurs est établie, et à partir de ce moment,  on ne doit pas prendre des mesures qui frisent le dilatoire pour tromper le peuple. Les populations,  les travailleurs innocents ont été  grugés, et il  va falloir que le gouvernement prenne toutes ses responsabilités.

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 La dernière nouvelle dans cette affaire est qu’après leur  limogeage, l’ex ministre de l’intérieur, Armand Zizindohoué et  l’ex procureur de la république  sont  en garde à vue depuis mardi dernier ? Qu’en dites-vous ?

  J’ai foi aux institutions judiciaires et policières de  mon pays dans le traitement de ce grand dossier , mais la question que je me pose est de savoir  si ce  sont les deux  personnalités là seulement qui sont concernées. Pourquoi n’a-t-on pas encore mis aux arrêts les principaux intéressés, ceux qui sont reconnus coupables ou présumés coupables ? On se rappelle que dans une affaire de moindre ampleur, on a pris le maire de Dangbo qu’on a jeté en prison.    Ici, par contre on a affaire à des individus qui ont grugé les populations à hauteur des milliards  mais qui sont hélas placés seulement en résidence surveillée. C’est inadmissible. Pour moi, ces arrestations ressemblent à du folklore.  Ils n’ont qu’à prendre ceux qui sont réellement coupables.

Est- ce  que vous  avez déjà reçu des plaintes au niveau de  vos militants qui seraient allés déposer leur argent à Icc-services ou autres structures similaires. 

C’est regrettable que des milliers d’épargnants aient été victimes de cette vaste escroquerie. Pour ce qui concerne la Csa-Bénin, nous sommes en train de recenser nos militants victimes. Ils sont environ une centaine. Nous  attendons le gouvernement qui comme, je l’ai dit tantôt doit prendre ses responsabilités. Et nous  apprenons déjà  que c’est avec  les deniers publics qu’on va dédommager les gens. Je ne sais pas au nom de quelle logique, le gouvernement peut vouloir faire cela. Je  veux bien  croire qu’il s’agit là de simples rumeurs, car je ne crois  pas que le président Yayi peut oser  rembourser en lieu et place des criminels avec  l’argent de l’Etat.

Depuis que cette affaire  a éclaté, on n’a pas encore entendu la réaction de la société civile, particulièrement les syndicats que vous êtes. Comment  cela s’explique ?

Ne vous en faites pas. C’est une affaire que nous suivons de près, parce que   nous avons  le don d’anticiper sur un  certain nombre de  choses. Vous savez que le gouvernement ne nous dit pas la vérité. Et dès  que   les syndicats prennent position, on les accuse d’êtres manipulés par la classe politique, l’opposition et autres. Mais  je dois vous dire que nous sommes actuellement en train de nous préparer pour mieux apprécier la situation. Je dois aussi rappeler  que tous les secrétaires généraux des centrales et confédérations syndicales étaient absents du pays au moment où l’affaire a éclaté. Vous constaterez dans les jours à venir que nous prendrons une position officielle.

 On cite déjà beaucoup de personnalités impliquées  d’une manière ou d’une autre dans cette affaire. N’y a-t-il pas également des responsables syndicaux qui ont mordu à l’hameçon ?

Je ne saurais vous le dire. Mais comme vous le savez mieux que moi, nous sommes dans une République des affaires où des mafieux  dirigent le pays. Alors moi, je serai à l’aise si un responsable syndicaliste de haut niveau était par hasard cité dans cette affaire. Je crois que nous avons tous besoin d’argent, mais pas d’argent facile. Le phénomène Icc n’est pas d’ailleurs le premier, car des gens se sont déjà  rapprochés de nous par le passé, mais nous n’avons pas cédé à leur chantage de l’époque.

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 Où en êtes vous aujourd’hui avec les revendications syndicales  et les négociations gouvernement-syndicats ?

Nous avons clôturé une rencontre avec le gouvernement au mois de mai et j’espère qu’à la prochaine session, les choses iraient mieux, surtout à  l’approche d’une nouvelle rentrée académique. Et vous savez, entre autres que ,  le gouvernement s’est engagé à régler avant le 1er octobre prochain les problèmes des enseignants du supérieur. Nous espérons que la crise Icc-Services  ne va pas prendre le dessus sur les revendications que  le gouvernement a reconnues et s’est engagé à satisfaire.

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