Le gouvernement instrumentalise la souffrance des épargnants
Les éclaboussures de l’affaire Icc montrent de plus en plus le visage du gouvernement. Pour s’en laver, il a fait recours à son exercice favori : une marche de soutien téléguidée dit-on depuis le palais. Hier, conseillers techniques du président de la république, députés Fcbe, « ayatollah » du pouvoir, jeunes politicards émargeant à la Marina mais aussi jeunes et femmes anonymes payés au comptant ont battu le macadam du stade de l’amitié de Kouhounou au ministère du plan, après un meeting où tous ont clamé l’innocence du Chef de l’Etat.
Pour une séance de sensibilisation prévue pour 9heures, c’est à 12h45 que l’imprésario annonce le début des choses. Evidemment, la grande salle du Palais des Sports du stade de l’amitié qui abritait cette manifestation était devenue trop grande pour les organisateurs. Il fallait courir à droite et gauche pour remplir la salle et prouver que cela a été une réussite. Le beau temps d’hier a facilité les choses. Jusqu’à midi, les femmes venaient toujours par contre goutte. Sur l’esplanade du Palais des sports, on pouvait voir les femmes organisées par petits groupes qui menaient des discussions avec des guides cupides afin d’être fixées sur la motivation du jour. Les préalables réglés, nous voici dans le meeting. C’est Fred Houénou une des dernières recrues du pouvoir qui annonce les couleurs. Au pupitre, il annonce la bonne volonté du président Boni Yayi de redonner espoir au peuple. Il est encensé par Hubert Balley, vice président du Frap. Dans un argumentaire virulent, il montre la bonne foi et l’innocence du président Boni Yayi. Il incrimine l’entourage pourri du président Yayi. « Ils sont passés par des gens qui ont pris de l’argent pour les introduire auprès du Chef de l’Etat ».Très remonté contre l’opposition qu’il qualifie de « groupuscule assoiffé de pouvoir », il affirme que c’est un droit légitime pour les acteurs de la mouvance présidentielle de défendre leur leader Boni Yayi contre l’opposition accusé de vouloir récupérer cette affaire. Un procès d’intention puisque cette opposition n’a encore rien dit officiellement sur cette affaire en dehors de la coalition Abt. Dans un speech plein d’humour, Idrissou Ibrahim rassure les épargnants. « Le Bénin ne va pas tomber », a-t-il déclaré. Il est suivi au pupitre par Eric Adja, le conseiller technique du gouvernement qui expliquent toutes les actions menées actuellement par le gouvernement pour régler cette crise.
Le cortège s’est ébranlé vers le ministère du plan. En tête de la marche, on pouvait observer Eric Adja, Hubert Balley, Florent Kissèzounon, Fred Houénou. Beaucoup de femmes lasses de marcher toutes les fois et peu motivées ont du prendre le taxi et attendre le cortège à l’arrivée. C’est le ministre Pascal Irénée Koupaki qui accueille les marcheurs. Après avoir écouté leur porte parole, il confirme que le président Boni Yayi n’est vraiment impliqué dans ce dossier qui n’est pas politique malgré l’exploitation politique qu’on en fait. « Le gouvernement a organisé une prise en charge du dossier », affirme-t-il. Il finira en demandant aux épargnants d’être sereins et que leurs représentants participeront aux activités du comité de suivi. Mais à la fin, des femmes trainaient toujours les pas. Aux abords du ministère, on a retrouvé certaines femmes qui fustigeaient la sous-traitance de certains de leurs guides. La marche du gouvernement pour soutenir le gouvernement et son chef n’a été donc qu’une parodie où des femmes ont été encore grugées.
Marcel Zoumènou
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