Jeunes de mon pays, jeunes du Bénin, c’est à vous, que dis-je, c’est à nous que je m’adresse aujourd’hui. Depuis 50 ans que notre pays a accédé à la souveraineté internationale, depuis 50 ans qu’on nous dit qu’il est indépendant, et depuis 20 ans qu’il est retourné à la démocratie, c’est le même refrain qu’on nous sert.
On nous promet le bonheur pour demain. Mais notre sort ne s’améliore pas pour autant. Au contraire, il va en se dégradant. Electeurs mobilisables, manipulables et corvéables à merci, nous avons souvent dressé le lit à ceux qui parviennent au pouvoir, nous avons souvent été leurs porteurs d’eau. Dès qu’ils sont installés, ils nous oublient mais prennent rendez-vous avec nous pour la prochaine échéance électorale. Et, curieusement, nous sommes prêts à recommencer, appâtés par les quelques billets de banque qu’on nous jette, ou parfois sincèrement parce que nous croyons en ceux qui réclament nos soutiens.
Aujourd’hui, il n’est pas rare d’entendre dire que les jeunes n’ont plus de repères, que l’avenir est obscur, que nous devons nous battre. Oui, nous battre et c’est à cela que je nous convie maintenant. Mao Tsé Toung dit que « C’est la jeunesse qui détermine la température du monde. Quand les jeunes ont froid, le monde tremble ». Or, nous les jeunes du Bénin avons froid. Nous avons froid de la mauvaise gouvernance de notre pays, nous avons froid de chômage, nous avons froid des manipulations dont nous sommes l’objet. Nous avons froid aussi des fausses promesses. Nous avons froid des querelles politiciennes si souvent éloignées de nos préoccupations. Nous avons froid de l’ethnicisation et de la marchandisation de nos votes alors que nous nous gargarisons de démocratie. Nous avons froid des dirigeants guêtrés dans leurs habits qui exhalent l’odeur de la corruption majuscule. Et nous avons soif d’avenir. Nos espérances d’un Bénin autrement gouverné, d’un Bénin majeur, sont immenses. Et notre devoir est d’évidence. Notre mission est immense.
Camarades jeunes, allons donc au devant de notre mission. Découvrons-là et remplissons-là comme nous y convie Frantz Fanon. Faisons trembler notre pays de notre froid. Donnons-nous la peine de viser haut et grand pour notre pays. De ne plus nous contenter de strapontins qu’on nous jette avec pitié. Imposons-nous. Aujourd’hui, ouvrons les yeux, voyons que notre pays va à la dérive. Notre mission est d’empêcher que le peuple paie un lourd tribut aux facéties de nos responsables. Notre mission est de redonner espoir à ce peuple désabusé et, partant, à nous-mêmes. Notre mission est de nous remettre et de remettre le pays au travail avec abnégation. Notre mission est de rétablir la justice sociale, l’équité. Notre mission est de donner à chacun selon son mérite. Notre mission est d’amener nos compatriotes à recommencer à croire en l’Etat, à le respecter. Car, quand l’Etat ne nous dit plus rien, quand les responsables n’en ont pas le sens, c’est que le chaos est proche.
C’est à nous à empêcher cela, en nous posant en arbitres qui renvoient les acteurs surexcités au vestiaire. En prenant nos responsabilités pour cesser d’être les gros bras des politiciens de tous acabits, mais devenir plutôt les gros bras du Bénin. « Rien n’est difficile pour la jeunesse » postulait Socrate qui nous invite donc à ne pas avoir peur de nous engager. Oui, engageons-nous car il n’est que temps de mettre fin au vieil ordre qui n’aura pas véritablement fait décoller le pays. Cela, Skakespeare nous l’assigne quand il disait que « Jeune sang n’obéit pas à vieux décret ». Jeunes du Bénin, accourons donc comme nous le suggère notre hymne national, bâtisseurs du présent pour poser, enfin, les jalons sûrs de la refondation du Bénin, les bases de sa renaissance. Allons-y camarades ! Allons-y. Ne faisons plus l’économie de nous-mêmes. Offrons-nous au Bénin. Le Bénin à qui nous devons tout. Le Bénin qui nous tend les bras, qui nous invite à agir. Allons-y camarades !
Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI, (Source :http:/commentvalebenin.over-blog.com)
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