Projet de refondation de la république: Yayi proclame l’échec du changement

Agitée pour la première lundi dernier à Adjarra, reconfirmée le lendemain au palais lors de sa rencontre avec les populations de Grand Popo, l’idée de la refondation de la république  basée sur la promotion de nouvelles valeurs  est un vrai canular du président Boni Yayi. Sans trop y faire attention, le Chef de l’Etat proclame lui même l’échec du changement et de son quinquennat.

L’idée  d’une refondation de la république agitée par le président de la république  fait florès dans les milieux politiques  du pays. Alors que l’opinion publique est braquée sur les scandales qui éclaboussent la république, le président annonce- en plein meeting politique de réplique à la dernière sortie de Me Adrien  Houngbédji  à Adjarra le lundi dernier – la refondation de la république.  Une idée inquiétante venue de nulle part. Que veut-il changer encore ? Se demande-t-on un peu partout. L’honorable Eric Houndété de l’Union fait la Nation n’a pas hésité à ironiser le nouveau projet du Chef de l’Etat « il veut refonder quoi ? ». Et les inquiétudes pleuvent de toutes  sur le contenu de cette refondation.  Le président Boni Yayi en apporte quelques détails le lendemain. « Où est la morale ? Où est l’éthique ? Où sont nos références ? Où sont nos repères chers compatriotes, (…)  prenons notre avenir en main ». On peut donc comprendre que la désolation du président Boni Yayi  se situe au niveau de la perte des valeurs dans notre pays. L’agitation de cette idée, bonne en l’espèce, étonne curieusement maints hommes  politiques surtout de l’Union fait la Nation(Un) qui dans leur agenda de travail pour les élections présidentielles de 2011 prépareraient un document intitulé « refondation de la république » .Curieuse coïncidence à ce niveau et on peut se demander s’il n’y a pas un peu de plagiat quelque part. Certes, du contenu donné par chaque camp politique, on peut connaître qui a l’original et qui tient la photocopie. Revenons à l’idée elle-même. Ceux qui ne sont pas amnésiques peuvent se rappeler que lors de son discours d‘investiture le 06 Avril 2006 à Porto- Novo, le Chef de l’Etat a beaucoup mis l’accent sur les valeurs qui doivent fonder sa république : le travail bien fait avec des principes forts comme l’obligation de résultat et de compte rendu, l’amour pour la république, le changement de comportement. Il a parlé de la lutte contre le régionalisme, le népotisme et surtout la corruption. C’était ça le fondement du changement qui était annoncé.  Si quatre ans après, le même Chef de l’Etat revient pour parler de morale et d’éthique. C’est la preuve que le changement a échoué. Et si en quatre ans, il a échoué ce n’est pas en 7 mois qu’il pourra refonder la république et lui permettre de retrouver ses références et ses repères. Parlons même de repères et de références, le président Boni Yayi n’a pas au regard de sa gouvernance de quoi trop s’enorgueillir. C’est en effet sous son règne qu’on a observé les déviances les plus graves et les dérives les inouïes. Ce qui est nouveau d’abord c’est la violation constante de la constitution aggravée par une crise permanente des institutions, la partition du pays et surtout la déliquescence morale. En nommant Modeste Kérékou au gouvernement et en amenant l’honorable Rachidi Gbadamassi dans sa mouvance, Yayi  a réussi l’exploit de faire de ses pires ennemis des alliés politiques d’aujourd’hui. Mais il a sacrifié la conviction et effacé de la tête de beaucoup l’éthique politique.

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Etait-il soucieux de la morale en ce moment ? Pas si sûr. Urbain Amègbédji de la société civile, observateur  de la vie politique,  a déclaré à ce propos que « le Chef de l’Etat n’a ni les moyens, ni la crédibilité nécessaire pour réussir un tel chantier parce qu’il est empêtré dans de nombreux dossiers de scandales économiques ». On comprend que l’idée de refondation n’est appréciée ni de l’opposition, ni de la société eu égard à l’ampleur prise par la crise politique actuelle et à la crédibilité actuelle de son auteur sur l’échiquier politique national. C’est donc un canular pour couvrir l’échec patent de son changement .

Marcel Zoumènou

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