Toutes les saisons ont une fin !

Tout finit par finir. Même les baobabs », enseigne la sagesse. L’échéance finit toujours par arriver. Trop vite ?  Vite ? C’est relatif. Ce qui est sûr, l’on finit toujours par se rendre à l’évidence de n’être qu’un élément parmi d’innombrables dans l’univers, devant lequel l’on est essentiellement précaire et révocable.

Et si au moins l’on se faisait à cette sagesse, l’on se comporterait avec beaucoup d’à propos. Or, beaucoup ont la faiblesse de croire, quand ils se retrouvent en position de force, qu’ils y resteront éternellement. Ils se permettent alors tout. Ils veulent être adulés, adorés, craints. Exactement comme s’ils avaient droit de vie et de mort sur leurs contemporains. En un mot, ils ont une très haute idée d’eux-mêmes. A. Esquiros dans l’Esprit des Anglais, proverbes et maximes (1838) disait bien à propos que « Si un homme a une grande idée de lui-même, on peut être sûr que c’est la seule grande idée qu’il ait jamais eue dans sa vie ». On peut alors comprendre pourquoi les hommes de cet acabit jouissent de se faire encenser. Le culte de la personnalité flatte leur égo. Ils se sentent ainsi dans la peau de chef. Jésus disait en substance que celui qui veut être le plus grand doit se faire le plus petit.
 
Ici, cette conception de la vie relève sans doute d’une anomalie si ce n’est une bêtise. On s’entoure de laudateurs, de piètres griots qui forgent des panégyriques indigestes pour plaire au chef et cacher leurs limites. Ainsi, au détour de chaque phrase, ils doivent évoquer le nom du chef, ils doivent vanter ses « qualités exceptionnelles », son « excellence », ils doivent inventer au besoin des qualités à son actif. Autant d’aberrations qui, malheureusement, montent souvent la tête au chef lui-même. Il se trouve finalement beau, très beau, le plus beau de tous. Il se voit dans la peau de chef. Dans le même temps, il s’éloigne de l’essentiel. Et, quand il se retrouve dans le décor, si même il lui reste un peu de lumière pour reconnaître qu’il est sorti de route, il fonce. Oui, son « excellence » ne peut se tromper. Il fonce tête baissée jusqu’à ne plus pouvoir faire un pas. Il s’engonce alors dans le mur au risque de mourir d’étouffement. Cela lui paraît meilleur que de mourir de honte, d’avoir à reconnaître ses failles. Dans tous les cas, un jour vient toujours où ils sont rattrapés par leurs actes, le chef comme ses thuriféraires. Un jour vient où il devient impossible de se dérober. Un jour vient, enfin, où il faut faire face à la réalité, assumer, reconnaître que tout n’était que vanité.
 
En ces moments-là, ils n’ont généralement plus le choix. Leur puissance a perdu de sa superbe. Ils sont à la merci d’autres. Ce n’est plus eux qui décident. Il en va ainsi parce que toutes les saisons ont une fin. Oui, tel monarque qui se croyait tout permis, se retrouve subitement dans ses petits souliers, le derrière complètement dénudé. Il est minable. Il force la pitié de ceux qui le tiennent.

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Eux ont compris depuis longtemps déjà, qu’il ne faut pas s’y laisser prendre par deux fois. Aux supplications du monarque, ils répondent invariablement que toutes les saisons ont une saison. Il aurait dû le savoir dès le départ, se comporter de façon à mériter la fin de son choix. Pour avoir ignoré cela, pour s’être délibérément mis sur un piédestal qui les coupe des réalités, ils tombent toujours de haut. Ayant passé le temps à se contenter des avis des dignitaires de leurs cours, ils n’ont jamais su écouter leur peuple. Et surtout pas quand ça gronde fort de dedans. Alors survient la rupture, l’accident. Il est trop tard parce que toutes les saisons ont une fin. Ils feront peut-être amende honorable dans une autre incarnation…

Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI (Source :http:/commentvalebenin.over-blog.om)

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