Des produits et médicaments multiples pour bien faire l’amour ? Des vendeuses en proposent désormais dans presque toutes les rues de Cotonou, exhibant des emballages qui offrent des images pornographiques d’une rare obscénité.
«Bonjour monsieur. Regardez ça !! C’est bon hein ! » A peine 14 ans, maigre corps, la petite Awa aborde ainsi un homme qui vient de garer sa moto devant son étalage. Elle lui montre une boite portant des noms de produits écrits en anglais, made in Nigeria, certainement. L’homme étonné, pousse sa curiosité et lui demande de quoi il est exactement question. « L’image sur la boite dit tout » répond Awa, qui s’éclate de rire. L’image en question se résume à un homme noir, très costaud, tout nu, à genoux derrière la trompe d’une belle jeune femme blanche, également nue. Cette dernière offre ses fesses à son très volumineux pénis dans une ambiance délirante. C’est ce que propose la petite Awa à cet homme qui a l’âge de son père. « Ça ne m’intéresse pas » rétorque-t-il d’un air courroucé, avant de poursuivre son chemin. Awa l’a déjà oublié et se dirige vers un autre client qui apparaît. Il est très moins âgé que le premier. 23 à 25 ans sans doute. « Jeune fille, l’autre produit a bien marché. Tu en as encore » demande-t-il, l’air pressé à la petite vendeuse. Elle répond agréablement : « J’en ai en quantité et je peux t’en trouver de plus efficace ». Elle fouille aussitôt dans un sac en jute et en ressort 4 types qu’elle tend au nouveau client. « Ça, pour bien baiser sans se fatiguer, ça pour ne pas vite éjaculer, ça pour ne pas enceinter la fille et ça pour la ramener régulièrement au lit » vante-t-elle. Cette scène se passait, il y a peu à l’entrée de stade de l’amitié de Kouhounou.
Awa n’est pas la seule vendeuse des produits de ce genre sur les lieux. Elles sont près de 6 qui accourent vers les clients. Certaines sont plus âgées que Awa. Mais toutes ont le même souci : gagner leur petit pain. Peu importe ce qui est vendu. Et c’est justement là où des questions se posent. Car en étalant en pleine rue et en face du monde des produits dits très stimulants pour les rapports sexuels, accompagnés des images pornographiques si crues, ces vendeuses ignorent sans doute le caractère dépravant de leur commerce. S’il est vrai que des films pornographiques piratés sur des supports Cd ou Dvd se proposent désormais à tous les coins de rue par des vendeurs ambulants, ces produits de même catégorie semblent de trop..
Le sexe est sacré et mérite respect. Les us et coutumes du Bénin n’autorisent guère qu’on la banalise à tel point. L’autre versant du mal est l’effet excitant que ces emballages pornographiques font sur les jeunes. Tout laisse croire désormais qu’ils ont le sexe à leur portée et peuvent en jouir comme bon leur semble. Non sans les nombreuses conséquences sanitaires et autres impacts négatifs sur leur vie. Du reste, ce type de commerce qui prolifère dans les rues de Cotonou et ailleurs montre le peu de soucis que les autorités à divers niveaux y accordent à ce jour.
Christian Tchanou