Zinzindohoué débarqué, Yayi aura-t-il le courage de démissionner lui-même ?

Coup de tonnerre hier au gouvernement ! Le très serviable et dévoué ministre de l’intérieur et de la sécurité publique Armand Zinzindohoué a été limogé. Son accointance avec certains des responsables de Icc Services en constitue la raison fondamentale. Quel crédit reste-t-il finalement à Yayi ?

Le président Boni Yayi s’est séparé hier de son ministre de l’intérieur et de la sécurité publique (et des cultes) Armand Zinzindohoué. De sources proches du palais de la République, le très dévoué ministre est impliqué dans le scandale financier de Icc Services.  En effet, les enquêtes menées dans le cadre de cette affaire ont conduit au ministre. Il apparaît qu’il a attribué des gardes-du-corps aux responsables d’Icc-Services ainsi qu’il a délivré un permis de port d’arme au nommé Emile Tégbénou. Officiellement, ce sont les raisons qui sont avancées pour le moment. Cependant, nos investigations sont allées plus loin et révèlent d’autres raisons plus scandaleuses. Pour le moment, c’est Candide Azannaï, ministre de l’industrie qui assure son intérim.

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Les vraies raisons du limogeage

De sources proches de la présidence de la République, une fois informée de ce que son ministre de l’intérieur est cité dans l’affaire, Boni Yayi a fait convoquer ce dernier pour une confrontation avec son dénonciateur. C’est ainsi qu’en présence de Boni Yayi, Emile Tégbénou, responsable de l’antenne de Icc Services de Porto-Novo a confondu Armand Zinzindohoué.   Au-delà des motifs sus cités, on apprend qu’au cours de cette rencontre,  l’ancien ministre des travaux publics et des transports recevrait chaque vendredi la somme de 20 millions F Cfa. Des proches à lui avancent que cette somme ne constitue pas un pot-de-vin mais plutôt les ristournes de ses actions. En effet, ces derniers expliquent que le ministre Zinbzindohoué est actionnaire dans Icc-Services.  Un acte dont la gravité dépasse l’entendement humain. Pire, on apprend qu’au moment même où l’affaire a éclaté, Armand Zinzindohoué a presque donné refuge à son ami Emile Tégbénou. Alors que le ministre tentait de nier les faits, son vis-à-vis a brandi certains documents qui portent sa signature. Il ne pourra plus relever la tête ni placer un seul mot.

La liste pourrait s’allonger

D’après nos sources, les ramifications de cette affaire n’ont pas finies d’être découvertes. Surtout au niveau du gouvernement. Déjà, le nom d’une ministre circule. Ses amitiés avec des promoteurs de structures de placements pourraient être utilisées contre elle. D’un autre côté, des gens plus proches du président que ses collaborateurs immédiats sont aussi pointés du doigt. Des responsables de Icc Services auraient financé certaines activités qu’ils ont organisées ou parrainées. C’est donc logiquement que les gens attendent de voir d’autres noms s’ajouter à ceux de Georgs Constant Amousou, procureur général et Armand Zinzindohoué, tous deux emportés par l’affaire Icc. 

Yayi aura-t-il le courage de démissionner lui-même ?

L’affaire Icc Services constitue un énième scandale qui entache le mandat du président Boni Yayi. Coton, Cen-sad, machines agricoles,  hôtel Croix du Sud, matériels et équipements médicaux, fonds de l’escorte, avion présidentiel, Gsm, Padme, privatisations de sociétés nationales, les élections communales, microfinance etc. Si certaines de ces affaires ont agité et continuent d’agiter l’actualité, d’autres par contre ont été très vite étouffées. Dans la plupart des cas, le président n’est pas au courant. Cependant, on constate que dans la quasi-totalité de ces affaires, des proches collaborateurs du chef de l’Etat sont impliquées. Dès lors, on est fondé à se demander si c’est le président qui s’entoure mal ou si c’est qu’il se laisse duper. Toujours est-il que dans chacun des cas, il y a un véritable problème que Boni Yayi doit régler à son niveau. Dans l’affaire Cen-sad, le président est monté au créneau pour endosser la responsabilité tout en plaidant non coupable. Un  paradoxe que les Béninois s’échinent encore à comprendre. Bien de langues s’étaient déliées pour fustiger la chose et dénoncer surtout la sanction des lampistes. Aujourd’hui, l’affaire ICC constitue un gros scandale au cœur duquel se trouve l’Etat. Car, non seulement la preuve est désormais établie par l’implication de ses ministres, mais lui-même a donné une caution morale à cette escroquerie en recevant les responsables de Icc Services. Mieux, sa grande « intimité » avec le ministre Zinzindohoué est connue de tous les Béninois.

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C’est donc avec beaucoup de réserves qu’on peut croire qu’il n’a aucun lien avec une pareille affaire. Les sanctions tomberont-elles uniquement sur les autres ? Quand on sait qu’il a une responsabilité en ce que c’est lui qui nomme ces bandits en col blancs à des postes républicaines pour qu’ils commettent leurs forfaits, on se demande s’il n’est pas temps que le président après avoir fait le nettoyage démissionne lui-même ? Ceci contribuera à le faire entrer par la grande porte dans l’histoire et redorer son nom associé à tant de scandales. C’est le seul crédit qui reste au président Boni Yayi.

Benoît Mètonou

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