A l’Assemblée nationale, la guerre fait rage autour des lois électorales. Mouvance et opposition jouent de stratégies, de dilatoire, et d’arguments. Les lois électorales, comme toujours, constituent un des enjeux majeurs des échéances électorales prévues pour 2011.
Mais pas au point de faire oublier que l’actualité, c’est toujours l’affaire dite de placement illégal d’argent, qu’on ramène volontiers à ICC Services, du nom de cette structure dont il est désormais établi qu’elle avait des accointances mafieuses et incestueuses avec le pouvoir en place. A telle enseigne que des députés de l’opposition, auxquels s’ajoutent certaines têtes brûlées de la mouvance, envisagent, chose inédite dans les annales politiques du pays depuis 1990, d’attraire le chef de l’Etat devant la Haute Cour de Justice. Une perspective qui agite le pouvoir, le rend frileux et fébrile au point de brouiller la fréquence de Radio France Internationale alors que la question allait y être débattue. Et qui le fait déverser une grande partie du gouvernement dans les communes en attendant les rues peut-être. Une perspective aussi dans l’attente de laquelle le chef de l’Etat défère des dossiers de ministres, anciens ou ayant servi sous lui, devant l’Assemblée nationale aux fins de la mise en branle de la procédure de Haute Cour de Justice. Le tout, dans un impressionnant mélange de genre.
Des ingrédients auxquels il faut ajouter la crise politique majeure qui traîne en longueur dans le pays et qui menace sérieusement de se muer en conflit ouvert. Toutes choses qui laissent aisément déduire que le magma politique est en ébullition en attendant peut-être de se mettre en éruption. J’ai dit ébullition et j’en veux pour preuve les frayeurs que procurent au pouvoir les sorties de l’opposition au point que certaines d’entre elles sont carrément interdites via des préfets justifiant plus que jamais leur rôle de commis de l’Etat. Ou que les chaînes de télévisions privées censées faire de bonnes affaires en les relayant sont menacées. J’ai dit ébullition et je pense aux misères faites à cet autre leader donné candidat et dont les déplacements à l’intérieur du pays suscitent une telle transe dans les rangs du pouvoir en place qu’il faut se demander si, désormais, ce pouvoir croit encore en ses propres chances. En effet, aucune sérénité n’est plus de mise. L’on rue dans les brancards de façon grégaire. L’amateurisme se manifeste dans son état pur. Le régime, pour se donner l’illusion de tenir, s’en remet littéralement à des mômes politiques qui tiennent en respect des ministres, débitant pour eux et sous leurs yeux des leçons qu’ils ont mal apprises, des imprécations. Le monde à l’envers n’est-ce pas ? Plutôt que nous sommes tombés sur le crâne…
Ainsi, après les marches dont le rythme a désormais baissé, peut-être parce que la source de financement a quelque peu tari, voici désormais les conférences de presse intempestives. Et l’on plaint carrément le régime dit du changement qui, pour les promesses de vertus qu’il avait faites, se retrouve à composer avec des partenaires qui n’auraient jamais dû, s’il avait tenu promesse, oser même penser à s’approcher de lui. Un drame qui traduit, cependant, l’état d’esprit actuel du pouvoir en place. Qui se sait dans une très mauvaise passe. Et qui, de ce fait, pourrait être capable du pire ou de le provoquer. Le pire ne peut-il pas survenir lorsque l’on veut semer le trouble là où s’assemblent des adversaires politiques ? Le pire ne se pressent-il pas lorsque ces adversaires avertissent qu’ils ne sont pas des manchots et qu’ils ne seront pas toujours ceux qui feront des sacrifices pour la paix ? Le pire ne menace-t-il pas de nous éclabousser lorsque les uns s’acharnent à réaliser une liste électorale que désapprouvent les autres alors que des griefs sérieux sont soulevés ? Le pire, ce sont mille autres questions qu’il serait fastidieux de soulever ici. Mais qui nous montrent bien qu’il y a un volcan en état de latence.
Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI (Source : http:/commentvalebenin.over-blog.com)
